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FENCES

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Drame/Un beau duo d'acteurs pour une histoire intimiste touchante

Réalisé par Denzel Washington
Avec Denzel Washington, Viola Davis, Stephen Henderson, Russell Hornsby, Mykelti Williamson, Saniyya Sidney, Jovan Adepo...

Long-métrage Américain
Durée: 02h19mn
Année de production: 2016
Distributeur: Paramount Pictures France 

Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2016
Date de sortie sur nos écrans : 22 février 2017


Résumé : L'histoire bouleversante d’une famille où chacun lutte pour exister et être fidèle à ses rêves, dans une Amérique en pleine évolution. Troy Maxson aspirait à devenir sportif professionnel, mais il a dû renoncer et se résigner à devenir employé municipal pour faire vivre sa femme et son fils. Son rêve déchu continue à le ronger de l’intérieur et l’équilibre fragile de sa famille va être mis en péril par un choix lourd de conséquences…

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait - Les temps ont changé (VOSTFR)



Extrait - "Face à face" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : FENCES s'inspire de la pièce de théâtre éponyme d'August Wilson et Denzel Washington, le réalisateur, l'adapte ici en lui conservant son âme théâtrale. Peu de changement de décor et des échanges fleuves entre les protagonistes sont au programme. L'ambiance et l'esprit de l'époque sont très bien retranscrits. Le spectateur comprend de suite les frustrations construites au cours de la vie du personnage principal, Troy Maxson. On sent que sa personnalité va se révéler plus complexe qu'il n'y paraît au départ. 

Bien que FENCES se positionne dans une époque de lutte raciale et de changement sociétal, les thèmes abordés sont universels et touchent tout le monde. Depuis l'angoisse des parents pour l'avenir de leurs enfants, en passant par les mauvaises décisions prises par la force de nos faiblesses, jusqu'à l'amour et l'importance de la famille, tout ici parle au cœur des spectateurs. Les défauts de Troy Maxson, interprété par Denzel Washington, sont à l'origine de bien des peines et d'actes manqués. L'acteur lui offre aisément cette présence plus grande que nature. Il est aussi très convaincant pour exprimer les contradictions de ce protagoniste. 


Face à lui, Viola Davis interprète sa femme, Rose. Il s'agit là aussi d'un rôle de composition qui est fortement lié à l'époque du film. Viola Davis est touchante et son jeu est très fin. Elle complète parfaitement le jeu de Denzel Washington à l'écran. Elle a d'ailleurs remporté l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour cette interprétation.


De ce fait, leur couple et les problèmes qu'il rencontre prennent une dimension humaine crédible. 



Bien que des longueurs s'installent par moments, ce long-métrage a un style assumé et clair qui nous guide au travers des difficultés que rencontre la famille Maxson. Les personnages secondaires permettent aux spectateurs de connaître les réactions de Rose et Troy au-delà de leur relation de couple. Il y a d'ailleurs des moments très touchants entre Troy et son frère Gabriel, interprété par Mykelti Williamson.

FENCES est un drame intimiste qui permet à deux superbes acteurs de nous offrir un portrait de famille entre ombre et lumière, à la fois touchant et sans concessions sur la nature humaine.

NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

INTRODUCTION par Samuel G. Freedman

À la fin du mois d’octobre 1941, des tailleurs de pierre achevaient leur travail dans une région enclavée du Dakota du Sud. Au bout de 14 ans de dur labeur, d’efforts et de prise de risque, ils avaient fini d’immortaliser les visages de quatre présidents américains dans le granite du Mont Rushmore.

Ces bustes imposants de Washington, Jefferson, Lincoln et Theodore Roosevelt visaient tout simplement à camper un panthéon de divinités dédié à la religion civile de la démocratie américaine. Et pour une nation qui sortait à peine des affres de la Grande Dépression et qui allait bientôt mener une guerre totale contre le fascisme, le monument servait de rappel tangible à plusieurs grands principes : la détermination, l’héritage et l’« exceptionnalisme américain », autrement dit le sentiment d’occuper une place à part parmi les nations.

Pendant les dix dernières années de la réalisation du Mémorial du Mont Rushmore, le théâtre américain a vu la naissance de son équivalent symbolique. C’est à cette époque qu’Eugene O’Neill, déjà récompensé du prix Nobel de littérature, rédige ses deux chefs d’œuvre, LE MARCHAND DE GLACE EST PASSÉ et LONG VOYAGE VERS LA NUIT. Au même moment, la jeune génération, incarnée par Tennessee Williams et Arthur Miller, prenait Broadway d’assaut avec des pièces qui allaient rester dans les mémoires comme étant leurs plus grands succès : LA MÉNAGERIE DE VERRE, UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR, et MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR.

Au cours des décennies suivantes, O’Neill, Williams et Miller ont peuplé de leurs personnages le Mont Rushmore virtuel du théâtre américain. Ces trois dramaturges ont occupé cette place pendant si longtemps – et bâti une telle tour d’ivoire autour d’eux – que pendant de nombreuses années, on a cru qu’à l’inverse des présidents emblématiques gravés dans la pierre, il ne pourrait y en avoir un quatrième. Et la composition de ce panthéon a implicitement renforcé le message à une nation marquée par le péché originel de l’esclavage_: les plus grandes œuvres artistiques ne pouvaient être conçues que par des Blancs, pour des Blancs et sur des Blancs. Toutes ces certitudes, cette arrogance et ce sentiment de supériorité ont été balayées un soir d’avril 1984 lorsque la pièce d’August Wilson, MA RAINEY’S BLACK BOTTOM, a été jouée pour la première fois au Yale Repertory Theatre. Quand l’auteur s’est éteint, tragiquement, des suites d’un cancer en 2005, à l’âge de 60 ans, après avoir écrit une série de pièces sans précédent sur la condition des Noirs en Amérique, il avait déjà gagné sa place parmi les dieux du théâtre américain. Et à l’échelle mondiale, Wilson ne peut être comparé qu’à une poignée de génies du théâtre comme Shaw, Tchekhov, Ibsen, Beckett, Pinter ou Fugard.

« Héroïque n’est pas un mot qu’on utilise souvent à la légère pour décrire un écrivain ou un dramaturge », a déclaré Tony Kushner, l’auteur de ANGELS IN AMERICA récompensé du Pulitzer, après la disparition de Wilson. « Mais l’énergie et la détermination qui ont accompagné la création de ce corpus d’œuvres relèvent vraiment du récit épique ». Cette épopée est intitulée THE AMERICAN CENTURY CYCLE et consiste en 10 drames retraçant l’histoire des Afro-Américains, chacune des pièces se déroulant au cours de l’une des décennies du XXe siècle. Grâce à cette amplitude temporelle, Wilson explore les conséquences dévastatrices de l’esclavage (GEM OF THE OCEAN, JOE TURNER’S COME AND GONE), les grandes migrations du Sud rural vers le Nord urbain (MA RAINEY’S BLACK BOTTOM, THE PIANO LESSON) jusqu’aux bouleversements économiques liés à la guerre du Vietnam et au mouvement des droits civiques (TWO TRAINS RUNNING, JITNEY), avant de se pencher sur la désintégration des communautés noires pendant l’épidémie de crack (KING HEDLEY II). En homme visionnaire, Wilson a conclu son cycle en décrivant dans RADIO GOLF la naissance d’une bourgeoisie afro-américaine, qu’il voyait comme le signe ultime de l’éradication de l’histoire des Noirs.

Mais aucune pièce n’a eu autant de retentissement et de succès que FENCES, qui a été montée pour la première fois en 1985. Ce drame familial situé dans les années 1950 a été joué 525_fois à Broadway, plus que toute autre oeuvre de son auteur, et a remporté les trois récompenses les plus prestigieuses : le Pulitzer, le Tony Award et le New York Drama Critics’ Circle Award. En 2010, la reprise de la pièce à Broadway avec Denzel Washington et Viola Davis a été récompensée de plusieurs Tony : celui de la meilleure reprise, de la meilleure actrice et du meilleur comédien pour Viola Davis et Washington.

Il était logique que FENCES soit donc la première pièce de Wilson à être adaptée au cinéma : Denzel Washington en signe la réalisation et se met en scène aux côtés de Viola Davis.

L’œuvre d’August Wilson n’a tout simplement pas d’équivalent dans les annales du théâtre américain. O’Neill avait un projet de onze pièces sur l’histoire d’une famille mais il n’a pu en écrire que deux avant d’être terrassé par la maladie de Parkinson. Quant à Williams et Miller, la suite de leur carrière, il faut bien le reconnaître, n’a pas été à la hauteur de leurs premiers succès. Si on doit trouver une analogie artistique à l’épopée de Wilson, c’est sans doute en dehors de la littérature qu’il faut la chercher – par exemple du côté du peintre Jacob Lawrence et de sa série intitulée MIGRATIONS. Véritable œuvre d’histoire lyrique, THE AMERICAN CENTURY CYCLE enchevêtre des existences individuelles et les plonge dans l’histoire commune à tous les Noirs américains : de l’esclavage à la liberté, du partage des terres dans le Sud aux bidonvilles du Nord, de la lutte des classes moyennes au désespoir post-industriel. Pourtant, ces forces à l’œuvre, comme la domination blanche qui les orchestre, bien qu’omniprésentes, agissent la plupart du temps dans l’ombre.

Le plus important pour Wilson, ce sont les vies quotidiennes de ces Noirs qui peuplent les pensions de famille, les studios d’enregistrement, les arrière-cours, les stations routières et les comptoirs des cafétérias de son univers. Tout comme William Faulkner a créé une partie de son œuvre à partir d’une vision idéalisée de Yoknapatawpha County, ce « timbre-poste de mon sol natal » comme il l’appelait, Wilson, lui, a transposé le cadre urbain méconnu du Hill District de Pittsburgh, où il a grandi, en une scène lui permettant d’explorer la condition humaine.

Chemin faisant, il a infligé un choc à l’Amérique blanche et l’a brutalement contrainte à une prise de conscience. Sur scène, les personnages issus de son imagination féconde représentent de façon intangible le peuple noir. Des hommes et des femmes que la nation a entrepris d’écraser par l’esclavage puis la ségrégation, en les dépouillant de leur culture africaine, en les déshumanisant, en en faisant des citoyens de seconde zone même après leur émancipation et, assurément, en les privant de la dignité qu’offre l’art.

Définir August Wilson comme un auteur noir est à la fois pertinent et insuffisant. Produit du nationalisme noir des années 1960, et en particulier du mouvement « Black Art » animé par des figures emblématiques comme Amiri Baraka, Wilson a toujours été un « homme de race » plus qu’un assimilationniste. Les personnages blancs n’apparaissent quasiment pas dans THE AMERICAN CENTURY CYCLE et toutes les pièces, à l’exception de MA RAINEY qui se déroule à Chicago, se situent dans le quartier de The Hill. Par conséquent, il est peut-être juste de qualifier Wilson de « Noir » comme on pourrait qualifier O’Neill d’ « Irlandais catholique » ou Miller de « Juif » et Williams d’ « écrivain du sud » et d’ « homosexuel ».

Wilson s’inspire du blues, qu’il décrivait comme « le livre sacré » des Noirs américains. Il puise aussi son inspiration chez Romare Bearden, dont Wilson explique qu’il « illumine l’existence des Noirs grâce à une humanité, une richesse et une plénitude que je n’avais jamais rencontrées jusque-là ». Wilson a aussi été inspiré par son extraordinaire acuité auditive, sa mémoire du langage oral et par la poésie urbaine des gens qu’il fréquentait dans Hill District où il a passé les 33 premières années de sa vie. Paradoxalement pour le dramaturge, ces voix se sont élevées seulement après son départ de Pittsburgh, en 1978, pour St. Paul dans le Minnesota, région majoritairement blanche.

« C’était comme s’il découvrait ses propres battements de cœur », a déclaré Rob Penny, ami de longue date de Wilson. « C’est difficile de déceler quelque chose d’artistique dans les expériences vécues du quotidien ». Pourtant, quand Wilson a été qualifié d’ « auteur noir », il a aussi riposté. Trop souvent, il percevait dans cette épithète une hypothèse sous-jacente, laissant entendre que son identité noire était secondaire par rapport à son identité d’américain ou d’écrivain. Au contraire, l’œuvre de Wilson témoigne de la vérité artistique suivante : plus on s’attache à un contexte bien particulier, plus on touche à l’universel. Sans faire la moindre concession à la culture blanche dominante des États-Unis – bien plus oppressante encore durant la jeunesse de l’auteur –, l’immense qualité de ses pièces a permis à Wilson de trouver sa place parmi les plus grands dramaturges.

Même s’il explore les spécificités de la communauté noire, Wilson cherchait à dépasser le seul registre d’une œuvre « contestataire », donnant à sa colère une valeur universelle. Comme intellectuel sinon comme artiste, Wilson s’inscrit moins dans la tradition de contestation sociale de Richard Wright que dans celle, ontologique, de Ralph Ellison. Le personnage éponyme de L’HOMME INVISIBLE d’Ellison, tout comme les protagonistes de Wilson, sont confrontés à l’identité noire, non comme une fonction de la pigmentation mais comme condition de l’âme.

L’homme blanc dans les pièces de Wilson peut être trompé, ignoré, intimidé, il reste néanmoins l’entité toute-puissante contre lequel ses personnages vitupèrent. Lorsqu’un musicien dans MA RAINEY entend qu’un attroupement de Blancs a forcé un révérend noir à danser, il se met à hurler au ciel « Mais où donc était Dieu quand tout cela s’est passé ? »

Troy Maxon dans FENCES, Becker dans JITNEY, Herald Loomis dans JOE TURNER  – nombreux sont les nombreux personnages qui, chez Wilson, invectivent ainsi Dieu. De la prophétie d’Ezéchiel dans la vallée des ossements à l’image de l’échelle de Jacob et à la vision de Saint Pierre aux portes du Paradis, Wilson intègre des images religieuses à ses pièces. Néanmoins, il le fait non pas pour entériner sa foi mais plutôt pour se demander si elle le moindre sens pour les Noirs américains dont les prières ont été si souvent méprisées.

Comme le souligne Tony Kushner, de telles confrontations révèlent un talent artistique de tout premier ordre : « Les plus grands drames n’invoquent-ils pas Dieu dans le débat_ ? Les plus grandes pièces ne soulèvent-elles pas des questionnements théologiques qui s’immiscent dans les affaires humaines_? Eugene O’Neill, dramaturge dont Wilson se rapproche le plus, a procédé ainsi. Même un athée comme Brecht a procédé ainsi. Les pièces du cycle de Wilson le font de façon encore plus flagrante ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, Wilson est un dramaturge quasiment autodidacte. Il quitte le lycée à l’âge de 14 ans, après qu’un professeur l’accuse de plagiat lors d’un examen (sa copie est jugée trop bonne pour qu’un adolescent de couleur puisse l’avoir écrite). Ensuite, Wilson se cultive seul en fréquentant les bibliothèques où il prête une attention toute particulière à la section « culture noire ».

Au moment du mouvement du « Black Art », il se met à écrire de la poésie, puis s’essaie à la dramaturgie. Ses premières pièces sont maniérées et ampoulées et, parce que l’auteur traverse sans doute une période de doute artistique, singent le style des Blancs. Le départ de Wilson pour St Paul favorise son inspiration, et une fois installé, il commence à écrire JITNEY. En 1982, il soumet sa nouvelle pièce, MA RAINEY’S BLACK BOTTOM, au National Playwright Institute du O’Neill Theater Center, établissement légendaire pour le développement de nouvelles pièces et la formation des dramaturges. Après la sélection de la pièce par l’Institut, Wilson entame sa collaboration avec Lloyd Richards, metteur en scène qui devient son mentor. Une lecture mise en scène de MA RAINEY est présentée cet été-là : selon les règles du O’Neill, les critiques n’y sont pas conviés, mais des commentaires élogieux ne tardent néanmoins pas à parvenir jusqu’à Broadway. MA RAINEY est ensuite monté à Yale : c’est la première grande mise en scène d’une pièce de Wilson qui, à l’âge de 39 ans, est encore un dramaturge quasiment inconnu. Dans un article du New York Times qui va lancer la carrière de l’auteur, Franck Rich, le critique de théâtre le plus influent du pays, perçoit alors à juste titre que la relève du théâtre américain est finalement assurée.

« Poète tout autant que dramaturge, Wilson écrit avec compassion, un humour ravageur et une profonde sagesse », s’enthousiasme Rich. « Les thèmes de sa pièce ne sont pas nouveaux au théâtre : MA RAINEY’S BLACK BOTTOM parle de la quête d’identité des Noirs américains et aborde aussi la façon dont tous les Américains vendraient leur âme pour ce qu’Arthur Miller a appelé le rêve du commis-voyageur. Toutefois, le style de M. Wilson, lui, est bien particulier. Si la pièce s’inspire un peu du MARCHAND DE GLACE EST PASSÉ, ou encore de la musique de ses personnages dont certains ont vraiment existé, le résultat est étonnamment novateur ». Grâce au personnage central de Ma Rainey [l’une des premières chanteuses de blues à être connue, décédée en 1939, NdT.], Wilson rend aussi son hommage le plus direct à l’importance qu’occupe la musique noire dans son art. « Les gens ne comprennent pas le blues », note Ma Rainey. « Ils entendent son chant mais ils ne comprennent pas comment il a été composé. Ils ne comprennent pas qu’il exprime le langage de la vie. On ne chante pas pour se sentir mieux. On chante parce que c’est une façon de comprendre la vie ». Lorsqu’il gagne en notoriété, Wilson est comparé à Lorraine Hansberry, l’auteur d’UN RAISIN AU SOLEIL (A Raisin in the Sun), en partie parce que cette pièce a également été mise en scène par Richards. Pourtant, l’analogie sous-estime grandement Wilson et l’influence durable d’une œuvre profonde, ample et brillante. Lorsque MA RAINEY est finalement monté au théâtre, il a entretemps fini d’écrire les deux premières versions de JITNEY et FENCES. Par la suite, c’est le succès retentissant de FENCES lors de sa première au théâtre qui l’encourage à écrire THE AMERICAN CENTURY CYCLE.

Wilson a reçu de son vivant deux fois le Pulitzer, pour FENCES puis pour THE PIANO LESSON, ainsi que huit prix de la meilleure pièce du New York Drama Critics’ Circle (seules KING HEDLEY II et GEM OF THE OCEAN n’ont pas été récompensées). Toutes ses pièces à l’exception de GEM OF THE OCEAN et RADIO GOLF ont été montées à de nombreuses reprises à Broadway et off-Broadway et son œuvre occupe une place fondamentale dans le répertoire d’un grand nombre de théâtres associatifs américains et anglais. En effet, le Britain’s National Theatre a monté récemment une mise en scène plébiscitée par la critique de MA RAINEY’S BLACK BOTTOM qui a remporté un Olivier Award, l’équivalent anglais des Tony.

Au fil des années, ces productions ont fait connaître au public plusieurs générations d’acteurs, metteurs en scène et décorateurs afro-américains comme Viola Davis, Charles S. Dutton, Stephen McKinley Henderson, S. Epatha Merkerson, Mary Alice, Carl Gordon, Kenny Leon, Ruben Santiago-Hudson et Brandon Dirden. Des vedettes confirmées comme Denzel Washington, James Earl Jones ou Laurence Fishburne ont campé les rôles principaux de l’œuvre de Wilson : l’exemple du dramaturge pour les jeunes générations de dramaturges noirs américains est si important que Suzan-Lori Parks, l’une des plus renommées, lui a déclaré un jour_: « Vous êtes notre roi ». Retraçant sa carrière lors d’un discours intitulé « The Ground on Which I Stand » [« D’où je viens », NdT], Wilson a cité diverses influences de la littérature théâtrale classique et bien d’autres. Ce discours peut être interprété comme une véritable déclaration d’intention_ : « D’un côté, je me situe dans la lignée des tragédiens grecs, comme Euripide, Eschyle et Sophocle, de William Shakespeare, de Shaw et d’Ibsen, et d’autres dramaturges américains comme Eugene O’Neill, Arthur Miller et Tennessee Williams. De l’autre, je suis la trace de pionniers comme mon grand-père, Nat Turner, Denmark Versey, Marcus Garvey et le grand Elijah Muhammad. Il s’agit là du fondement de l’affirmation de soi – une affirmation qui a toute sa valeur face au rejet profond et parfois pressant imposé par la société. C’est de là que je viens et que, jeune homme entrant dans l’âge adulte et cherchant à quoi consacrer ma vie, j’ai découvert le mouvement du ‘Black Power’ dans les années 1960. J’ai senti que participer à ce moment historique était un devoir et une responsabilité, alors que les descendants de ceux qui étaient arrivés en Amérique enchaînés et mal nourris, au fond des cales des navires portugais, hollandais ou anglais, cherchaient des moyens de changer leur relation à la société dans laquelle ils vivaient. Chose sans doute encore plus importante : ils recherchaient des moyens de modifier leur image en tant que communauté ».

Il est particulièrement judicieux de se pencher aujourd’hui sur l’œuvre de Wilson, au moment où sa propre adaptation de «FENCES» est enfin portée à l’écran : il a en effet rédigé une première mouture du scénario à la _n des années 1980 et a continué de le retoucher jusqu’à sa mort. Avec Denzel Washington aux commandes, le _lm est un hommage posthume à Wilson et à son désir de longue date qu’un Noir américain en signe l’adaptation cinématographique. Même si les pièces de Wilson sont montées sur scène, enseignées dans les écoles, les lycées et les conservatoires d’art dramatique, les adapter pour l’écran non seulement les préserve mais permet d’en produire la version définitive. Pour apprécier la force du cinéma, il suffit de se rappeler à quel point l’adaptation au cinéma d’UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR avec Marlon Brando dans le rôle de Stanley Kowalski demeure dans la mémoire collective comme l’emblème même du talent de Tennessee Williams.

FENCES est généralement considérée comme l’œuvre la plus autobiographique de Wilson. Pourtant, cette pièce prend aussi des libertés avec la réalité dans sa recherche d’une certaine vérité. Wilson est né le 27 avril 1945 et a grandi dans le Hill District à l’époque où ce quartier animé de Pittsburgh, autrefois habité par la classe moyenne, est devenu de plus en plus déshérité. Le père biologique de Wilson, un boulanger nommé Frederick Kittle, était blanc. C’était aussi un père absent et un mari violent et alcoolique. À une époque où le concept actuel d’identité métisse n’existait pas – dans un pays raciste qui imposait le « one-drop rule » pour classer les gens selon leur appartenance ethnique [toute personne avec un ancêtre d’origine africaine, ne serait-ce qu’avec une seule « goutte de sang noir », est considérée comme noire, NdT.], Wilson n’a eu d’autre choix que de vivre comme un Noir. De manière révélatrice, il s’est d’ailleurs choisi un nom qui le confirme : baptisé sous le nom de Frederick Kittle, homonyme d’un Blanc bon à rien, il a adopté son deuxième prénom August et pris pour patronyme celui de sa mère noire. L’homme qui a élevé Wilson est David Bedford, ancienne vedette du football américain anéanti par la ségrégation et la prison et devenu éboueur municipal.

À travers le prisme de l’imagination de Wilson, David Bedford et Daisy Wilson sont devenus Troy Maxson et sa femme Rose. Dans la version fictionnalisée, Troy est une ancienne star du base-ball de la Negro League, pour qui l’intégration de Jackie Robinson dans la Major League est arrivée trop tard [Robinson a été le premier joueur professionnel afro-américain à appartenir à la Major League, NdT.]. Victime de sa colère, il a, tout comme Bedford, commis un crime violent qui l’a envoyé en prison pendant de nombreuses années. Désormais âgé d’une cinquantaine d’années et amer, il a pourtant toujours à ses côtés sa femme aimante et dévouée, Rose, et un fils qui l’admire, Cory. Pendant son enfance, August Wilson a rendu David Bedford fou de rage en quittant l’équipe de football de son lycée. Dans FENCES, Wilson intervertit ces événements : lorsque Cory est recruté par des entraîneurs de l’université, Troy refuse de croire que les temps ont changé et ordonne plus ou moins à son fils d’abandonner le sport. Et quand Cory le défie en refusant de le faire, et que son père le découvre, le confit éclate.

Plus d’un critique a comparé FENCES à MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR en raison de l’affrontement père-fils qui constitue le cœur de la pièce. Même s’il s’agit d’un commentaire élogieux, il n’en est pas moins réducteur. Car quand Troy s’emporte contre Cory, le poussant à s’éloigner de lui, il trompe aussi Rose pour une femme plus jeune. Son meilleur ami Jim Bono prend lui aussi ses distances pour ne pas assister à l’autodestruction de Troy. FENCES n’est pas MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR : plus proche du ROI LEAR, il esquisse le portrait torturé d’un patriarche à la personnalité écrasante, aux émotions excessives, qui détruit ceux qu’il aime le plus.

Même lorsque Wilson pointe son regard acéré sur les faiblesses humaines, son jugement est néanmoins tempéré par sa générosité. Comme Lear, Troy meurt brisé, mais contrairement à lui, il est finalement pardonné, peut-être même absous. Et cette rédemption doit être interprétée d’un point de vue à la fois ethnique et individuel. Elle appartient à l’élan vital que Wilson place au cœur de l’histoire afro-américaine. Comme Wilson l’a confié à John Lahr du New Yorker en 2001, à l’époque où il s’apprêtait à conclure THE AMERICAN CENTURY CYCLE, sur lequel il travaillait depuis près de trente ans : « Quand on regarde dans le dictionnaire le sens du mot « Noir », on trouve la définition suivante ‘Affecté par un état indésirable’. On se dit alors que le [fait d’être] Noir est problématique. Quand des Blancs disent ‘Je ne vois pas de différence de couleur’, ce qu’ils veulent dire, c’est ‘Vous êtes marqué par cet état indésirable mais je vais faire semblant de ne pas le remarquer’. Et moi je dis ‘Non, regardez ma couleur, voyez-là, regardez-moi, je n’ai pas honte de qui je suis et de ce que je suis’».


Samuel G. Freedman a commencé à écrire sur August Wilson pour le New York Times en 1984, pendant la première mondiale de MA RAINEY’S BLACK BOTTOM au Yale Repertory Theatre, pièce inaugurale de THE AMERICAN CENTURY CYCLE à faire l’objet d’une importante mise en scène. En 2007, Freedman a été mandaté par le Theatre Communications Group pour écrire l’introduction du texte de FENCES pour la parution d’un coffret des pièces de THE AMERICAN CENTURY CYCLE. Chroniqueur pour le Times depuis 2004, Freedman est également l’auteur de huit livres et enseigne à l’école de journalisme de l’université de Columbia. Cet essai a été rédigé pour servir de préface à la parution du scénario de FENCES écrit par August Wilson et publié parallèlement à la sortie de l’adaptation cinématographique réalisée par Denzel Washington.

ENTRETIEN avec Denzel Washington

Comment avez-vous découvert la pièce d’August Wilson ?

J’ai vu MA RAINEY’S BLACK BOTTOM [qui fait partie de l’ensemble de dix pièces intitulé le PITTSBURGH CYCLE, NdT] en 1984, l’année où la pièce a été montée, et je me souviens de prestations d’acteurs inoubliables. Mais c’est surtout Charles Dutton, dans le rôle de Levee, qui m’a époustou_é. Je n’avais jamais entendu parler de lui et j’ai alors mené mes recherches et découvert qu’il avait fait de la prison, où il avait commencé à s’intéresser au métier d’acteur, et puis qu’il avait étudié à la Yale Drama School. Quand j’ai vu cette pièce, je ne connaissais pas August Wilson. J’ignorais qu’il allait écrire d’autres pièces extraordinaires, mais quelque part le point de vue qu’il défendait trouvait un écho chez moi. Je me souviens très bien de cette soirée au théâtre où j’ai été stupéfait et ému.

Quel est votre souvenir de la première représentation de FENCES à Broadway ?

Je me sentais surtout proche de Cory, interprété par Courtney Vance, parce que j’avais plus ou moins son âge. Je me rappelle à quel point Mary Alice, dans le rôle de Rose, semblait frêle à côté de James Earl Jones, qui campait Troy. J’avais vu James dans le rôle d’Othello avec Christopher Plummer à Broadway. Et je l’avais aussi vu dans le rôle d’Œdipe Roi à St. John the Divine. En réalité, je m’étais même invité dans les coulisses ! Il ne me connaissait pas, mais j’imagine qu’il a dû se dire que j’étais un jeune comédien et il m’a donc laissé faire. Il y avait du monde qui était venu le voir et j’observais son maquillage et les bagues qu’il portait pour les besoins de la pièce. Je me suis alors mis à les enfiler et quand on sait que James était un type imposant, les bagues ressemblaient davantage à des bracelets. Je me souviens surtout de sa corpulence, de sa voix et de son charisme.

Et sa prestation dans le rôle de Troy ?

Dès que James Earl Jones se produisait au théâtre, je courais le voir. J’ai fait mes débuts sur scène. Je faisais partie de ces jeunes élitistes qui ne fréquentaient que le Lincoln Center Theatre. On n’envisageait pas du tout de faire du cinéma. J’espérais suivre les pas de James Earl Jones, gagner 650 dollars par semaines et jouer OTHELLO. D’ailleurs, les deux premiers rôles que j’ai tenus sont EMPEROR JONES d’Eugene O’Neill et OTHELLO. Mes modèles étaient donc James et Paul Robeson et mon objectif était de suivre leur chemin.

Est-ce que votre père vous faisait penser, d’une manière ou d’une autre, à Troy ?

Mon père n’était pas un type dur, mais plutôt doux. C’était un pasteur, tourné vers la spiritualité. Mais tout comme Troy, ses préoccupations pour son fils étaient d’ordre pragmatique. Je me souviens qu’il me tenait des propos du genre « Trouve-toi un bon métier ». Il travaillait pour le Service des Eaux de New York et il se rendait dans le nord de l’État pour contrôler les bassins de retenue. Il nous ramenait des échantillons d’eau. Il me disait qu’il pouvait me faire entrer au Service des Eaux et que je pouvais grimper les échelons et devenir directeur d’ici trente ans. Ce à quoi ma mère répondait : « Non, il ira à l’université ».

Comment votre père a-t-il réagi en apprenant que vous vouliez devenir comédien ?

Je ne me souviens pas de ce qu’il a dit à mes débuts mais je me rappelle que j’étais allé le voir en Virginie quelque temps après. C’était très gênant parce que, dès qu’on allait au supermarché ou ailleurs, il n’arrêtait pas d’interpeler les gens en leur disant : « Vous savez qui c’est ? » Et personne n’en avait la moindre idée. Mais mon nom est Denzel Washington Jr. et lui, Denzel Washington Sr., se vantait de m’avoir comme fils. Je suis heureux pour lui comme pour moi d’être devenu comédien. En avril 1991, alors que je m’apprêtais à aller voir Spike Lee à New York pour MALCOLM X, je me souviens que mon frère était venu à l’aéroport. Il m’a dit « Viens avec moi et assieds-toi ». Je lui ai répondu : « Je n’ai pas besoin de m’assoir. Qui est mort ? » Il se trouve que mon père était mourant. D’où le lien avec la pièce.

Quelle est la place de Troy dans sa propre famille ?

FENCES parle de rêves brisés et de la manière dont on canalise son énergie. Le film parle de ce qui arrive à un rêve quand il est « reporté à plus tard » selon le mot de Langston Hughes. Que se passe-t-il quand on était à la hauteur et qu’on n’a pas réussi à aller au bout de son rêve ? Comment canaliser son énergie quand on est empêché de révéler son talent au grand jour ? Troy aurait pu être l’égal de Willie Stargell, formidable frappeur de l’équipe des Pittsburgh Pirates, mais quand la société a enfin évolué, il était trop tard pour Troy.
Consumé par son amertume, il veut ce qu’il y a de mieux pour son fils mais ses ambitions pour lui sont limitées. Rose lui dit : « Cory pourrait aller à l’université grâce à une bourse pour ses mérites sportifs ». Mais Troy n’a qu’une idée en tête : il veut que Cory décroche un boulot. Il ne perçoit pas les possibilités qui s’offrent à lui. Il n’a aucune vision de l’avenir. D’ailleurs, Rose lui balance : « Le monde est en train de changer et tu ne t’en rends même pas compte ». Troy reste prisonnier du passé : il n’est pas armé pour faire face à un monde en pleine mutation et il est frustré par les occasions qu’il a ratées.

Quand avez-vous rencontré August Wilson ?

Je ne l’ai pas très bien connu. J’ai passé une journée merveilleuse en sa compagnie au début des années 2000. J’ai pris l’avion jusqu’à Seattle où il vivait à l’époque. Il a plu toute la journée et August n’a pas arrêté de fumer. Et il écrivait. Il écrivait GEM OF THE OCEAN, son avant-dernière pièce, et mon agent m’a conseillé d’aller le voir. Du coup, c’est ce que j’ai fait et on a bavardé toute la journée. Il m’a parlé du contexte dont il avait besoin pour écrire ses pièces : il verrouille toutes les portes, il ferme les fenêtres et il écrit ensuite ce que les personnages lui disent d’écrire. Le message qu’il voulait me faire passer, c’est qu’il écrivait ce qu’il se sentait obligé d’écrire. Je comprenais très bien ce qu’il voulait dire. Je me souviens parfaitement de cette journée. C’était une journée formidable.

August Wilson est décédé en 2005. Il avait achevé ses pièces du cycle du « Siècle américain ». Mais il est mort avant que le scénario de FENCES ne soit écrit. Vous sentiez-vous davantage encore l’obligation de réaliser ce film ?

Non, je n’avais pas besoin de ça. J’avais déjà toute la motivation nécessaire.

D’où teniez-vous cette motivation ?

Du texte lui-même. Et d’August. J’ai simplement essayé de me mettre au service de son œuvre du mieux que je pouvais. Je me sentais la responsabilité de ne pas me planter ! Quand on est en proie au doute, je crois bien qu’il faut revenir à la source. S’il y a 25 000 mots dans le scénario, 24 900 sont d’August Wilson. J’ai peut-être ajouté un dialogue ici ou là, et j’ai sans doute improvisé de temps en temps, mais ce sont les mots d’August.

D’un côté, pour les gens de théâtre et du monde de l’édition, August Wilson compte incontestablement parmi les plus grands dramaturges de l’histoire mondiale. En revanche, la plupart des gens découvriront Wilson grâce à ce film. Qu’espérez-vous qu’ils en retiendront ?

Quand on me pose cette question, je réponds toujours que cela dépend de l’état d’esprit dans lequel on est au départ. Je suis sûr que le public va passer un bon moment et apprendre quelque chose. Je suis également certain que les spectateurs pourront admirer de grands comédiens à l’écran. Et ils découvriront un point de vue qu’ils ne connaissent pas, mais qui trouve un écho chez eux. C’est lié au rythme et à la musicalité de la langue.

En tant qu’acteur, était-ce différent de camper Troy sur scène et devant la caméra ?

Je n’aurais pas pu envisager de faire ce film si je n’avais pas déjà tenu le rôle au théâtre, ce qui m’a permis de mieux cerner Troy. Ce n’est pas au moment du tournage qu’on peut prendre le temps de s’interroger sur ce type d’enjeu. Du coup, dès le départ, j’ai eu le temps d’explorer le personnage. Je savais aussi qu’on avait monté un spectacle qui marchait, que le public était au rendez-vous et que la critique nous couvrait d’éloges.
Je savais que ça fonctionnait. Je ne sais pas si, du coup, on sent plus de pression sur les épaules. On se dit « Ce n’est pas le moment de se planter ! » Tout ce que je savais, c’est qu’il fallait simplement placer la caméra devant les comédiens et les laisser faire leur boulot.

Vous êtes-vous inspiré de la mise en scène de la pièce ?

Quand j’emprunte des choses, je les emprunte aux meilleurs. En réalité, le film, dans sa forme, était très proche de la pièce – ou, en tout cas, les personnages étaient très proches de ceux de la mise en scène de Kenny Leon. En revanche, on pouvait se permettre de tourner des scènes à l’intérieur de la maison des Maxson. Tout ne se passe pas dans leur jardin, comme dans la pièce. On pouvait explorer des lieux différents. Mais en dehors de Jovan Adepo (Cory) et Saniyya Sidney (Raynell), la petite fille, on a repris les mêmes comédiens.

Comment expliquer l’alchimie entre les comédiens ?

La générosité. Il n’y a rien de magique là-dedans. En remontant la pièce à Broadway, on avait d’innombrables occasions de nous entraîner face à une salle comble tous les soirs. Du coup, on pouvait identifier ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. Parfois, on jouait en matinée devant 1 200 lycéens qui bavardaient entre eux pendant qu’on jouait sur scène. Je me souviens même d’une fois où il a fallu que je m’interrompe. Je me suis arrêté au beau milieu de la pièce et j’étais là à regarder les spectateurs. Ils se sont mis à glousser avant de se faire mutuellement signe de se taire et ils se sont effectivement tus. Je me suis alors dit que je pouvais y aller et j’ai repris le cours de la pièce. On a vraiment dû faire face à toutes sortes de situations.

Pour vos partenaires, était-ce difficile de reprendre au cinéma les rôles qu’ils avaient tenus sur scène ?

J’ai dit à mes comédiens : « Ne vous en préoccupez pas. Ne changez rien ». À mon sens, le jeu des acteurs de cinéma n’a rien de spécifique. Il ne faut pas se dire : « Je dois avoir l’air effacé ». Car alors on aura bel et bien l’air effacé à l’image – sauf si le personnage l’exige. C’est à moi, en tant que réalisateur, de veiller à l’allure qui se dégage des comédiens et, s’il le faut, on déplace la caméra. Et si mes acteurs semblent en faire trop, on reculera la caméra si nécessaire.

Qu’est-ce qui définit le mieux Viola en tant qu’actrice ?

Le mot qui me vient immédiatement à l’esprit est « puissance ». C’est une comédienne d’une puissance formidable. C’est vraiment le terme qui me vient à l’esprit : la puissance.

Elle doit vous inciter à être au sommet de votre art…

De toute façon, il faut toujours être au sommet de son art. Et mieux vaut être au sommet de son art quand on joue du August Wilson. Ensuite, en tant que réalisateur, je tiens à ce que tous mes acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes, de Saniyya à Viola. La pièce se déroule entièrement dans la cour et le jardin de la maison.

Dans le film, on entre chez les Maxson et on se rend compte à quel point Rose s’occupe bien de son intérieur.

Oui, ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on vit forcément dans la saleté ! En réalité, les gens pauvres récurent et nettoient le peu qu’ils ont plus que les autres. Cette maison était son château et elle l’entretenait très bien, notamment en protégeant ses plus jolis meubles avec du plastique.

Vous avez tourné dans le quartier de Hill District à Pittsburgh où August Wilson a grandi et où neuf de ses pièces, dont FENCES, se déroulent. Qu’aviez-vous en tête au départ ?

Je ne connaissais pas ce coin avant de me rendre sur place, de découvrir les lieux et d’y rencontrer les habitants. Il était évident que je tenais à tourner à Pittsburgh et dans le Hill District.

En revanche, le quartier a beaucoup changé depuis les années 50, époque à laquelle se passe l’essentiel du film. Des pâtés de maison entiers ont disparu. Des commerces ont fermé leurs portes. Comment avez-vous fait en sorte que le Hill District de 2016 ressemble à celui de 1957 ?

Le quartier précis où vivait August, au sud du Hill District, n’existe plus. On est allés plus au nord et on a trouvé des rues qui n’avaient pas du tout changé. Il a suffi de supprimer les barreaux des fenêtres et de remplacer les voitures actuelles par des voitures d’époque.

Les habitants ont dû adorer assister au tournage.

Le quartier tout entier s’est mobilisé pour le tournage. Les habitants avaient une énergie communicative et ont manifesté leur passion pour l’oeuvre d’August. M. Greenlee, qui habitait derrière la maison qui campe celle des Maxson dans le film, a vraiment participé au tournage. Il avait l’habitude de sortir de chez lui et de nous demander : «Alors, vous en êtes où ?» On lui répondait : « On est en train de tourner, M. Greenlee » « Très bien. Vous voulez un café ? » C’est tout ce qu’il nous demandait – si on voulait du café. Les gens du coin nous préparaient à manger. On a même fini par connaître le pitbull qui nous tournait autour pour qu’on le caresse… Du coup, on avait le sentiment d’être entre voisins. C’était l’occasion de mettre Pittsburgh en valeur. C’est là que vivent ces gens et August est leur héros, leur écrivain, et c’était donc l’occasion de lui rendre hommage.

Vous avez tourné le film dans l’ordre chronologique, ce qui est assez rare au cinéma. Pourquoi était-ce si important à vos yeux ?

Je suis comédien avant tout et je sais à quel point cela peut faire la différence.
Je sais ce qu’on ressent quand on est acteur. Souvent, vous débarquez sur le plateau le premier jour du tournage et vous commencez par tourner la scène finale à un moment où vous ne savez même pas comment votre personnage en est arrivé là. Du coup, on a essayé de tourner dans l’ordre chronologique à chaque fois qu’on le pouvait.

Avez-vous rencontré des obstacles ?

Aucun qui m’empêche de procéder comme je le voulais. Quelle que soit la météo, qu’il pleuve ou pas, on a continué à tourner.

Sur le tournage, vous aviez trois casquettes : celles de comédien, de réalisateur et de producteur. Est-ce difficile de rester concentré quand on cumule ces trois rôles ?

Je ne me pose pas ce genre de question. Jamais je ne me suis dit que c’était trop pour moi. Je ne prétendrais pas que c’était plus simple d’être dans cette position, mais c’était un véritable atout d’avoir joué dans la pièce. Je n’avais pas besoin de répéter mon texte le soir. Il fallait que je le revoie de temps en temps, mais quand on est en plein tournage, on n’y pense pas. On est dans l’action, un point c’est tout. Je dormais deux heures – trois si j’avais de la chance –, je me levais et je fonçais.

Qu’est-ce qui était le plus important pour vous en tant que réalisateur ?

La recherche de vérité. De vérité, encore et encore. D’authenticité. La caméra capte ce qui transparaît sur votre visage. Elle ne fait qu’enregistrer ce que vous êtes en train de faire. Du coup, si vous n’êtes pas sincère et que vous n’êtes pas fidèle à votre personnage, la caméra va le voir et ça se retrouvera à l’image. Plus on s’attache à un contexte bien particulier, plus on est universel. C’est pour cela que tout doit être authentique, jusqu’au moindre bouton de chemise. Si l’horloge murale indique qu’il est 14h30, alors votre montre doit aussi afficher 14h30, qu’on la voie à l’image ou pas.

Viola Davis a expliqué que la perruque qu’elle portait pour Rose – les mèches de cheveux gris – l’a considérablement aidée à incarner le rôle. Avez-vous eu besoin d’un costume particulier ou d’accessoires spécifiques pour camper Troy ?

Sans doute la bouteille de gin. Sa bouteille de gin du vendredi soir. Elle fait partie du rituel de Troy et Bono. Tout le monde sait où les trouver. Troy raconte toujours les mêmes mensonges et Rose lui dit qu’il est un menteur. Et lui n’en fait qu’à sa tête. Leur vie est difficile mais ils sont heureux. La vie est dure pour tout le monde. Dans certains plans d’extérieurs, on aperçoit les cheminées au loin qui signalent l’existence d’une usine. La vie est dure, mais souvent joyeuse. C’est Troy qui bouleverse leur équilibre en ayant une liaison avec une autre femme. Troy, Rose et Bono ont des natures heureuses. Mais c’est Troy qui gâche tout.
Je ne me suis pas du tout occupé de mon costume. Sharen Davis est une extraordinaire chef-costumière et je travaille avec elle depuis des années. Elle sait comment je fonctionne. Elle a très bon goût et elle sait y faire. Du coup, je lui fais confiance.

Parlons de la musique. Pour vous et le compositeur Marcelo Zarvos, quel rôle la musique devait-elle jouer ?

Les mots tiennent lieu de musique. D’entrée de jeu, Troy n’arrête pas de parler pendant près de 46 minutes. Par conséquent, personne ne lui donne la réplique avant au moins trois quarts d’heure après la première scène. C’est alors qu’il essaie d’amener son frère Gabriel chez lui. Troy ne se tait jamais si bien qu’on sait tout sur ses états d’âme. On n’a pas besoin de violon pour le savoir.
Ce que j’ai dit à Marcelo, c’est qu’il fallait être dans la retenue à tout point de vue. C’est comme une maison. Si chaque pièce est surchargée, l’ensemble est raté. Les pièces doivent être complémentaires pour qu’au final la maison soit belle, sans que l’une ou l’autre ne soit trop marquée. Je ne veux pas dire par là que c’est ce que faisait Marcelo, mais c’est mon rôle de coordonner les différents éléments de la bande-son : la musique, les dialogues et les effets sonores.

Vous avez décidé de ne pas vous inspirer du jazz ou du blues pour la bande-originale alors qu’August Wilson fait souvent allusion à ces genres musicaux dans ses pièces. Pourquoi ?

Tout d’abord, parce que Troy explique qu’il n’aime pas le jazz. Son fils aîné Lyons est trompettiste de jazz mais Troy affirme qu’il n’aime pas cette « musique chinoise ». Ensuite, ce n’est pas un film sur le jazz. La musique doit accompagner les dialogues.
On ne peut pas avoir un monologue de quatre pages et faire entendre tout un orchestre dans le même temps. Cela fait trop d’éléments sonores à mon goût.

On entend plusieurs chansons de gospel, de jazz et de R&B qui sont soit chantées par un personnage, soit diffusées en arrière-plan. Comment les avez-vous choisies ?

Nous avions un formidable coordinateur musical, Jay Richardson, à qui j’ai demandé de se plonger dans les musiques de 1957 et du printemps 1958 et de voir ce qu’il pouvait me faire entendre. Il m’a proposé plusieurs titres et c’est le film qui, pour ainsi dire, vous signale les musiques qui ne fonctionnent pas. On peut essayer d’utiliser un morceau à tout prix mais le film vous dira qu’il n’en veut pas. En général, j’ai une assez bonne oreille pour le déceler.

Comment s’est passé le montage ?

C’était assez inhabituel car on voulait respecter les dialogues de la pièce jusqu’au bout. J’ai souhaité laisser le monteur travailler seul et me proposer sa version. J’ai visionné ce premier montage et je me suis ensuite intéressé au jeu des acteurs. C’était un processus assez lent car on savait où on commençait et on était conscient qu’on n’allait certainement pas réécrire le troisième acte ! La question qui se posait était de savoir à quel moment tel ou tel acteur devait apparaître à l’image. Quand un personnage parle pendant de longues minutes, on ne peut pas filmer la même personne pendant tout ce temps. Du coup, il faut savoir à quel moment couper pour cadrer son interlocuteur.
Je me souviens d’en avoir parlé à ma femme et elle m’a dit : « Cette fois, je n’ai pas forcément à regarder tous les personnages en même temps ». Je lui ai répondu : « C’est logique puisqu’il s’agit d’un film ». Au théâtre, le spectateur peut décider qui il a envie de regarder : il peut même dévisager un comédien qui ne parle pas. Mais au cinéma, on ne peut pas se contenter de faire un plan large pour cadrer tous les acteurs : ils seront tous filmés de profil. Il faut donc faire des choix. Et c’était une démarche assez longue. Pourquoi filme-t-on Cory et pas sa mère alors que c’est elle qui a un long monologue ? À quel moment est-il important que le spectateur sache qu’il l’écoute ? Ou qu’il voie l’effet que cela produit sur lui ? C’est le genre de questions qu’on se pose.

Viola a déclaré que vous lui aviez donné d’excellents tuyaux pour sa dernière grande scène avec Cory. Elle lui reproche de ne pas vouloir assister à l’enterrement de Troy et en même temps, elle fait le bilan de la vie de Troy, de ses qualités et de ses défauts d’être humain. Viola se souvient que vous lui avez dit qu’en réalité elle s’adresse à Cory.

Le monologue en tant que tel n’existe pas. On s’adresse toujours à quelqu’un.
Les propos qu’elle tient s’adressent à lui. Du coup, il faut qu’elle arrive à le convaincre.
C’est le type de question qu’il faut poser à un acteur : « Est-ce que tu pense qu’il te croit ? » Quand on dirige un comédien, on essaie de lui poser les bonnes questions. On ne doit pas malmener les comédiens. Il m’est arrivé, en tant qu’acteur, qu’un réalisateur me dise : « À mon avis, ton personnage agirait plutôt comme ceci ou comme cela ». Et je lui réponds : « Alors pourquoi tu ne te lèves pas et tu ne viens pas le faire à ma place ? » Il y a toutes sortes de vérités. Ce n’est pas parce que je suis le réalisateur que je connais forcément la vérité. Je suis là pour explorer et découvrir, comme tous mes collaborateurs et partenaires. 80% du succès tient au casting. Si vous réunissez les meilleurs, il est préférable de les laisser agir comme ils l’entendent et de voir le résultat.

Avant d’entamer cet entretien, vous m’avez confié que vous aviez un rituel consistant à demander tous les jours à August Wilson – ou plus exactement à son esprit ou à son âme – ce qu’il pensait de votre travail.

Ce n’était pas qu’un simple rituel. Lorsque je ne trouvais pas de réponse à un problème, à un dé_ ou à un dilemme, je me disais parfois que c’était parce qu’August n’était pas satisfait. Ça m’est arrivé tout au long du tournage. Pourquoi n’a-t-il pas mis cet élément à cet endroit ? Eh bien, sans doute parce qu’il n’en voulait pas. Que se passerait-il si je le mettais quand même ? Parfois, on évoque plusieurs idées jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elles ne sont pas bonnes. Mais il faut bousculer ses certitudes. Il faut constamment se poser des questions. Je savais simplement que je ne voulais pas me reposer sur le succès de la pièce. On a eu beaucoup de succès et c’était formidable. Cette fois, on repartait à zéro ou, en tout cas, c’est comme ça qu’on voyait les choses. On remettait les compteurs à zéro.

Il y a un moment particulièrement poignant pendant la dernière scène. Gabriel joue de la trompette, tentant de laisser Troy accéder au paradis.

Il arrive en courant et il ouvre le portail de la clôture que Troy a construite. Et le portail reste ouvert. Il court et on le voit en plan large – dispositif que j’ai souvent utilisé.
Il appelle Troy et, tout en l’appelant, il désigne sa trompette et s’exclame « Troy ». À ce moment-là, le portail se referme tout seul. Et les gens autour de lui ont dit : « ça alors ! C’est August. August voulait lui aussi être là ». Il est donc venu et il a refermé le portail derrière lui. Comme s’il nous disait : « Très bien, désormais nous pouvons finir le film ».

Que pensiez-vous de ce plan final sur les portes du paradis qui s’ouvrent ?

Dans ses didascalies, August écrit que les portes du paradis devraient être aussi grandes ouvertes que l’armoire de Dieu. Comment transposer ce genre de consigne sans en faire trop ? Est-ce qu’on ne risque pas de détourner rapidement l’attention du spectateur ? Que faut-il montrer ? On a décidé de ne pas trop en montrer. De même qu’on voit très peu le requin dans LES DENTS DE LA MER. On ne voulait pas trop en voir – ce qu’on voulait, c’était voir la réaction de Rose, Cory et les autres. Quant à ce qu’on a cru voir, c’est peut-être notre imagination qui nous joue des tours.

Que pensez-vous du rapport d’August Wilson à la religion ?

Je préfère le terme de « spiritualité » car dès qu’on parle de «religion», l’homme s’en mêle. Il a tendance à penser que sa religion est la bonne et pas celle de son voisin… De toute évidence, August était habité par la spiritualité, tout comme moi. J’essaie de faire en sorte que chaque geste de mon quotidien soit empreint de spiritualité. Je commence ma journée par une prière. Je ne dis pas aux autres ce qu’ils sont censés croire et je n’aime pas le mot de « religion ». Parce qu’à mes yeux, c’est une invention de l’homme. Ça sent l’homme à plein nez.

FENCES se déroule à une époque très précise – 1957 – même si la scène finale se passe en 1965. Vous demandez-vous si le film est encore actuel ?

Malcolm X disait que pour savoir où on va, il faut savoir d’où l’on vient. Du coup, je pense que la dimension historique est essentielle : il faut connaître les combats qui ont été livrés, et les sacrifices qui ont été consentis, avant notre naissance. Mais on ne peut pas plaquer cette réalité. On ne peut pas faire n’importe quoi uniquement dans le but de coller à l’actualité.

Vous avez dit que plus on s’attache à un contexte bien particulier, plus on atteint l’universel. En quoi le film est-il universel ?

Je fais mon boulot, je tourne le film, et je vois ensuite l’effet qu’il produit sur moi. Je ne cherche pas à dire aux autres ce qu’ils devraient ressentir, mais il faut quand même dire qu’August Wilson a écrit un chef d’œuvre et Dieu seul sait pourquoi il touche les gens. C’est toute la beauté de sa création. Venez voir le film et vous essaierez de comprendre pourquoi.
Je suis heureux que FENCES puisse être découvert par un large public. J’ai lu que le texte était beaucoup étudié à l’école. Il est donc possible que de nombreux jeunes en aient davantage entendu parler que les gens de ma génération. C’est un privilège de faire connaître au plus grand nombre l’œuvre d’August Wilson : je prends cette mission au sérieux et je suis conscient qu’il s’agit d’une grande responsabilité. Ça fait partie de mon boulot de sensibiliser le grand public à son œuvre afin qu’il comprenne pourquoi il compte parmi les plus grands. Il se compare à Tennessee Williams, Arthur Miller, Eugene O’Neill, Edward Albee. Je suis heureux de contribuer à faire connaître son génie au monde entier.

Vous avez dirigé des comédiens exceptionnels. Nous avons déjà évoqué Viola Davis dans le rôle de Rose. Pouvez-vous nous parler des autres acteurs ?

Jovan Adepo joue Cory. Je voulais vraiment bousculer les jeunes acteurs qui auditionnaient pour le rôle de Cory pour voir s’ils tiendraient la distance. Car ils devaient se plonger dans un univers qu’ils ne connaissaient pas. Surtout Jovan qui a un rôle très important. Il était très largement au-dessus des autres comédiens que j’ai rencontrés. Il dégage un naturel et une sincérité incroyables. Jovan était censé tourner avec Antoine Fuqua dans une série tirée de TRAINING DAY [film de Fuqua avec Denzel Washington dans le rôle principal]. Du coup, j’ai interrogé Antoine pour savoir ce qu’il en pensait et il m’a répondu : «C’est le meilleur, et de très loin». Je lui ai demandé pourquoi il ne l’avait pas engagé. Il m’a dit : «Il n’est pas assez nerveux. Il me fallait quelqu’un d’un peu plus nerveux pour notre série, mais c’est le meilleur acteur qu’on ait auditionné». Inutile de dire que cela donnait un net avantage à Jovan.

Et Stephen McKinley Henderson qui campe Bono ?

Stephen a une très longue carrière qui remonte aussi loin que celle d’August. Je crois qu’il s’est produit dans toutes les pièces du cycle du « Siècle américain » et c’est un des comédiens de théâtre les plus chevronnés. Je suis très heureux de ma collaboration avec Stephen et Mykelti Williamson car ils ont tous les deux d’impressionnantes carrières et qu’ils ont travaillé avec plusieurs metteurs en scène. Ce sont tous les deux des vétérans de la scène et ils connaissent parfaitement leur rôle. Désormais, une toute nouvelle génération a l’occasion de les connaître ou de les redécouvrir.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans le jeu de Stephen ?

Bono est comme le bassiste du groupe. Il est solide. J’ai monté des plans de lui où il se contente de regarder. Il ne manque rien de ce qui se passe autour de lui : il dévisage la femme, puis il regarde Troy. Troy ne se rend même pas compte que Bono le regarde. Mais on sent le regard de Bono. Bono ressent les choses. Il observe constamment ce qui se passe autour de lui. Je ne dirais pas qu’il incarne une certaine forme d’intégrité mais il dit quand même à Troy : « Tu t’amuses avec deux femmes et, tôt ou tard, tu laisseras tomber l’une des deux ».

Parlez-moi de Russell Hornsby dans le rôle de Lyons.

Je me souviens d’un jour où on tournait une scène en extérieur avec Rose et Cory et j’ai eu une intuition. J’ai dit : « Faisons venir Lyons et demandons-lui de se placer dans la cuisine et filmons-le en train d’écouter ». Et voilà un homme – un adulte – qui apprend des choses sur son père par une femme qui n’est pas sa mère, et qui parle à son demi-frère, sans qu’aucun des deux ne se doute que Lyons les entend. Une fois qu’on a installé la caméra et que j’ai vu le plan, j’ai dit à mon équipe que ce n’est pas le genre de dispositif qu’on peut mettre en place au théâtre – sauf si le personnage était à la fenêtre, ce qui aurait semblé étrange. Mais on sent sa présence. Cette scène m’a beaucoup plu.

Et Mykelti dans le rôle de Gabriel ?

Mykelti est un amour. C’est un type très costaud, mais très doux et spirituel. Sa carrière est fascinante et ce _lm est comme un retour aux sources pour lui. À mon avis, pas mal de spectateurs se diront « Ah oui, j’ai déjà vu sa tête ». Il a toujours été bon et il est tout aussi excellent aujourd’hui.

Nous avons évoqué les acteurs. Parlons désormais de votre chef-monteur, Hughes Winborne.

Nous avons travaillé ensemble sur THE GREAT DEBATERS [deuxième _lm réalisé par Denzel Washington, NdT]. C’est notre deuxième _lm ensemble. Il a remporté un Oscar pour COLLISION. Il est très sensible et il est très posé. Et il a une formidable intuition. J’adore le regarder travailler parce qu’il commence par poser ses mains un peu partout et qu’il sait instinctivement à quel endroit couper. Je ne dirais pas que c’est une seconde nature chez lui mais il possède un rythme qui s’accorde très bien au texte d’August. Il a fallu qu’on trouve le bon rythme. Chez August Wilson, comme chez Shakespeare, un paragraphe a parfois du sens et s’il y a trop d’espaces et trop de respirations entre les mots, cela peut gâcher le texte.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec la directrice de la photo Charlotte Bruus Christensen ?

Elle est très douée. Hollywood commence à la découvrir et elle est désormais extrêmement sollicitée. Elle est très rigoureuse et elle a un vrai point de vue, ce qui était une bonne chose car nous avons tous les deux des avis très tranchés. Elle adore le cinéma, elle déborde d’idées et elle note ses réflexions. Elle avait toujours énormément de propositions à faire – et c’est génial pour un réalisateur.
Vous avez apporté un soin particulier au décor et vous avez tenu à reconstituer le Hill District de 1957 avec la plus grande exactitude. Parlez-moi de votre chef-décorateur, David Gropman.
Il est très sensible et il est partisan de la plus grande retenue – il n’est pas du genre à aller dans l’emphase. On ne remarque pas les coutures dans son travail. Jamais je ne me suis dit « ça, c’est vraiment excessif ». Tout était d’une grande justesse, qu’il s’agisse d’une paire de lunettes ou d’une tasse à café.

Les décors s’inspirent-ils des photos de Teenie Harris ? Pendant des dizaines d’années, il a photographié les quartiers noirs de Pittsburgh et il a pris des dizaines de milliers de clichés.


Oui, il a tout photographié. Mais il se contentait d’une seule prise. Il disait qu’il laissait les autres photographes travailler et mitrailler dans tous les sens tandis que lui trouvait le bon emplacement d’où faire sa photo. Il était connu pour enlever l’ampoule de son _ash et la glisser dans sa poche. Avec FENCES, j’espère qu’on a aussi réussi à transposer l’âme de Pittsburgh.


ENTRETIEN avec Viola Davis

Aviez-vous vu FENCES à Broadway ? Si oui, quels souvenirs en gardez-vous ?

Je n’ai jamais vu FENCES quand la pièce a été montée à Broadway en 1987. Je venais d’un milieu très modeste et j’étais étudiante à Rhode Island College et je crois bien que c’est à cette époque que j’ai entendu parler pour la première fois d’August Wilson. Je suivais une spécialisation en études théâtrales à Rhode Island College et les seuls dramaturges qu’on étudiait étaient Arthur Miller, Eugene O’Neill et Tennessee Williams. C’étaient les seuls que je connaissais bien. En dehors de Ntozake Shange, auteur de FOR COLORED GIRLS, je ne connaissais pas de dramaturge afro-américain contemporain. Jusqu’à ce qu’une de mes profs, Elaine Perry, me fasse lire MA RAINEY’S BLACK BOTTOM et me demande si j’avais déjà entendu parler d’August Wilson. C’est ce jour-là que j’ai découvert son existence.

Dans quel état d’esprit étiez-vous en découvrant son œuvre ?

Elle m’a marqué autant que ma visite de la Black Heritage Society dans le Rhode Island. Je m’en souviens très bien : c’était en 1981 – un jeudi, si ma mémoire est bonne –, pendant l’été, et il faisait un temps magnifique. Mais dans la salle des archives, j’étais plongée dans une microfiche sur des esclaves abolitionnistes qui savaient écrire et qui, en réalité, étaient des intellectuels. Je me souviens très précisément de ce jour-là parce que personne ne m’en avait parlé auparavant. J’ai grandi dans un milieu majoritairement blanc et les enseignants nous racontaient seulement que les Noirs, à l’époque de l’esclavage, ne savaient ni lire, ni écrire. Ils ne savaient rien faire. Et je les ai crus parce que personne ne les a jamais démentis. Du coup, quand j’ai découvert cette autre vérité, tout un monde s’est ouvert à moi. J’ai eu la même réaction lorsque ma prof m’a prêté la pièce d’August Wilson. Une porte s’ouvrait dans mon esprit sur un monde insoupçonné.

Dans FENCES, vous incarnez Rose Maxson, l’un des rôles féminins les plus marquants dans l’œuvre d’August Wilson. Plus tôt dans votre carrière, vous avez campé d’autres personnages de l’auteur, comme Mattie dans JOE TURNER’S COME AND GONE, Vera dans SEVEN GUITARS et Tonya dans KING HEDLEY II. Quel est le regard d’August Wilson sur les femmes ?

Il faudrait sans doute poser la question à August Wilson, mais il n’est malheureusement plus là pour y répondre. Pourtant, je me souviens de ce qu’il m’a raconté en parlant de Vera dans SEVEN GUITARS : alors qu’il était en train d’écrire sur ces hommes qui faisaient de la musique dans le jardin, une femme est soudain arrivée et a déclaré : « Écoutez, j’ai quelque chose à dire ». Il a été très surpris et lui a demandé : « Comment vous appelez-vous ? » Elle a répondu : « Vera ». Et c’est comme ça que le personnage est né.
L’art en soi est très fragile. La musique, l’art dramatique, l’écriture sont d’une grande vulnérabilité. Quand on écrit de manière spontanée, on peut commettre des erreurs. Mais ce qui distinguait August – et qui explique son génie –, c’est qu’il était habité par une grande spiritualité. C’est ce qui lui permettait de se laisser inspirer par les autres. Il accueillait dans son monde les gens tels qu’ils étaient, quelles que soient leurs origines. Quand on était en sa compagnie, il lisait en vous comme dans un livre ouvert et ça se sentait.
Je retrouve ça dans ses personnages. Je le retrouve chez Vera. Je le retrouve chez Mattie. August comprenait parfaitement la nature des femmes et il savait quel stade avait atteint leur émancipation. C’était son don. Il avait un merveilleux don de sensibilité et d’empathie.

Quelles femmes vous ont inspirée pour Rose ?

Les femmes qui m’ont inspirée sont ma mère, mon attachée de presse, mon agent et… moi-même. Toutes les femmes que j’ai croisées, noires ou blanches. Toutes celles que j’ai croisées et qui ont fait preuve de sacrifice et de don de soi et qui ont accepté de renoncer à un peu de leur bien-être personnel pour le bien de tous. C’est la force des femmes. Je cite toujours Betty Friedan, grand auteur féministe, qui disait que les femmes se cachaient derrière leur rouge à lèvre parfaitement dessiné et leurs parquets parfaitement cirés. Elles y cachaient leur souffrance.
Rose en est la plus parfaite illustration. Et, du coup, Rose incarne toutes les femmes.
On nous apprend à faire taire nos rêves, nos espoirs et notre point de vue sur le monde. Même en 2016, alors qu’on a obtenu le droit de faire ce qu’on veut, quelque chose nous empêche de nous exprimer – nous en empêche totalement. Et on ressent une douleur profonde, la douleur de l’animal pris au piège. Quand ça finit par s’arrêter, je ne vois pas de plus belles paroles que celles de Rose pour exprimer ce qu’on ressent.

Est-ce que le passé de militante des droits civiques de votre mère vous a aidée à construire le personnage de Rose ?

Mon interprétation de Rose – et ma compréhension du personnage – est beaucoup plus simple que ça. Elle est liée au mariage – à cet engagement que l’on prend vis-à-vis de quelqu’un à travers les liens du mariage et à l’abnégation absolue dont on fait preuve. Vous savez – j’ai moi aussi fait preuve d’abnégation, d’une certaine façon, quand je me suis mariée il y a treize ans. On doit tous à un moment donné de sa vie faire preuve d’abnégation, même si on ne peut pas comparer la situation de 1957 à celle d’aujourd’hui : Rose, elle, a beaucoup plus de mérite que moi. Elle a consacré toute sa vie à bâtir son foyer. Son identité, c’est sa famille. Si vous demandiez à Rose ce qui l’anime et quel est son plus grand désir dans la vie, elle vous répondrait qu’elle aspire à être utile. Et sa manière d’être utile, c’est de souder sa famille. De consolider ses liens. C’est ça, son vrai pouvoir. C’est ce qui la rend heureuse. Par conséquent, quand elle est privée de ce bonheur et de ce sentiment d’être utile – ce sont les mots qu’elle emploie –, c’est beaucoup plus personnel et intime qu’un discours politique.
C’est un discours personnel.

Est-ce que le choix des accessoires, et même des costumes, vous a aidée à camper Rose ?

Je voulais que Rose donne l’impression qu’elle a été marquée par la vie – j’y tenais absolument. D’où ses cheveux grisonnants, ses rides profondes, et la simplicité de ses tenues. On imagine que lorsqu’elle s’est acheté ces vêtements, ils étaient sans doute neufs et impeccables, mais ils sont désormais défraîchis. Je voulais montrer l’importance de son sacrifice avant même qu’elle n’apparaisse à l’écran. J’ai trouvé que c’était très précieux.
Autant dire que le gris de la perruque comptait beaucoup à mes yeux. Je ne voulais pas qu’elle donne le sentiment de débarquer de la sitcom THE BRADY BUNCH.
Je sais que le film se déroule dans les années 50 et pour l’essentiel dans un milieu blanc. Dans les années 50, les femmes étaient tirées à quatre épingles et correspondaient totalement au fantasme masculin. Je pense que Rose s’en moque complètement. Elle a fait du chemin dans sa vie. Il faut bien voir que Rose est devenue la femme qu’elle voulait être vers la fin du film. Comme elle le dit elle-même : « J’ai sacrifié une part de moi-même à Troy ».
Et Rose a bâti son foyer pierre par pierre, progressivement – mais a-t-elle d’autre choix ? C’est un thème majeur dans toute l’oeuvre d’August. Tout le monde veut laisser une trace à sa façon. Hedley veut devenir un grand homme. Floyd « Schoolboy » Barton, qui chante du blues dans SEVEN GUITARS, veut devenir un grand homme. Il l’affirme d’ailleurs : « Je veux que mon oeuvre soit diffusée dans le monde. Je veux qu’elle soit connue et qu’elle touche quelqu’un dans le monde ». Dans MA RAINEY, Levee aspire à devenir l’homme que son père n’a pas pu devenir. Son père a été lynché, pendu à un arbre. Herald Loomis dans JOE TURNER est l’incarnation même de celui qui a perdu son âme : « Où suis-je », demande-t-il. « Où est ma place dans le monde ? »
Tout le monde veut devenir quelqu’un, et c’est la même chose pour ces femmes qui souffrent non seulement de sexisme mais de racisme. Du coup, où est ma place ? Comment laisser une trace ? Pour Rose, c’est à travers sa maison. Elle est entretenue comme on le voit dans le _lm parce que c’est sa seule possession. Quel que soit le regard qu’on porte sur elle, cette maison est son rêve. Mais elle est aussi sa tombe.

À votre avis, en quoi le film est-il à la fois fidèle aux personnages noirs qu’il met en scène, tout en dépassant la seule identité noire ?

L’universalité de FENCES tient au fait que, quelle que soit la couleur de ma peau, je suis avant tout un être humain. Je ne me sens pas différente des autres, sauf dans la mesure où la société m’a fait comprendre que je n’avais pas les mêmes origines que les autres. FENCES parle de mariage, d’identité, du rôle des parents et des relations père-fils. FENCES parle aussi des rêves déchus. August a créé une œuvre en tout point comparable à LA MORT D’UN COMMIS-VOYAGEUR d’Arthur Miller.
Avant cette pièce, le héros était un dieu, un roi. Arthur Miller a imaginé l’antihéros – l’être imparfait. Aux yeux de Cory et Rose, Troy est leur dieu. Il est toute leur vie et ils ont le sentiment qu’il incarne une forme d’équilibre absolu. Pour autant, il est loin d’être parfait, mais il fait de son mieux en fonction de ce qu’il sait. Je crois qu’on peut tous s’identifier à ces personnages.
Le pire dans le racisme, c’est cette crainte de ne pas se sentir concerné par cette histoire, soi-disant parce que ses personnages sont différents des autres. En réalité, si je peux me sentir concerné par LA MORT D’UN COMMIS-VOYAGEUR, VUE DU PONT ou LE LONG VOYAGE VERS LA NUIT, alors tout le monde peut se sentir concerné par l’histoire de Troy, Rose et Cory.
S’il y a bien une chose que j’ai apprise quand j’ai débuté dans le métier – et qui me semble tout aussi importante encore aujourd’hui –, c’est que le public participe à la création du spectacle. Certains spectateurs se disent sans doute qu’une fois que le spectacle est monté, ils viennent voir, par curiosité, à quoi il ressemble. Mais il faut qu’ils soient conscients qu’en réalité ils participent à sa création. Il faut qu’ils viennent voir la pièce en en étant parfaitement conscients.

Vous avez été plébiscitée dans le rôle de Rose dans la reprise de FENCES, à Broadway, en 2010. Est-ce très différent de le jouer sur scène et pour le film ?

Quand on joue à Broadway, on doit prendre en compte le fait qu’on est face à un millier de spectateurs, voire plus. On ne peut pas ne pas y penser. En dehors de ça – et je suis consciente d’être un peu désinvolte en le disant – il n’y a pas de différence. Les gens croient à tort que lorsqu’on joue dans un film, on doit forcément être dans la retenue : si on n’est pas dans la retenue, alors on n’est pas sincère. Comme s’il fallait absolument se faire discret.
L’écriture d’August est souvent d’une grande sobriété. Dans «Seven Guitars», Vera est résolument dans la retenue. Mais il arrive aussi qu’August soit dans l’excès. Et ce n’est pas parce qu’un personnage est dans l’excès, ou qu’une réplique est excessive, qu’ils ne sont pas sincères. Si je dis ça, c’est parce que pendant les répétitions avant le début du tournage, on a répété cette scène où je dis à Troy «Je resterai à tes côtés». Et au moment des répétitions, j’ai joué la scène avec un maximum de sobriété.
Mais quand on connaît Denzel, on sait qu’il tient beaucoup à la sincérité. Une sincérité brutale s’il le faut. Et il m’a dit : « ça ne marche pas ». Il a ajouté : « N’hésite pas à en rajouter. Sois délibérément dans l’exagération ». Et je lui ai répondu : « Très bien ». Du coup, j’en ai rajouté dans mon jeu et il m’a dit : « Tu vois, je n’ai pas trouvé ça excessif ». J’ai alors compris ce qu’il voulait dire – ce que j’ai toujours su parce que je suis actrice : il faut être observateur. J’observe tout ce qui se passe autour de moi d’une manière différente des autres. Je vois des choses qui peuvent échapper aux autres. Je m’imprègne de tous les événements de ma vie comme une éponge. C’est pour cela que je me souviens de chaque moment important de mon existence.
La fois où j’ai découvert que mon petit ami dont j’étais follement amoureuse me trompait. La fois où mon père rendait son dernier souffle et l’infirmière de l’hospice prenait son rythme cardiaque au stéthoscope. Je me souviens de ma réaction à ce moment-là – de la moindre respiration qui s’échappait de ma bouche. De la vision de son corps, de celle de ma mère et de sa réaction. Et les choses ne se déroulent pas toujours dans la sobriété. La vie n’est pas toujours subtile. Du coup, quand on joue une scène en s’inspirant de la vie, c’est comme si on jouait un morceau de musique au sein d’un orchestre.

Pour être l’égal de Troy, il est impossible de se montrer humble ou modeste. D’ailleurs, il n’aimerait pas être marié à quelqu’un de trop effacé.

Il y a des moments où, dans sa vie, Rose est effacée. Elle s’efforce de s’effacer pour que son couple tienne la route. Et elle a besoin que son couple tienne la route pour qu’elle-même puisse vivre. Il y a des moments où elle s’en accommode. On le voit dans l’une des premières scènes du _lm. Elle lui dit : « Il parle à nouveau. Je suis parfaitement au courant, Troy. Oui, je suis au courant, mais écoute-moi, Troy. Très bien. Je sais. Je sais. Allons, Troy, arrête de parler de sexe comme ça. Allons ». Elle s’en accommode jusqu’à ce qu’elle n’y arrive plus. Et quand elle n’y arrive plus, c’est à ce moment-là que ses cheveux deviennent grisonnants, que ses rides sont plus marquées, que ses vêtements semblent usés et que son corps vieillit. Tout ce qu’elle a réprimé jusque-là doit s’exprimer au grand jour. C’est ce que raconte la pièce. Quelque chose d’important est en train de se passer. Quelque chose d’important est en train de se passer qui, pour la première fois, n’est pas censuré.

Pouvez-vous me parler de la scène où Cory débarque et annonce à Rose qu’il n’ira pas à l’enterrement de Troy ? Comment avez-vous préparé cette scène ?

Pour moi, ce dialogue final entre Cory et Rose a été très difficile. Pour être honnête, je ne pense pas m’en être bien sortie à l’époque où on jouait la pièce. Cela tient notamment au fait qu’à mon sens, c’est un moment trop intime au théâtre. Mais je dois dire que ce dialogue est beaucoup plus difficile que la célèbre tirade où elle dit « Je serai toujours à tes côtés, Troy ». Et c’est notamment parce qu’il ne s’agit pas d’un monologue. Comme le disait Denzel, « C’est pour lui que tu t’exprimes comme ça, pas pour toi ».
Ça, c’est la première chose. Ensuite, il y a tout le non-dit : « Je m’apprête à enterrer l’homme avec qui j’ai vécu pendant trente ans. Et j’éprouve encore de l’amour pour lui aujourd’hui. Je suis toujours en colère ». Ce qui rend cette tirade extrêmement difficile, c’est que je pardonne tous ces actes qui ont une incidence sur le récit mais qui restent dans le non-dit. Cette tirade me fait penser à une citation de Jack Korn_eld, célèbre psychothérapeute formé pour devenir moine bouddhiste. Je le cite de mémoire : « Pardonner revient à abandonner tout espoir d’un passé différent ». Voilà ce que sous-entend Rose dans cette scène : « Je ne peux pas t’expliquer pourquoi ton père a agi comme il l’a fait avec toi. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi il a été aussi violent. Je ne peux pas. Seul Dieu le pourrait. Mais tout ce que je peux te dire, c’est ‘Moi non plus, je n’ai pas assuré’. Et je peux aussi te dire qu’il a fait de son mieux. Voilà ce qu’il t’a donné : c’est le mieux qu’il pouvait faire. C’est tout ».

Comment décryptez-vous cette dernière scène où l’on voit presque les portes du paradis s’ouvrir pour accueillir l’âme de Troy ? Je vous pose la question parce qu’August Wilson avait une posture très complexe à l’égard des religions officielles, et notamment du christianisme.

J’adore le point de vue d’August sur la religion, précisément parce qu’il est complexe. Les Noirs américains, dans leur ensemble, ont un rapport très spécifique avec Dieu parce que, pendant longtemps, ils n’avaient rien d’autre. Il nous fallait un espace, un sanctuaire, où l’on pouvait avoir le sentiment que notre vie avait de la valeur et où l’on pouvait lâcher prise. L’Église jouait un rôle très précis dans notre vie.
Ce qui me plaît beaucoup, c’est le sort qu’August réserve à la religion. Dans la plupart des films sur les Noirs, il y a toujours une scène d’église et une musique particulière qui l’accompagne. Mais il n’y a pas de place au doute. Ce qui est formidable dans FENCES, c’est qu’il y a une scène avec Rose à l’église, mais qu’on voit aussi Troy en colère après Dieu. Il est en colère parce que Dieu lui a pris quelque chose.
«Je t’attends, Dieu. Viens donc me trouver. Tu veux me faire ça ? Tu veux me prendre quelque chose. Je ne peux même plus respirer. Tu m’as retiré mon moyen de subsistance, une discipline où j’excellais – une discipline qui m’a permis de trouver mon identité. Et maintenant, tu me retires cette femme qui m’a procuré joie et confort. Tu veux me retirer ça…» C’est difficile. C’est comme une vague qui s’avance, puis qui recule. C’est un mouvement qui va jusqu’à la haine, la colère et la souffrance. Chez Rose, la religion est un réconfort. J’adore cette trajectoire émotionnelle et spirituelle qui, à mon avis, fait sans doute écho au rapport d’August à Dieu.
Le sentiment que m’a inspiré la scène finale de FENCES, c’est ce que j’ai ressenti quand mon père est décédé. Ce qui réconfortait beaucoup mon père vers la fin de sa vie, c’est que les gens prient pour lui. Parce qu’il envisageait sa propre mortalité. Il voyait l’omnipotence de Dieu, et c’est ce qu’on dit en général du héros tragique : il s’apprête à rencontrer son Créateur.
Ce qui m’a plu dans cette scène finale, c’est que Troy a trouvé sa place. Il peut considérer qu’il est dans la cour des grands. Il a le sentiment que sa vie a eu un sens. Sa vie n’a pas été parfaite, mais elle a eu un sens. Et en tenant le rôle du messager – en jouant de la trompette pour que s’ouvrent les portes du paradis –, il donne une transcendance à cette scène.

En quoi votre père vous rappelle-t-il Troy ?

Il m’a fait penser à Troy parce qu’il était très, très loin d’être parfait ! Troy appartient à la même génération que mon père. Mon père est né en 1936. Pour lui, la discipline passait par les coups. Et son propre père, tout comme le père de Troy, le battait, sans doute parce qu’il était issu de la première génération qui n’avait pas connu l’esclavage. Pour lui, il n’y avait que les coups et la violence physique. Ces hommes ne savaient pas bien comment assumer leur rôle de père.
Ils devaient aussi subir les conséquences de leurs rêves déchus, de leurs occasions manquées. Il faut bien voir qu’en 1936, rares étaient ceux qui faisaient des études. On ne se posait pas la question de savoir quel boulot on allait faire ou dans quel domaine d’activité on souhaitait travailler. Quand on était un homme noir, originaire de Caroline du Sud, comme mon père, on avait un avenir très limité, pour ne pas dire très sombre. Mon père est resté analphabète jusqu’à l’âge de 15 ans et n’a jamais vraiment su très bien lire ou écrire. Il avait aussi un problème d’alcoolisme. Mais il avait un regard sur le monde très particulier, et on ne pouvait pas en discuter avec lui. Il était inenvisageable de bousculer ses certitudes. Quand il vous disait de faire quelque chose, vous le faisiez. À cet égard, il était très proche de Troy.

On a souvent dit que l’écriture d’August est à la fois réaliste et métaphysique. De ce point de vue, le dramaturge Tony Kushner, parmi d’autres, a souligné que Wilson est plus proche d’Eugene O’Neill que tout autre auteur.

Absolument. En témoigne la tirade finale de Herald Loomis dans JOE TURNER’S COME AND GONE. Quand sa femme Martha, qu’il a perdue de vue depuis longtemps, revient, elle est devenue profondément chrétienne. Il lui lance : « Tu me parles du Saint-Esprit. Tu sais que tu as été baptisée avec le sang du Christ ? Où cela t’a-t-il menée ? Où cela m’a-t-il mené ? » C’est tellement blasphématoire que ça vous serre le cœur. Comme si on s’attendait à ce que le plafond s’écroule et que Loomis se mette à s’embraser sur scène.
Jusqu’au moment où on comprend que Loomis a suivi ce périple pour trouver du sens à sa vie. Il a été esclave. Puis, après avoir été affranchi, il est capturé et pratiquement réduit en esclavage à nouveau. Il s’exclame : « J’ai été en prison toute ma vie. J’ai été enchaîné à d’autres forçats. J’avais l’impression de n’être rien. C’est à cela que m’a réduit l’homme blanc : à n’être qu’un nègre. Et Dieu n’a rien fait pour moi, je n’ai jamais vu Dieu toutes ces années. Je ne le vois pas. Je ne le vois pas du tout». Et alors que Martha lui fait la morale, il se lance dans un rituel africain. Ce que j’adore chez August, c’est son audace.

FENCES est la première pièce du Cycle du Siècle américain d’August Wilson à être adaptée au cinéma. On parle d’ailleurs d’un projet d’adaptation depuis près de trente ans – en fait, depuis que la pièce a remporté le prix Pulitzer. Au bout de tant d’années, quelle responsabilité éprouve-t-on en tournant ce film ?

Je me sens une responsabilité considérable. Même si ce film avait été réalisé il y a trente ans, le sentiment de responsabilité aurait été extrêmement fort. Vous savez, Peter O’Toole a été cité dix fois à l’Oscar et n’a jamais remporté de statuette et pas mal de gens considèrent que c’est tragique. Ce que je me dis, c’est qu’il a eu dix fois l’occasion de participer à un récit formidable grâce auquel il a été nommé à l’Oscar. C’est ce qui a manqué aux acteurs noirs : les grandes histoires. Les auteurs manquaient d’imagination. Jusqu’à ce que, finalement, des auteurs comme August se sont mis à écrire pour nous.
J’ai le sentiment d’être moi-même une personne très compliquée. J’essaie de ne pas l’être, mais je suis un mélange de souvenirs, d’incohérences, d’hypocrisie, de joie, de souffrance, d’humour, de féminité et de sexualité. Mais lorsque tout cela est transposé dans une fiction, il semble qu’il y ait comme un formidable effet de filtre. Et lorsque les Afro-Américains sont mis en scène au cinéma ou au théâtre, ils sont le plus souvent réduits à une image ou à un message social d’un phénomène qui les dépasse. Notre fonction est didactique.
Et je crois que s’il n’y a pas de message, les histoires des Noirs américains semblent sans intérêt. À croire qu’on ne peut pas, tout simplement, être représentés comme des hommes et des femmes qui tentent de vivre du mieux qu’ils peuvent, malgré leurs souffrances. Non pas qu’August se moque de faire passer un message. Il fait bien entendu passer un message dans JOE TURNER’S COME AND GONE. Il le fait encore dans KING HEDLEY II. Et encore dans GEM OF THE OCEAN. Mais il le fait en s’intéressant aux problèmes humains, à nos rapports les uns aux autres, à notre identité. On ne peut donc que sentir le poids d’une formidable responsabilité en transposant cela à l’écran et en tâchant de rester fidèle à la force de son écriture.

Quand elle est réussie, l’adaptation cinématographique d’une pièce s’impose souvent comme la version définitive de l’œuvre théâtrale. Elle s’inscrit davantage dans la durée et elle est vue par bien plus de spectateurs qu’une pièce. Avec FENCES, ressentez-vous une responsabilité particulière en contribuant à la version définitive de l’œuvre ?

On ne peut pas se lancer dans ce genre d’aventure en ayant cette pression sur les épaules. On ne peut pas savoir à l’avance ce que les spectateurs vont en retirer. C’est impossible. Si on se met une telle pression, alors on est sûr de se planter. La seule chose qu’on puisse faire, c’est de donner le meilleur de soi-même. On n’a pas envie de foirer, quel que soit le spectacle. Il faut connaître et cerner du mieux possible l’être humain qu’on incarne. C’est le boulot de l’acteur. Mais en jouant ce rôle, je me sens une responsabilité en tant que femme noire.
Vous savez, il y a plusieurs années, j’ai vue «FENCES» au théâtre avec une formidable comédienne dans le rôle de Rose. Mais dès sa première apparition sur scène, elle était folle de rage. Elle a joué le rôle du début à la fin dans l’état psychologique où se trouve Rose pendant la fameuse scène du monologue.
Or, vous avez dit qu’on avait l’impression que je «bouillais intérieurement» en parlant de mon jeu. Je crois que ces paroles couvent en Rose depuis très longtemps. Ces paroles couvent en toute personne mariée depuis plus d’une minute ! Quand on vit en couple, on est obligé de faire des concessions et d’être d’accord avec son partenaire même quand on ne l’est pas tout à fait. Et de faire d’énormes sacrifices. Ce que je voulais exprimer dans mon jeu, c’est qu’il s’agit d’un couple qui fonctionne. Il n’est pas parfait, mais s’il n’avait pas dû surmonter ces épreuves [l’infidélité de Troy et son affrontement avec Cory], il ne se serait pas séparé et le couple fonctionnerait toujours. C’est ce que je voulais exprimer – si bien que lorsqu’ils se séparent, on ressent toute la douleur de ce déchirement. Je me suis dit que si j’étais en colère dès le départ et que je me mettais à balancer des légumes et à engueuler Troy, on ne comprendrait pas la raison de sa colère. On ne ressentirait pas sa souffrance au moment où le couple se déchire. On ne comprendrait pas la chute qui marque la tragédie. Les spectateurs ont besoin d’assister à une chute. C’est la seule chose à laquelle je tenais vraiment.

Denzel Washington est à la fois réalisateur et comédien. Comment l’avez-vous vécu ?

Il y a très longtemps, on expliquait aux acteurs que dans notre métier, on imitait la vie. Et Denzel est un formidable observateur de l’existence. Il sait instinctivement ce qui n’est pas authentique. Il sait quoi vous dire pour révéler votre part d’authenticité. Il est très friand de simplicité, tout comme l’était Lloyd Richards et Israel Hicks – comme tout grand metteur en scène doit l’être.
Denzel a joué un rôle déterminant pour que la scène finale entre Rose et Cory soit la plus convaincante possible. Quand on la répétait, Denzel m’a dit : « Écoute, Viola, on va tenter quelque chose. Donne-lui une gifle ». Je lui ai répondu : « Pardon ? » Il m’a dit : « Joue la scène. Quand Cory te dit, ‘Je ne viendrai pas à l’enterrement de papa’, gifle-le. Balance-lui une vraie baffe pour qu’il s’en souvienne ».
Je lui ai dit « Très bien ». Et je l’ai giflé et Cory m’a dit : « Mais, maman…je… tu sais bien que je… Tu sais, papa était toujours… » Et je lui ai répondu : « Je ne veux rien entendre. Je ne veux rien entendre». Et tout à coup, ça a débloqué quelque chose. Et Denzel m’a dit : « Ce n’est pas un monologue. Tu t’exprimes comme ça à l’intention de Cory. Quoi qu’il arrive, laisse faire, mais il ne s’agit pas de toi. L’enjeu, c’est lui ». Et j’ai compris. C’est ce qu’il faut pour faire sauter un verrou chez un acteur. Il suffit parfois de quelques mots bien choisis pour que tout se débloque.

La sortie de FENCES va permettre de mettre en lumière l’« American Century Cycle ». Quelle est la résonance de cette œuvre pour vous qui êtes artiste ? Et pour le pays tout entier ?

Je crois que les gens ont une certaine image des Noirs américains, de leur mode de vie, et de leur regard sur le monde. L’impact de cette œuvre théâtrale correspond exactement aux propos de Vera dans SEVEN GUITARS : elle nous fait entrer de plain-pied dans la vie des spectateurs et des personnages. Et elle nous fait passer le message : « J’ai quelque chose à vous dire. Nous existons en tant que peuple. Nous sommes là et nous allons vous raconter notre histoire. Vous avez une histoire à nous raconter ? Eh bien, nous en avons une également ». Ce cycle du « siècle américain » inscrit la vie des Noirs américains, leur histoire et leurs souffrances dans le grand roman national. Voilà l’impact de cette œuvre.

Et quelle est la résonance de l’œuvre d’August Wilson pour les artistes Noirs Américains ?

Je me souviens d’une discussion avec un ami où on se demandait ce qui était le plus important : le pardon ou la permission ? Je lui ai dit qu’à mon avis c’était la permission. Et j’en suis convaincue. Quand on a un objectif et une ambition et qu’on est un artiste noir américain, mais qu’on n’a pas de manifestation physique de ses rêves et de ses désirs, alors on ne sent pas autorisé à faire quoi que ce soit. C’est l’effet qu’a produit sur moi la comédienne Cicely Tyson dans THE AUTOBIOGRAPHY OF MISS JANE PITTMAN. Elle m’a permis de comprendre que tout ce qui m’est arrivé dans ma vie n’est pas qu’un coup de chance extraordinaire. Au lieu de le réprimer – comme le dit Floyd dans SEVEN GUITARS – ce sentiment s’est exprimé au grand jour et a du sens. Voilà l’impact de l’oeuvre d’August Wilson. Elle a donné à d’autres artistes noirs américains le droit légitime de faire entendre leur point de vue sur le monde.

Le film se déroule dans le Hill District à Pittsburgh et y a aussi été tourné. Quelle est l’importance de ce quartier ?

C’est là qu’August est né et a grandi et il incarne un personnage à part entière dans la quasi- totalité des pièces du Cycle, et incontestablement dans ce film. L’histoire du Hill District, son allure, ses habitants, ses odeurs – tout cela imprègne le récit. Je vois le Hill District sans doute de la même manière que Woody Allen voit New York. Le quartier imprègne nos rêves, nos espoirs, les lieux où nous vivons, l’architecture de nos maisons, l’étroitesse de nos rues…
Quand on tournait sur place, les habitants tenaient à ce qu’on reste fidèle à FENCES. Il y avait un type qui vivait dans la maison où nous avons tourné et il sortait de chez lui tous les jours pour nous proposer du café. Il nous disait à chaque fois : « Comment ça va aujourd’hui ? Bon Dieu, vous faites un sacré boulot ».

August n’a jamais rompu ses attaches avec le Hill District.

Absolument. August est resté très loyal envers la communauté noire. Il a toujours été digne en se montrant très respectueux des Noirs. Ce n’est pas le cas de tous les auteurs. Il arrive qu’ils tournent en ridicule ce qu’il y a de plus sincère en nous. Ou qu’ils le travestissent sous le poids de la souffrance ou se révèlent paternalistes. Mais sous la plume d’August, l’histoire des Noirs américains est à la fois heureuse et joyeuse, tout en étant tragique. Il lui donne une complexité qui, à mes yeux, lui rend formidablement hommage.

La bande-originale du film est foisonnante et la musique a toujours été très présente dans les pièces d’August Wilson. Sa langue est également musicale. Parlez-moi de la musicalité de l’auteur.


Je sais qu’on parle très souvent de sa musicalité. Mais pour moi, cette musicalité correspond seulement à notre manière de nous exprimer. D’emblée – dès l’instant où j’ai passé une audition pour le rôle de Vera –, je me suis approprié les mots d’August. Ils me sont venus naturellement, parce que ce sont mes mots, ce sont ceux de ma mère et de mon père. Et ces mots sont sortis tout seuls, comme une libération. Il y a des expressions qui resteront gravées en moi toute ma vie. Cette poésie des mots restera en moi jusqu’à la fin de mes jours. Ils resteront à tout jamais associés à mon souvenir d’August.

 
#Fences

CHACUN SA VIE

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Au cinéma le 15 mars 2017

Le making-of du film nous montre Claude Lelouch en action et partage quelques petits moments acteurs/réalisateur avec nous.

Découvrez CHACUN SA VIE côté coulisses !

Claude Lelouch et ses acteurs racontent
le tournage de ce film au casting exceptionnel...


Un film réalisé par Claude Lelouch 
Avec
Éric DUPOND-MORETTI Johnny HALLYDAY Nadia FARÈS
Jean DUJARDIN Christophe LAMBERT Antoine DULÉRY
Thomas LEVET Marianne DENICOURT Raphaël MEZRAHI
RUFUS Chantal LADESOU Gérard DARMON
Julie FERRIER Stéphane DE GROODT Samuel BENCHETRIT
Jean-Marie BIGARD Angelica SARRE Déborah FRANÇOIS
Liane FOLY Isabelle DE HERTOGH Laurent COUSON
Francis HUSTER Mathilde SEIGNER Pauline LEFÈVRE
Ramzy BEDIA Dimitri NAÏDITCH Michel LEEB
Vanessa DEMOUY Philippe LELLOUCHE David MAROUANI
Béatrice DALLE Valérie STEFFEN Lola MAROIS
Elsa ZYLBERSTEIN Vincent PEREZ Solenne RODIER
Zinedine SOUALEM William LEYMERGIE Isabelle PASCO


Résumé : Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables.

Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre.

Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins...

Bande annonce (VF)






   
#ChacunSaVie


Autre post du blog lié à CHACUN SA VIE

LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2

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Au cinéma le 26 avril 2017

Entre une affiche psychédélique et une bande annonce fun, drôle, pleine d'action et d'effets spéciaux délires, je ne fais que trépigner d'impatience à l'idée de découvrir la suite des aventures des Gardiens de la Galaxie.

Un film réalisé par James Gunn
Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Michael Rooker et Kurt Russell


La nouvelle bande annonce (VOSTFR)



A PROPOS DU FILM :

Avec en toile de fond musicale une nouvelle cassette audio dont la mère de Peter Quill avait le secret, LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2 nous entraîne dans la suite des aventures de cette drôle de bande de mercenaires aux confins du cosmos. Les Gardiens vont cette fois devoir lutter pour rester unis lorsqu’ils percent le mystère de la véritable filiation de Star-Lord. Ceux qui autrefois étaient leurs ennemis vont devenir leurs alliés, et des personnages bien connus des fans des comics vont venir en aide à nos héros... Avec LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL 2, l’univers cinématographique Marvel prend une nouvelle dimension.

Ecrit et réalisé par James Gunn (LES GARDIENS DE LA GALAXIE, HORRIBILIS) LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2 marque le retour à l’écran de l’équipe originale des Gardiens, à savoir Chris Pratt (JURASSIC WORLD, ZERO DARK THIRTY) dans le rôle de Peter Quill alias Star-Lord, Zoe Saldana (STAR TREK INTO DARKNESS, AVATAR) dans le rôle de Gamora, Dave Bautista (SPECTRE, RIDDICK) dans le rôle de Drax le Destructeur, Vin Diesel (XXX, FAST & FURIOUS 7) qui prête sa voix à Groot, Bradley Cooper (JOY, AMERICAN SNIPER) qui prête sa voix à Rocket, Michael Rooker (JUMPER, la série « The Walking Dead ») dans le rôle de Yondu, Karen Gillan (THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIECLE, la série “Doctor Who”) dans le rôle de Nebula et Sean Gunn (la série « Gilmore Girls ») dans celui de Kraglin. Ils sont rejoints par les nouveaux venus Pom Klementieff (OLDBOY) dans le rôle de Mantis, Elizabeth Debicki (GATSBY LE MAGNIFIQUE, EVEREST), Chris Sullivan(la série « The Knick », QUAND VIENT LA NUIT) et Kurt Russell (LES HUIT SALOPARDS, FAST & FURIOUS 7).

LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2 est produit par Kevin Feige, le président des Studios Marvel. Les producteurs exécutifs sont Louis D’Esposito, Victoria Alonso, Jonathan Schwartz, Nik Korda et Stan Lee.

Parmi l’équipe créative, on retrouve le directeur de la photographie Henry Braham (TARZAN, A LA CROISEE DES MONDES : LA BOUSSOLE D’OR), le chef décorateur Scott Chambliss (STAR TREK, A LA POURSUITE DE DEMAIN), les chefs monteurs Fred Raskin (DJANGO UNCHAINED, LES HUIT SALOPARDS) et Craig Wood (A LA POURSUITE DE DEMAIN, PIRATES DES CARAIBES : JUSQU’AU BOUT DU MONDE), la costumière Judiana Makovsky (CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR), HARRY POTTER A L’ECOLE DES SORCIERS), le superviseur des effets visuels Chris Townsend (AVENGERS : L’ERE D’ULTRON, IRON MAN 3), le coordinateur des cascades Tommy Harper (PIRATES DES CARAIBES : DEAD MEN TELL NO TALES, CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER), le coproducteur et premier assistant réalisateurLars Winther (CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR, CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER) ainsi que le superviseur des effets spéciauxDan Sudick (CAPTAIN AMERICAN : CIVIL WAR, AVENGERS) et le compositeur Tyler Bates (JOHN WICK, CONAN).

Le premier opus des GARDIENS DE LA GALAXIE s’est révélé un succès tant critique que public, affichant 770 millions de recettes au box-office mondial. Il détient encore à ce jour le titre de « meilleur démarrage » pour un film issu de l’univers cinématographique Marvel. De plus, sa bande originale s’est vue récompensée par un disque de platine et a été nommée aux Grammy Awards®.

Basé sur les personnages du comic Marvel publié pour la première fois en 1969, LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2 s’inscrit dans la droite ligne des spectaculaires aventures épiques Marvel entreprises par les studios Marvel ces dernières années : IRON MAN, L’INCROYABLE HULK, IRON MAN 2, THOR, CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, AVENGERS, IRON MAN 3, THOR : LE MONDE DES TENEBRES, CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER, LES GARDIENS DE LA GALAXIE, AVENGERS : L’ERE D’ULTRON, ANT-MAN, CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR , DOCTOR STRANGE et en 2017, de SPIDER-MAN et THOR : RAGNAROK.

À PROPOS DE MARVEL ENTERTAINMENT

Marvel Entertainment, LLC, filiale à 100 pour 100 de The Walt Disney Company, est l’une des sociétés mondiales leaders dans le divertissement. Elle s’appuie sur un catalogue reconnu de plus de 8000 personnages apparus dans une grande variété de médias depuis plus de soixante-dix ans. Marvel gère ses franchises de personnages dans le divertissement, les licences et l’édition. Pour plus d’informations, visitez Facebook.com/MarvelFR et suivez nous sur Twitter.com/MarvelFR.

 
#GardiensdelaGalaxie2

Autre post du blog lié au film LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2

BRIMSTONE

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Au cinéma le 22 mars 2017

Guy Pearce a l'air excellent dans ce rôle de révérend froid, cruel et terrifiant. En tout cas, à voir l'extrait, on n'a pas envie de participer au sermon !

Un film réalisé par Martin Koolhoven 
Avec Guy Pearce, Dakota Fanning, Carice Van Houten, Kit Harington...


Résumé : Dans l’Ouest américain, à la fin du XIXe siècle. 
Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait Guy Pearce (VOSTFR)



L'affiche personnage de Guy Pearce


 
#Brimstone


Autre post du blog lié à BRIMSTONE

KONG: SKULL ISLAND

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Action/Aventure/Fantastique/Visuellement époustouflant, un scénario moyen

Réalisé par Jordan Vogt-Roberts
Avec Tom Hiddleston, Brie Larson, John Goodman, Samuel L. Jackson, Toby Kebbell, John C. Reilly, Jing Tian, Corey Hawkins...

Long-métrage Américain/Vietnamien 
Durée: 01h58mn
Année de production: 2017
Distributeur: Warner Bros. France 

Date de sortie sur les écrans américains : 10 mars 2017
Date de sortie sur les écrans vietnamiens : 10 mars 2017
Date de sortie sur nos écrans : 8 mars 2017


Résumé : Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséKONG : SKULL ISLAND est extrêmement réjouissant visuellement. Le réalisateur, Jordan Vogt-Roberts, nous offre de splendides images de paysages et de monstres qui mettent dans l'ambiance. Notamment quand il met Kong à l'honneur. On s'y croirait ! L'impression d'être au cœur de l'action et de voyager avec les protagonistes est encore plus forte en IMAX 3D. 







Il fait un excellent travail pour nous remettre dans l'atmosphère post guerre du Vietnam. Les jalons de l'histoire sont bien posés, l'introduction des personnages est maîtrisée, les protagonistes sont identifiés et attachants, et l'arrivée sur Skull Island est aussi spectaculaire qu'impressionnante. Cependant, le scénario s'essouffle à partir de là et des incohérences apparaissent. Je ne parle pas d'incohérences scientifiques, il s'agit d'un film fantastique avec des monstres, donc tout est plus ou moins autorisé. Le problème vient des comportements humains. Une certaine caricature s'installe. On a l'impression que les décisions qu'ils prennent servent uniquement à introduire de l'action dans la scène suivante au détriment de l'histoire. Cela décrédibilise l'ensemble de l'aventure. 

Le comportement destructeur de l'homme face à l'environnement est ici clairement dénoncé. Les acteurs sont tous supers, mais la multitude de personnage fait qu'ils n'ont pas vraiment la place d'exister, car l'île de Skull Island est un personnage à part entière et elle est beaucoup plus passionnante que les humains. Finalement, au-delà du début du film, on ne les connaît pas vraiment ces protagonistes. Pourtant, ils sont sympas et on a plaisir à voir jouer d'excellents acteurs. Tom Hiddleston interprète James Conrad, un ancien militaire et aventurier, qui sait comment survivre face aux menaces de la jungle. 



Brie Larson interprète Mason Weaver, une photo reporter qui n'a pas froid aux yeux. 



Samuel L. Jackson interprète le Colonel Preston Packard, un militaire qui ne voit la vie qu'au travers du prisme militaire. 


John C. Reilly interprète Hank Marlow, un personnage drôle et décalé. 


KONG : SKULL ISLAND est définitivement un divertissement visuellement époustouflant, aux moments d'action palpitants et aux images magnifiques. Cependant, un scénario mieux travaillé aurait permis au film de prendre plus d'ampleur et de donner plus de profondeur à son sujet environnemental. En tout cas, il est parfait pour un bon moment de détente.


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

VIVE LE ROI !

Hors du commun. Unique survivant de son espèce. Roi de Skull Island.
Depuis sa première apparition il y a plus de 80 ans, King Kong crève encore magistralement l'écran pour faire son entrée dans notre monde avec une force qui résonne toujours autant dans l'imaginaire collectif. L'heure est venue de restituer sa couronne au monstre le plus emblématique de l'histoire du cinéma.

"Kong représente tout ce qu'il reste de mystère et de magie dans le monde", déclare le réalisateur Jordan Vogt-Roberts. "C'est la raison pour laquelle il ne cessera jamais de parler au public".

C'est l'équipe de producteurs de GODZILLA, en 2014, qui s'est lancée dans ce nouveau projet : imaginer une toute nouvelle aventure au gorille le plus puissant de l'histoire du cinéma.

Pour Thomas Tull, qui a produit le film avec Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia, cette perspective était à la fois stimulante et redoutablement intimidante. "On voulait mettre au point une expérience complètement inédite pour le public", raconte Thomas Tull. "En tant que fans du personnage, on tenait beaucoup à respecter les ingrédients essentiels qui ont touché tant de gens partout dans le monde. Le résultat est une aventure grandiose, divertissante, monumentale, qui offre du grand spectacle et des scènes d'action trépidantes".

La légende de Kong et l'imagerie qui lui est associée continuent à toucher au plus profond des générations entières de fans, mais pour des raisons très variées. "Il y a beaucoup d'éléments qui caractérisent King Kong – sa taille, sa puissance, son animalité, mais aussi son grand coeur et sa grandeur d âme", note la productrice Mary Parent. "Il puise dans notre affection naturelle pour les primates en général, et c'est ce qui a toujours différencié King Kong des autres monstres. Bien que ce soit un prédateur terrifiant, on ne peut qu'être de son côté. Dans un sens, il tient plus du héros romantique traditionnel que du méchant".
Kong est le précurseur des méchants les plus balèzes du grand écran. Le personnage évoque à la fois toute la violence de la nature sauvage mais aussi nos propres instincts primitifs. Tom Hiddleston suggère que "King Kong incarne le conflit intérieur entre les êtres civilisés que nous sommes et cette part de nous-mêmes qui nous dépasse. Comment concilier le fait que cette créature gigantesque soit à la fois une force de la nature terrifiante mais aussi un être sensible à l'intelligence différente de la nôtre mais tout aussi prodigieuse ?"

À l'origine, King Kong est sorti tout droit de l'imagination du maître des effets spéciaux Willis H. O'Brien et du sculpteur Marcel Delgado : il deviendra alors le personnage central énigmatique du film de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack – classique KING KONG (1933) – , relecture époustouflante de "La Belle et la bête" ponctuée d'aventures et de monstres géants qui a sidéré et émerveillé des millions de spectateurs à travers le monde. Au plus fort de la Grande Dépression, le film est projeté dans des salles pleines à craquer et continue de battre des records pendant plusieurs dizaines d'années durant lesquelles il est régulièrement diffusé à la télévision et dans les salles de cinéma. C'est la première grosse production à effets spéciaux centrée autour d'un monstre : il a été souvent parodié et a fait l'objet de remakes et de spin-offs, à la télévision comme au cinéma. King Kong est également devenu un symbole de la culture populaire, inspirant jeux vidéos, paroles de rap, thèses académiques, et toutes sortes de figurines, jouets et jeux.

La fin du film, qui montre King Kong, l'air conquérant, au sommet de l'Empire State Building, est l'une des plus emblématiques de l'histoire du cinéma. Mais pour les fans, dont Thomas Tull fait partie, c'est le début particulièrement audacieux qui fait figure d'histoire des origines par excellence. D'ailleurs, sans elle, il n'aurait pas pu complètement réaliser son rêve d'un film estampillé MonsterVerse du XXIe siècle. Les producteurs ont sollicité les scénaristes Dan Gilroy, Max Borenstein et Derek Connolly pour qu'ils élaborent le script à partir d'une histoire originale de John Gatins. Thomas Tull témoigne : "L'un des éléments les plus intéressants de l'univers de King Kong, c'est Skull Island, qui regorge de créatures toutes plus exotiques et dangereuses les unes que les autres, et sur lesquelles King Kong règne en maître. C'est cet aspect de son univers que nous voulions dévoiler dans le film. Nos personnages ne chasseront pas King Kong de l'île. C'est à eux de survivre sur son territoire".

Samuel L. Jackson, qui incarne le lieutenant-colonel Preston Packard, le mâle dominant parmi les personnages humains du film, raconte avec enthousiasme : "Ce qu'on veut, c'est voir Kong dans un environnement grandiose et spectaculaire à sa hauteur. On sait qu'il vit dans la jungle, mais qu'est-ce qu'on y trouve d'autre ? Qu'est-ce qui lui permet d'y subsister ? Est-ce qu'il y en a d'autres comme lui, ou est-il le seul de son espèce ? On apprend en fait qu'il faisait d'abord partie d'une communauté avant qu'elle soit anéantie par une autre créature présente sur l'île. C'est maintenant lui qui règne sur l'île et qui maintient l'ordre".

Avec KONG : SKULL ISLAND, et GODZILLA avant lui, l'équipe de production jette les bases d'un vaste univers peuplé de monstres, situé dans notre monde, mais postulant l'existence de MUTOs (Massive Unidentified Terrestrial Organisms, ou Organismes Terrestres Géants Non identifiés, selon la terminologie de l'univers MonsterVerse). Mais pour lui rendre justice, il fallait non seulement organiser la rencontre de deux univers cinématographiques anciens mais aussi faire fusionner deux chronologies différentes.

La solution est venue d'une idée de génie de Vogt-Roberts, jeune réalisateur qui n'avait qu'un seul film à son actif, THE KINGS OF SUMMER, grand succès du cinéma indépendant. Le producteur Alex Garcia raconte : "L'essentiel de notre histoire autour de Godzilla, c'est l'idée que les essais nucléaires de 1954 n'étaient pas vraiment des essais, mais que le gouvernement essayait en réalité d'exterminer une créature. Jordan nous a suggéré l'idée de situer le film dans les années 1970, et ça a tout de suite titillé notre imagination. Non seulement la période collait bien avec l'univers MonsterVerse, mais c'est aussi une époque très riche à explorer sur un plan thématique, ce qui nous a permis d'introduire à la fois des scènes de guerre hyper réalistes et des monstres géants dans un seul et même film".
Pour Vogt-Roberts, KING KONG marque l'origine de son obsession pour le cinéma. "KING KONG fait incontestablement partie de l'histoire du cinéma, et lorsque j'ai découvert le film de 1933, j'ai été stupéfait par les possibilités cinématographiques infinies qu'il offrait", rapporte-t-il. "C'était le premier film à transporter le public dans un monde inexploré et sauvage. Bien qu'il se trouve sur notre planète, on s'y retrouvait confronté à des phénomènes dont on ne soupçonnait pas l'existence".

Lui qui se qualifie d'intello renfermé, le cinéaste originaire de Detroit a visionné, dans son enfance, un nombre incalculable de films de monstres, de superproductions, et de jeux vidéo. C'est sa découverte du cinéma des années 70 qui le pousse sur la voie de la réalisation. Bien que produits avant sa naissance, les films audacieux, frondeurs et engagés de cette génération font écho à son quotidien et à sa sensibilité. "Les années 70 reflètent étrangement notre société actuelle", remarque-t-il. "Tout ce qui se passait alors – les scandales politiques, l'agitation sociale, des guerres impopulaires, une certaine méfiance envers les gouvernants – rappelle très exactement ce qui se passe à l'heure actuelle. Et en même temps, c'est aussi la fin d'une période de coexistence entre la science et le mythe. Depuis, on s'est engagés petit à petit à détruire l'inconnu".

En inscrivant le monde perdu de Cooper et de Schoedsack dans une époque chaotique marquée par la présence d'hélicos, le napalm et le rock’n’roll, et en plongeant ainsi les spectateurs directement dans le bain, Vogt-Roberts espérait communiquer au public d'aujourd'hui toute la puissance et la dimension atemporelle de King Kong. "Je veux que le film bouscule le public, et le projette immédiatement dans une aventure à la fois viscérale, intense, et hors du commun. Je suis à peu près certain que dans aucun autre film on ne voit une créature géante aux allures de gorille envoyer un grand coup de poing dans un hélicoptère Huey", dit-il en souriant. "Mais c'était ça le film que je voulais voir".

En transposant l'histoire des années 30 à une époque plus moderne – mais pas contemporaine –, le décor s'est parfaitement adapté aux thèmes que le réalisateur et ses producteurs voulaient aborder. Tom Hiddleston, qui avait accepté le rôle du capitaine James Conrad – vétéran désabusé du Special Air Service britannique – avant même que le réalisateur ne soit engagé, raconte : "On est dans un monde qui précède la tyrannie des satellites et de la surveillance généralisée et de l'hyper-information. On n'avait pas l'impression, comme c'est le cas aujourd'hui avec Internet, les téléphones portables et les GPS, qu'on savait tout du monde qui nous entoure. L'époque choisie nous a aussi permis d'avoir un prisme très large pour appréhender le rôle de King Kong dans un débat sur la guerre et sur la propension des êtres humains à détruire ce qui leur échappe".

Pour Brie Larson, qui incarne Mason Weaver, une photojournaliste de guerre, c'est cette dynamique qui a donné aux acteurs un vaste territoire thématique à explorer. "Pour moi, cette histoire ressemble à une allégorie de la nature animale qui est en chacun de nous", suggère-t-elle. "On est tellement éloignés aujourd'hui de cette part de nous-mêmes : on a l'impression qu'il faut qu'on s'en débarrasse en quelque sorte. Il s'agit aussi de la façon dont on aborde le monde qui nous entoure et dont on traite la nature, de l'importance qu'on lui accorde, et de l'importance qu'on accorde aux autres êtres humains".

L'année 1973 a marqué à la fois la fin de la guerre du Vietnam, mais aussi le début du programme Landsat, dans le cadre duquel la NASA a commencé à cartographier la planète depuis l'espace. Une décision qui a permis aux producteurs de justifier la découverte de l'habitat naturel de King Kong. "Sauf que", explique le producteur Jon Jashni, "Skull Island est un espace où l'arrogance des hommes peut leur porter préjudice s'ils ne font pas attention à l'endroit où ils mettent les pieds".

Bien que King Kong soit la créature la plus puissante de l'île, il n'est pas le plus méchant ni le plus terrifiant, loin de là... "Skull Island s'est retrouvée complètement en autarcie et a suivi sa propre évolution un peu étrange", explique Alex Garcia. "C'est un lieu sublime, mais c'est aussi le plus dangereux de la planète et il fourmille de créatures hors du commun. Ça n'est pas un endroit favorable aux êtres humains, et leur simple présence va en fait avoir des conséquences profondes sur cet équilibre fragile".

Vogt-Roberts a imaginé les métamorphoses de l'île en matière d'atmosphère et de caractère et réfléchi à l'impact produit par chaque source d'émerveillement ou de terreur sur les personnages et leurs décisions. "L'une des plus grandes réussites de l'être humain, c'est de s'être soustrait à la chaîne alimentaire", note-t-il. "Les personnages débarquent à Skull Island pleins de certitudes sur notre place dans le monde, et tout à coup, tout ça ne leur sert plus à rien, parce qu'ils ont repris leur place dans la chaîne alimentaire. Je voulais réfléchir aux répercussions que cela peut avoir sur les gens : Qui s'effondre ? Qui en ressort plus fort ? Qui décide de s'entraider ?"

Ce sont ces questions qui servent de point d'ancrage pour le film, ajoute le réalisateur. "J'adore l'idée d'avoir une poignée de personnages qui rentrent de la guerre du Vietnam sans plus croire en rien et sans savoir exactement où est leur place dans le monde, et de les projeter dans cet espace mystérieux. Dans le film, King Kong n'est pas seulement un animal gigantesque. Il ne s'agit pas d'une histoire où l'homme lutte contre la nature. Et c'est la raison pour laquelle notre King Kong sera le plus grand de toute l'histoire l'Hollywood : je veux que le public se rende compte de l'effet que ça fait de lever les yeux et de s'apercevoir qu'une créature féroce de trente mètres de haut vous surplombe".
KONG : SKULL ISLAND confronte le spectateur à un véritable colosse majestueux et puissant. Mais sa stature titanesque n'est pas le seul élément que les producteurs ont choisi de modifier. Mary Parent explique : "King Kong est adolescent quand on fait sa connaissance pour la première fois : il est tout juste en train d'assumer son rôle de mâle dominant, sur une île qui regorge de créatures bien plus féroces que lui, comme les Skullcrawlers qui ont anéanti ses ancêtres et l'ont réduit à être le dernier représentant de son espèce. Et c'est la raison pour laquelle revisiter cet aspect de l'univers de King Kong est tellement passionnant. King Kong lui-même est un personnage extrêmement captivant, mais il se prépare à mener le combat de sa vie, afin de conquérir son titre de roi de Skull Island".

Pour permettre au public de s'immerger totalement à Skull Island, l'équipe a traversé la planète et s'est rendue dans les lieux les plus sublimes et les plus exotiques jamais filmés. Vogt-Roberts raconte : "Quand on porte un mythe à l'écran, non pas en tant que symbole mais en chair et en os, il est primordial de le faire dans un cadre qui donne l'impression d'être palpable, réel et complètement vivant. C'est la raison pour laquelle il était si important pour nous de tourner presque exclusivement dans un cadre où les acteurs pouvaient interagir avec leur environnement, et non pas devant un fond vert. Je veux que, dans la salle de cinéma, les gens se disent 'J'y crois'".

Le tournage du film s'est déroulé sur trois continents, notamment en Australie, à Hawaï, et au Vietnam. Les images ont ensuite été subtilement montées afin de susciter l'impression d'un monde hors du commun. C'est le premier film de cette ampleur à être tourné en grande partie au Vietnam. Du coup, il a fallu prendre des dispositions logistiques complexes afin de pouvoir tourner dans des sites complètement vierges au nord du pays, tout en préservant l'écosystème local à chaque instant.

Afin de permettre au personnage central de faire un retour fracassant au cinéma, Vogt-Roberts a réuni une équipe de choc de techniciens qui a mis la barre très haut en matière de décors, d'effets spéciaux et de personnages infographiques.

KONG: SKULL ISLAND n'est que le deuxième film de Vogt-Roberts, mais c'est de loin son projet le plus ambitieux qu'il a mené à bien sans se laisser impressionner. Il se souvient : "Ce qui m'a guidé tout au long de cette aventure titanesque, c'était la perspective de concevoir une expérience sensorielle qui soit aussi réaliste que possible, afin que le mythe de Kong ait une vraie résonance aux yeux des spectateurs. Même si on a tourné un film complètement nouveau, avec une intrigue résolument originale, il s'agit toujours de King Kong".

NOUS NE SOMMES PAS À NOTRE PLACE : LE CASTING

Les producteurs ont réuni une équipe d'acteurs de premier plan pour camper toute une galerie de personnages dont les trajectoires individuelles s'inscrivent sur la toile de Skull Island. Citons notamment Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, John Goodman, Brie Larson et John C. Reilly, ainsi que Jing Tian, Toby Kebbell, John Ortiz, Corey Hawkins, Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Marc Evan Jackson. 

"C'est une histoire humaine que je voulais raconter à travers ce film spectaculaire, et j'ai eu beaucoup de chance de faire équipe avec tous ces acteurs extrêmement talentueux et dévoués", témoigne Vogt-Roberts. "Les comédiens ont énormément donné de leur personne, et n'ont pas eu peur d'être dans la spontanéité, si bien que le film en a vraiment bénéficié et que chaque instant est profondément drôle, effrayant, ou réaliste". 

"Jordan s'est montré courageux, audacieux et original dans sa conception du film, et a pris soin de rester très ouvert à tous les acteurs du film", juge Tom Hiddleston.

John C. Reilly, qui incarne le naufragé Hank Marlow, ajoute : "Jordan est complètement imperturbable. Il portait sur ses épaules le poids d'une superproduction, et pourtant on aurait dit qu'il était en train de réaliser un film indépendant. Il nous a permis de faire des découvertes, d'explorer des idées nouvelles, et c'est très rare dans ce genre de films".
KONG : SKULL ISLAND commence en 1973, à une période de changements, de guerre perdues, et de vieilles croyances qui partent en fumée au milieu des vapeurs de napalm et au rythme du rock’n’roll. L'humanité a conquis et apprivoisé les moindres recoins du monde, et la NASA a lancé un satellite afin de traquer ce qu'il reste de territoire inconnu, en cartographiant pour la première fois la planète depuis l'espace.

Tandis que Landsat 1 repère une anomalie géothermique de grande ampleur dans le Pacifique Sud, ses objectifs et ses capteurs y détectent de la terre ferme. Pour la NASA, l'île en forme de crâne n'est qu'une simple masse terrestre... connue pour les nombreux navires et avions qui disparaissent à ses abords.

Seul Bill Randa, agent spécial à la tête de l'équipe Monarch incarné par John Goodman, pense savoir ce que cette tempête a pu cacher depuis des millénaires. Créée au milieu des années 50 en réponse aux "essais" nucléaires dans l'atoll de Bikini – qui était plus précisément la cible de ces essais –, l'équipe Monarch a beaucoup perdu de son prestige par la suite. Au début des années 70, ce que Thomas Tull surnomme "la CIA de MonsterVerse"ne subsiste que parce que Randa a la ferme conviction qu'il faut dénicher tous les MUTO avant qu'ils ne s'attaquent aux humains. Et le satellite Landsat vient de transmettre son meilleur cliché permettant de prouver ce qu'il avance et de reprendre les recherches.

"Ça fait trente ans que Randa est à la recherche de Skull Island", explique Goodman. "Du coup, grâce à un coup de pouce du gouvernement Nixon, il rassemble une équipe qui va s'associer à la mission Landsat, officiellement pour chercher des ressources naturelles rares dans les sous-sols de l'île. Enfin c'est ce qu'il raconte, en tout cas", ajoute-t-il en souriant.

Le géologue qu'il recrute à la sortie de Yale vient d'écrire un article controversé, bien que solide sur le plan scientifique, au sujet de la théorie – que certains qualifieraient de complotiste – de la Terre creuse. Corey Hawkins, qui campe Houston Brooks, le jeune et brillant diplômé, raconte : "Il a écrit un papier convaincant sur la Terre creuse, mais pour Houston ça n'est rien d'autre qu'une théorie. Il est sceptique. Pour être honnête, Houston doit penser que Randa est fou, mais pour un jeune homme noir dans les années 70 c'est un bon tremplin".

Dans les rangs de l'équipe Monarch, on trouve San, biologiste de renom dont le travail convaincant sur les anomalies dans la jungle du Brésil a immédiatement attiré l'attention de Randa. Jing Tian, qui tient son rôle, témoigne : "San étudie l'existence de ces créatures depuis longtemps et sait dès le départ ce que nos explorateurs peuvent s'attendre à trouver sur Skull Island. Même si leur approche est différente, Brooks et San forment une très bonne équipe et s'épaulent durant l'expédition. Cette dynamique s'est installée très naturellement entre moi et Corey, qui est un acteur extrêmement talentueux".

Les deux jeunes acteurs étaient très heureux de travailler avec John Goodman, acteur bien plus aguerri. "Il était partant pour tout", se rappelle Hawkins. "Je me souviens d'un moment sur le tournage où on est montés en haut d'une colline. Je lui ai demandé : 'John, pourquoi est-ce que vous faites ça ici avec nous ?' Et il a répondu : 'Parce que c'est un truc que je n'ai jamais fait'".

Tandis que l'équipe Landsat se prépare – pense-t-elle – à une étude de routine destinée à vérifier la fiabilité des satellites, Randa, lui, se lance dans une aventure qui pourrait tous leur coûter la vie. Afin de se repérer sur ce territoire vierge inexploré, et de dénicher la créature dont il est convaincu de l'existence, il lui faut un traqueur. Et il sait où trouver le meilleur d'entre eux : dans un tripot de Saigon.

Tom Hiddleston joue le rôle du Capitaine James Conrad, ancien officier du Special Air Service, que l'acteur décrit comme "plus ou moins perdu en Asie quand Randa tombe sur lui ; il n'a pas envie de rentrer chez lui et en est d'ailleurs incapable".

Pourtant, Conrad est un type exceptionnel. Durant la guerre du Vietnam, il a entraîné les troupes américaines et sud-vietnamiennes à se battre dans la jungle, et a été envoyé dans des endroits sauvages ravagés par la guerre à la recherche de soldats perdus. "J'ai toujours été fasciné par les êtres humains qui supportent les conditions naturelles les plus extrêmes, ce dont Conrad est capable", explique Hiddleston.

Choisi pour le rôle un an et demi avant le début du tournage, l'acteur s'est beaucoup renseigné et a découvert un aspect de la guerre très méconnu, qui deviendra le pilier de l'histoire de cet homme désabusé accro aux sensations fortes. "L'Angleterre n'est jamais officiellement entrée en guerre, mais en faisant des recherches, je me suis rendu compte que les forces spéciales britanniques avaient en secret envoyé des troupes au Cambodge et en Indonésie pour entraîner les soldats américains et sud-vietnamiens en raison de leur expertise dans le domaine du combat dans la jungle", nous apprend l'acteur. "C'est la raison pour laquelle j'ai tellement apprécié de participer avec Jordan et les producteurs à l'élaboration du personnage, et à réfléchir à sa situation personnelle au moment où il s'embarque dans cette aventure qui va fondamentalement remettre en question toutes ses certitudes".

Tout comme Conrad, Mason Weaver fait partie des outsiders qui rejoignent l'équipe. Mais pas exactement de la même façon, comme l'explique Brie Larson qui joue le personnage : "Mason Weaver ne se voit pas proposer de participer à la mission. En fait, c'est elle qui leur jette de la poudre aux yeux pour les convaincre de la laisser les rejoindre, parce qu'elle est convaincue que quelque chose qu'on lui dissimule se trame dans l'ombre".

Bien que Mason Weaver ait une relation très particulière avec King Kong, elle ne joue pas le rôle de la demoiselle en détresse. Il ne s'agit pas non plus de la Belle là où King Kong serait la bête. Photojournaliste d'investigation débrouillarde, elle prend part à la mission après avoir arpenté les zones de combats les plus dangereuses. "Elle a acquis la réputation d'être très courageuse et d'être prête à tout pour révéler la vérité", raconte Brie Larson. "Elle s'est fait des ennemis comme ça, parce que beaucoup de publications, tout comme les hommes figurant sur ses clichés, n'apprécient pas beaucoup que l'on dévoile la face cachée de la guerre. D'ailleurs, dans les années 70, les champs de bataille sont des lieux exclusivement masculins, et on voulait ainsi rendre hommage aux femmes qui ont fait ce travail, et qui le font encore à l'heure actuelle".

Mason Weaver, qui se qualifie de "photographe pacifiste", a pour seule arme son fidèle appareil photo Leica. Brie Larson, grâce à son expérience de photographe, connaissait un peu le sujet, mais s'est largement documentée en matière de vieux appareils photos. "J'ai pris beaucoup de photos sur le tournage et j'ai fini par voir le monde à travers l'objectif de Mason Weaver", raconte-t-elle. "J'essayais de cerner des moments de relâchement, et je me suis mise à voir les gens différemment".

Grâce aux contacts de Randa à Washington, la mission de l'équipe Landsat devient tout à coup une priorité, obtient un financement conséquent, et un soutien militaire complet pour aller cartographier la fameuse masse terrestre dans le Pacifique Sud. "L'équipe Landsat n'avait jamais eu accès à quoi que ce soit de ce genre", explique John Ortiz, qui joue Victor Nieves, le chef d'équipe de la mission d'exploration. "Ils commencent donc à se poser des questions sur la véritable raison de la présence de l'équipe Monarch à leurs côtés... et ils ne sont pas préparés à entendre la réponse".

L'unité militaire qui mène l'exploration aérienne de l'île est dirigée par le lieutenant-colonel Preston Packard, qui s'est fièrement battu au Vietnam et avait bien l'intention de gagner la guerre … sauf que le gouvernement américain en a décidé autrement. Lorsqu'on propose à Packard d'accompagner la mission Landsat, on lui explique que l'expédition garantira à son équipe, les Sky Devils (ou diables du ciel), de l'argent facile. Il leur suffit de les emmener, de les ramener, et puis ils pourront rentrer chez eux. Rien de plus simple.

Samuel L. Jackson, qui joue le rôle d'un soldat endurci par la guerre, explique : "Packard est content de rentrer avec tous ses hommes en vie, mais saisit l'opportunité d'un dernier vol avant le retour au pays. Les gens disent qu'on a perdu la guerre, alors que lui pense qu'on a juste rendu les armes. Il veut donner à ses soldats l'occasion d'être fiers, et voit dans l'expédition une opportunité d'en faire des héros qui pourront rentrer avec une victoire à leur actif".

Toby Kebbell, Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Eugene Cordero jouent les Sky Devils, les équipiers fidèles et durs à cuire de Packard. Vogt-Roberts a choisi méticuleusement ces acteurs afin de refléter la diversité des hommes et des jeunes envoyés au front au Vietnam, pour ne peut-être jamais rentrer au pays. Le réalisateur précise : "Ils venaient de tous les milieux, jeunes ou vieux, et ces acteurs ont insufflé beaucoup de réalisme à la dimension humaine de la guerre".

Outre leur préparation physique et militaire, les acteurs ont pu passer du temps en compagnie de vétérans de différents conflits armés, notamment de la guerre du Vietnam. "J'ai l'air très jeune, et du coup quand j'ai rencontré Jordan pour la première fois, je me suis dit : 'Jamais je n'aurais pu être pilote pendant la guerre du Vietnam'", se souvient Mitchell, qui incarne l'adjudant Glen Mills, le jeune plaisantin de l'équipe des Sky Devils. "Mais en réalité la plupart de ces pilotes avaient entre 19 et 20 ans. Savoir qu'ils étaient si jeunes souligne d'autant plus à mes yeux leur courage, ce à quoi j'ai voulu rendre hommage à travers le personnage de Mills".

Kebell, qui joue le rôle du commandant Jack Chapman, le fidèle compagnon de Packard, ajoute : "On nous a dit : 'En tant que pilote d'hélico, personne n'est jamais mécontent de vous voir. Dans toute l'armée, vous êtes littéralement la seule personne que tout le monde – à part vos ennemis – est heureux de voir. Vous êtes là pour prendre soin des autres'. Et ça nous a rendus très fiers, ça nous a permis de comprendre véritablement qui sont les Sky Devils. On a eu énormément de chance de pouvoir discuter avec ces hommes".

Afin de souder leur équipe, les acteurs ont passé autant de temps ensemble que possible durant le tournage, que ce soit pour répéter, improviser sous les traits de leurs personnages, ou simplement pour se détendre. "J'ai l'impression qu'on a vraiment créé des liens fraternels", raconte Cordero, qui joue le rôle du sergent Joe Reles. "On ressent parfois un certain agacement à l'égard de ses camarades, mais toujours un amour inconditionnel; et puis, dans les moments où on en a le plus besoin, on se dit que c'est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée. Chacun devient comme un petit frère, et ça n'a vraiment pas été difficile de se mettre dans cet état d'esprit avec ces gars-là".
C'est l'avion cargo Athena qui emmène l'équipe Landsat, les scientifiques de Monarch, les Sky Devils et les électrons libres Mason Weaver et James Conrad, au plus près de leur destination. L'appareil doit cependant respecter une distance de sécurité sans laquelle il risquerait d'être précipité vers les dangereux récifs qu'il survole, ou par la masse agitée de nuages noirs, de poussière et de forces magnétiques qui s'étend à l'horizon. Le téméraire Packard prend la décision de quitter l'avion et l'équipage s'envole à bord d'une escadrille d'hélicoptères Huey.

Par-delà les nuages, nos explorateurs découvrent un véritable Eden à couper le souffle, primitif et totalement vierge, qui donne lieu à un moment de pur émerveillement pour tous les passagers... jusqu'à ce que la chute de leurs engins explosifs mette le feu à ce coin de paradis.

C'est le début de l'intrusion humaine à Skull Island.
Et elle s'accompagne de la rencontre avec son gardien à la stature inimaginable et à la puissance dévastatrice.

Même Randa est pris de court : "Il n'a jamais rien vu qui ressemble de près ou de loin à King Kong", témoigne Goodman. "Ils sont incapables de l'apprivoiser à l'aide de leurs outils technologiques, ni d'utiliser leurs connaissances scientifiques pour l'aveugler : le conflit est donc immédiat".

Tandis que Packard contemple la scène d'un air horrifié, "King Kong envoie valser les hélicoptères d'un coup de poing, tuant par la même occasion la plupart de ses hommes", raconte Jackson. "Lui qui n'a jamais abandonné l'un de ses gars au Vietnam, et qui est animé par ses instincts guerriers, refuse de jeter l'éponge aussi facilement. Étant maintenant pleinement investi et ayant du sang sur les mains puisqu'il a échoué à ramener ses hommes chez eux, King Kong devient la cible de sa rage".

Mais Conrad se rend compte qu'ils ne sont pas de taille à l'affronter. "Il constate la force prodigieuse de King Kong, et son expérience de la nature lui a appris qu'il ne sert à rien de vouloir résister", remarque Tom Hiddleston. "Autant pisser dans un violon. Il leur faut plus d'humilité, ce que Conrad comprend tout de suite, mais qui échappe un peu à Packard et ses armes de guerre. Pourtant, dans ces conditions, même Conrad, armé de son expérience et de ses connaissances considérables, est pris de court face à cette créature massive, primitive, qui ne ressemble à rien de connu".

Décimés, pris au piège et séparés par des champs de débris calcinés d'hélicoptères, les survivants tentent de comprendre ce qu'ils viennent d'apercevoir. "On est convaincus de régner en maîtres sur notre territoire", avance Vogt-Roberts. "Mais lorsqu'on regarde cette chose, on ne peut que conclure qu'on est face à un phénomène qui nous dépasse. C'est maintenant à chacun d'entre eux de décider s'ils veulent l'accepter, la combattre, ou simplement survivre".

Brie Larson acquiesce : "Les personnages rencontrent la même créature, mais au fur et à mesure de l'aventure, leurs réactions prennent deux tournures bien différentes : certains veulent dominer la bête, tandis que d'autres se sentent pris d'affection et de compassion pour elle. King Kong est plus qu'une force de la nature : il incarne littéralement la nature. On pense qu'on peut la dominer, mais elle gagne toujours malgré nos effort".
Tout comme King Kong, Packard est une force avec laquelle il faut compter.

Séparés des militaires, Mason Weaver et James Conrad, accompagnés des scientifiques du Monarch ainsi que d'un des hommes de Packard, l'adjudant Reg Slivko, se lancent à la recherche des survivants parmi les Sky Devils et se dirigent vers leur seule porte de sortie : le site d'extraction au nord de l'île. Thomas Mann, qui joue le rôle de Slivko, explique : "Séparé de son unité, et en compagnie de personnes dont l'état d'esprit est très différent de celui de Packard, Slivko ne suit pas le même chemin que ses frères d'armes. Dans un sens, c'est encore un enfant qui ne sait pas dissimuler son émerveillement ou sa peur".

Si les personnages sont les seuls intrus de l'île, ils ne sont pas pour autant les seuls êtres humains. Alors qu'ils se préparent à découvrir les merveilles et les horreurs que renferme l'île, ils se retrouvent soudainement encerclés par les guerriers de la tribu indigène de l'île, les Iwis.

Puis, à leur grande surprise, un visage amical et résolument américain apparaît devant eux : il s'agit de Hank Marlow, joué par John C. Reilly. Pilote durant la Seconde Guerre mondiale, il s'est écrasé sur l'île 28 ans auparavant et a survécu depuis, tout en espérant de tout son coeur pouvoir un jour retrouver sa femme et le fils qu'il n'a jamais connu. "Hank Marlow est un personnage fantastique", raconte Reilly. "C'est un homme complètement coupé de son époque qui a aussi un peu perdu la tête à force de vivre sur l'île. Il a traversé la vingtaine, la trentaine, et la quarantaine quasiment éloigné de tout ce qui lui est familier. Moi, je deviendrais complètement fou au bout de six mois, alors après 28 ans n'en parlons pas ! Hank a dû perdre la tête, retrouver ses esprits avant de sombrer à nouveau dans la folie une bonne dizaine de fois".

Pourtant, il n'a pas toujours été seul. Après un intense combat aérien avec un pilote japonais qui détruit leurs appareils, Marlow se retrouve à devoir affronter le pilote ennemi, Gunpei Ikari (incarné par Miyavi) au corps à corps. Mais tout change lorsqu'ils se retrouvent confrontés à une force qui les dépasse : King Kong. "Lorsque les deux hommes se rencontrent, ce sont des soldats acharnés qui ont bien l'intention de s'entretuer, et puis 28 ans plus tard, on comprend qu'un phénomène merveilleux s'est produit", rapporte Reilly. "Ils ont dépasse leurs différences pour devenir frères".

Marlow a fait de son mieux pour s'intégrer aux Iwi, et grâce à eux, a fini par comprendre King Kong. "Les Iwi vivent en symbiose avec l'île", explique Vogt-Roberts. "Ils comprennent le rôle majeur que joue King Kong : sans lui, certaines forces de l'île se soulèveraient et modifieraient l'équilibre fragile qui maintient la paix et évite une complète extermination".

Reilly ajoute : "King Kong vit à la surface de la terre, et les diables sous terre. King Kong est le seul capable de les tenir à l'écart, ce qui permet à un certain nombre d'espèces de vivre en harmonie sur l'île. Pour les Iwi, King Kong est un dieu".

En avertissant les nouveaux venus du rôle sacré de King Kong, Hank ne fait qu'envenimer le conflit imminent entre ceux que Goodman nomme les "mâles dominants de l'île": Packard, Conrad, et King Kong. Lorsque l'unité de Packard part en reconnaissance avec le groupe de Conrad, il devient évident que le chef militaire est dévoré par son désir de vengeance, si bien que même l'avertissement de Marlow sur ce qui risque de se produire si Packard parvient à tuer King Kong ne le fait pas changer d'avis. "La réaction de King Kong était prévisible", affirme Reilly. "Comme Hank tente de leur faire comprendre, 'On n'entre pas chez quelqu'un en balançant des bombes sans être prêt à en découdre !'"

Chacun à leur façon, Packard et Kong sont des protecteurs : Kong est responsable de son habitat, et Packard de ses hommes, jusqu'à ce que celui-ci perde de vue ce qu'il protège. "À ce moment-là, il s'est complètement coupé des autres", remarque Jackson. "Chacun commence à comprendre qu'en cherchant à venger les hommes qu'il a perdus, tout en sachant le risque qu'il fait courir aux autres, il n'est plus à la hauteur du chef raisonnable sur qui ses soldats ont toujours compté. Dans un monde rationnel – et s'il n'était pas aussi bouleversé par les pertes qu'il a subies –, il comprendrait l'équation biologique en jeu. Et pourtant, il est toujours décidé à se servir sur la bête".

"Pakcard n'a jamais laissé tomber ses hommes, et ils sont prêts à le suivre jusqu'au bout", explique Whigham, qui campe le capitaine Earl Cole. "Cole obéit aux ordres, mais le colonel se met à agir de manière tellement irrationnelle qu'il se met à remettre en cause ses décisions et se sent à la fois triste et déstabilisé de ne plus être sûr de ce qui est juste".

Mason Weaver est la première à rencontrer King Kong en personne, mais son but n'est ni scientifique, ni politique. Elle est donc la première à comprendre la véritable ampleur du phénomène que nos explorateurs viennent de déclencher sans le savoir. "La rencontre de Mason Weaver avec King Kong lui fait éprouver une immense compassion", observe Brie Larson. "King Kong est la créature la plus imposante de toute l'île, et pourtant il ne choisit pas d'utiliser sa force pour lui faire du mal. Au départ, elle veut rentrer avec des clichés lui assurant succès et célébrité, mais en fouillant l'âme de cette créature, elle se rend vite compte qu'il y a une créature sur l'île qui est extrêmement précieuse et qu'il faut préserver".

Conrad rencontre à son tour le roi majestueux de l'île et il se rend compte qu'il était à la recherche d'une forme de rédemption sans le savoir. "Conrad est en train de contempler le territoire du haut d'une falaise, et se retrouve tout à coup à un mètre de King Kong, assez prêt pour pouvoir le toucher", analyse Tom Hiddleston. "Il sait que King Kong l'a repéré, et qu'il est en train de plonger son regard dans celui d'un être sensible, ce qui le rend de nouveau réceptif à l'émerveillement, à l'innocence, et à l'humilité. Au début de l'aventure,Conrad est un être cynique, puisque tout ce qu'il souhaite, c'est gagner de l'argent facile. Jusque-là, il vivait sa vie comme un somnambule, mais à présent il a les yeux grands ouverts".

DE BRUIT ET DE FUREUR : LA CRÉATION DU MONSTRE

Pour la production, la mission la plus complexe – et la exaltante – était sans doute la création de Kong. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas choisi la facilité… "Je me suis toujours dit que Kong appartenait à une espèce à part et qu'on ne pouvait tout simplement pas le ranger dans une catégorie de primates en particulier", affirme Thomas Tull.

Le parti-pris de Thull correspondait à celui du réalisateur : "Dans le film, Kong nous ramène aux monstres des classiques du cinéma d'horreur", dit-il. "Ce n'est pas un simple primate. Je voulais que Kong se rapproche davantage d'un dieu solitaire. Par la suite, je souhaitais montrer progressivement qu'il était doué d'empathie et d'émotion et qu'il pouvait nouer une relation affective avec son entourage. Même si dans le film il s'apparente à une divinité, il a une part d'humanité à laquelle le spectateur sera sensible".

Pour que la créature soit aussi réaliste que possible et qu'elle puisse exprimer des émotions, la production a mobilisé des spécialistes d'effets visuels, des animateurs, des graphistes, et des designers sonores qui ont tous travaillé en équipe sous la supervision de Vogt-Roberts, en cherchant à sortir des sentiers battus.

Le célèbre studio Light & Magic, qui a signé les effets visuels d'importants blockbusters, a largement collaboré à la création de Kong, sous la houlette du superviseur effets visuels senior Stephen Rosenbaum et du superviseur effets visuels Jeff White.

L'équipe ILM comptait près de 300 artistes, animateurs et techniciens, installés dans trois lieux différents. Pour mettre au point la créature, il aura fallu au total plus d'un an et demi, dont huit mois ont été consacrés à la conception du monstre. Il s'agissait non seulement de créer un personnage charismatique et déterminé, mais d'en faire également un puissant antihéros. "Notre principale difficulté consistait à faire aimer le personnage du public et à l'affubler d'une certaine humanité", explique Rosenbaum.

Vogt-Roberts a tout d'abord demandé à l'équipe ILM de s'inspirer de l'esprit du KING KONG de 1933, en conservant son aura et sa dimension de monstre classique du cinéma. C'était un postulat de départ exigeant mais l'ensemble des producteurs y souscrivait.

Ce mélange entre le spectaculaire et l'intime a donné lieu à des scènes à la fois viscérales, originales et terrifiantes, mais aussi à des moments de grande émotion parfaitement inattendus. White reconnaît qu'il a une tendresse particulière pour les séquences intimes où Kong se lie avec certains explorateurs ou contemple la beauté fascinante de Skull Island. "J'adore les scènes où Kong est tranquillement assis et observe les aurores boréales, ou vient en aide à Mason Weaver pour soigner un animal blessé et noue contact avec Mason et Conrad tandis qu'ils sont sur le flanc d'une falaise. Je trouve que c'est dans ces moments-là que Kong s'impose vraiment comme un personnage à part entière".

Le film de 1933 a également donné des idées pour l'allure du monstre. Carlos Huante, concepteur de créature particulièrement réputé, s'est inspiré de photogrammes de l'oeuvre de Shoedsack et Cooper pour dessiner les muscles et certaines postures physiques, tout en leur donnant un aspect plus contemporain.

"À partir de là, on s'est vraiment creusé la tête pour retrouver ce qui a fait de Kong une créature aussi marquante", suggère White. "On a intégré les proportions excessives du museau épaté de Kong, on l'a affublé d'une crinière au sommet du crâne, d'un énorme front et de poils de couleur brun orangé, puis on a utilisé de puissants éclairages latéraux pour faire ressortir davantage ces caractéristiques physiques".

Mais dans cette toute nouvelle version du monstre, la taille a son importance. D'une hauteur de 30 mètres, il domine son monde… et les visiteurs venant de débarquer sur l'île. "C'est essentiel parce que grâce à sa taille et à son poids, Kong en impose vraiment", note White. "Du coup un être humain a l'air d'une fourmi face à ce colosse : on comprend à quel point notre espèce n'a pas sa place dans son monde".

C'est le gabarit hors du commun de Kong qui a poussé le réalisateur à créer les mouvements du monstre en animation traditionnelle – sous la supervision de Scott Benza d'ILM – plutôt que d'avoir recours à la "performance capture" et, donc, aux déplacements d'un comédien. Ce parti-pris a également permis à Vogt-Roberts de mieux travailler avec les animateurs d'ILM pour mettre au point le "jeu d'acteur" de Kong tel qu'il l'envisageait. En outre, il a enrichi l'allure et les mouvements de Kong grâce à une session de "facial capture" avec Toby Kebbell (qui interprète aussi le commandant Jack Chapman) et une autre de "motion capture" avec Terry Notary, coach de mouvements réputé (LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT, la trilogie du HOBBIT).

Une fois l'animation finalisée, l'équipe d'ILM a construit le squelette et la structure musculaire de Kong, puis a simulé les flexions et extensions des muscles sous la peau et la réaction des poils au mouvement de la peau. Là encore, le film de 1933 a été une formidable source d'inspiration. Par exemple, Kong roule de grands yeux quand il rugit, ce qui, selon Benza, renvoie à sa dimension de monstre. "On pourrait croire qu'il plisse les yeux lorsqu'il se met en colère, mais on aimait bien le regard qu'il a dans la version de 1933", dit-il.

Pour ILM, trois éléments, qu'on observe pourtant tous les jours dans la nature, posaient particulièrement de problèmes techniques : les poils, l'eau et le feu, extrêmement difficiles à restituer de manière infographique. Dans KONG: SKULL ISLAND, ces trois éléments interagissent les uns avec les autres à l'image.

La crinière de Kong était en soi un extraordinaire pari technique : l'équipe d'ILM a passé une année entière à brosser, dessiner et sculpter les 19 millions de poils de la bête. "On ne pouvait en aucun cas se contenter de la générer sur l'ordinateur", relève White. "Il fallait préciser au logiciel infographique où positionner les poils et quelle allure leur donner".

Il était d'autant plus difficile de simuler la présence de l'eau qu'il en fallait d'immenses quantités. "L'eau est entièrement générée de manière numérique mais obéit à de véritables lois physiques", poursuit White. "Il fallait tenir compte du fait que Kong est tellement colossal et se déplace tellement vite que sa main percute l'eau à 60 ou 80 km/h. L'eau était projetée tellement haut qu'on ne voyait même plus Kong. Il fallait qu'on détermine comment 'tricher' pour qu'on distingue quand même sa tête, tout en donnant le sentiment que le mouvement de l'eau obéit malgré tout aux lois de la physique".

Les effets sonores avaient, eux aussi, leur importance. Bien en amont du tournage, la production a testé plusieurs techniques pour mettre au point le rugissement glaçant et déchirant de Kong ainsi qu'une palette de son permettant au spectateur de plonger dans cet univers viscéral.

La conception des cris fracassants du monstre a été orchestrée par le monteur son/ designer sonore Al Nelson qui rend hommage à Vogt-Roberts : "Jordan ne voulait pas se contenter de rugissements plus forts et percutants que dans les versions antérieures", affirme Nelson. "Il tenait à ce que Kong s'apparente à une divinité et qu'on comprenne qu'il règne en maître sur Skull Island. Par conséquent, loin d'être une horrible créature en colère qui passe son temps à grincer des dents et à hurler, Kong est une créature majestueuse régnant sur ce monde féerique. Ses consignes ont été très précieuses".

Nelson a commencé par se rendre au parc zoologique de Washington et au Disney's Animal Kingdom d'Orlando où il a enregistré des lions. "Si je me suis servi des rugissements de lions, c'est parce que Kong est le premier monstre de cinéma qui ait intégré des effets sonores", indique Nelson. "C'est Murray Spivak qui a sonorisé la créature dans la version de 1933. Il a utilisé le rugissement d'un lion et celui d'un tigre diffusé à l'envers qui, pense-t-on, ont été enregistrés au zoo de Los Angeles. Je voulais me servir d'un lion comme point de départ pour rendre hommage à ce grand classique des années 30". Par ailleurs, Nelson a employé des bruits de gorille et de singe, qu'il a mixés et associés aux premiers sons pour enrichir le répertoire sonore de Kong.

Bien entendu, aucune créature du règne animal ne peut émettre les sons tonitruants de Kong. Pour bien restituer les cris de la bête, l'équipe a installé un système de playback à Skywalker Sound, dans le nord de la Californie. "On a mis en place des enceintes et un dispositif de spatialisation sonore", raconte Nelson. "On a ainsi diffusé les mugissements et rugissements de Kong sur un système sonore 5.1 pour obtenir un effet de réverbération et d'écho, afin de pouvoir les utiliser dans un cadre plus naturel".

LE DOMAINE DE KONG

Kong règne sur le domaine vierge de Skull Island, sanctuaire dont aucun être humain n'a encore foulé le sol. C'est un espace grandiose qui inspire l'effroi, mêlant fantastique et réalité. "Il se définit par un écosystème extraordinaire qu'on ne trouve nulle part ailleurs", indique Alex Garcia.

"Très en amont du projet, nous tenions à ce que Skull Island possède son propre climat et d'autres caractéristiques fantastiques", ajoute Mary Parent. "On a cherché à offrir au public des images inédites".

Le chef-décorateur Stefan Dechant précise que Vogt-Roberts a su expliquer clairement à ses collaborateurs l'idée qu'il se faisait des paysages de l'île : "C'est vraiment l'univers de Jordan et on abordé les décors comme s'il s'était vraiment rendu à Skull Island, qu'il y était retourné plusieurs fois et qu'il nous avait raconté des anecdotes sur son périple", note Dechant.

Avec KONG: SKULL ISLAND, c'est la première fois qu'un studio tourne un long métrage quasi entièrement au Vietnam. Le film a aussi été tourné à Oahu, qui fait partie de l'archipel d'Hawaï, et sur plusieurs sites de la Gold Coast australienne.

"Le tournage au Vietnam a été un formidable atout pour nous", analyse Garcia. "On y trouve des paysages extrêmement différents qu'on ne voit nulle part ailleurs. On a ensuite pu intégrer ces images à la majesté des sites hawaïens et australiens – le résultat était saisissant".

L'intrigue de KONG: SKULL ISLAND comportait des détails majeurs sur l'esthétique de l'île fictive de Skull Island. "Dès qu'on est arrivés sur place, j'ai compris qu'il y avait quelque chose d'unique dans les paysages du Vietnam", affirme le réalisateur.

L'équipe a tourné pendant trois semaines dans plusieurs sites du Vietnam, dont certains n'avaient jamais été filmés dans un long métrage. La production a ainsi parcouru Yen Phu, Tu Lan, le belvédère de Phon Nha, le fleuve Tam Coc à Ninh Binh, Trang An, les marécages de Van Long et la baie d'Along qui offre des panoramas à couper le souffle.

L'acheminement des acteurs, des techniciens et du matériel de tournage dans les provinces les plus reculées du pays a nécessité une véritable organisation : il a fallu mettre en oeuvre une opération logistique de grande ampleur et notamment construire des routes dans un environnement totalement vierge. Une fois les images en boîte dans chacun des sites, la production a pris soin de restaurer le fragile écosystème qui prévalait avant son intervention. Le régisseur d'extérieurs Ilt Jones, autoproclamé "protecteur de l'environnement", a fait en sorte que les lieux visités soient en meilleur état après le départ de l'équipe qu'au moment des repérages.

Attentif aux consignes de Vogt-Roberts selon lesquelles le Vietnam devait inspirer la plupart des décors du film, Jeff White a sillonné le pays en avion pendant plusieurs semaines, prenant des photos aériennes qui ont ensuite été scannées. "On a fini par utiliser ces prises de vue non seulement pour donner plus d'envergure aux scènes tournées au Vietnam, mais pour qu'elles se substituent à certains paysages filmés à Hawaï, par souci d'une cohérence d'ensemble", dit-il. "C'était particulièrement utile pour certains sites hawaïens qu'on a déjà vus au cinéma et qui sont donc facilement reconnaissables. On a conservé l'espace immédiat dans lequel évoluent les comédiens, puis remplacé le paysage et l'horizon par les montagnes du Vietnam. C'était non seulement beaucoup plus cohérent, mais cela permettait d'ancrer davantage le film dans un environnement esthétique vietnamien".

Vogt-Roberts s'est pris de passion pour ce pays : "J'espère que le spectateur tombera amoureux du Vietnam et qu'il appréciera sa beauté grâce au film", dit-il. "Ce que j'y ai vécu m'a profondément marqué. Je suis tombé amoureux de la culture et de la population du Vietnam, et je serais extrêmement heureux que le public du monde entier puisse découvrir les merveilles et la force de ce pays".

Oahu, plus connu du grand public, recèle également de sites exotiques. La production a ainsi tourné au Kualoa Ranch et au parc naturel d'Ohulehule, dans la vallée de Waikane.
Si le Kualoa Ranch attire de nombreuses équipes de tournage, ses paysages luxuriants ont été transformés pour offrir un cadre mystérieux au périple des personnages. Au fond d'une immense vallée entourée d'imposantes montagnes, la production a installé l'ossuaire de l'île – vaste étendue jonchée d'énormes ossements et d'inquiétantes dépouilles. Cet ossuaire – augmenté par la suite par l'équipe effets visuels – est un lieu hanté par la mort et les disparus… mais qui, en réalité, est bel et bien vivant.

Le site regorge d'indices à la fois intrigants et éprouvants sur les origines de Kong. Le réalisateur note : "Dans les versions antérieures de l'histoire du monstre, on ne savait pas d'où venait Kong et on n'avait aucun détail sur son espèce ou sa famille. Grâce à l'ossuaire, on découvre ce qui lui est arrivé et ce qui a façonné son destin. On découvre les vestiges de ses ancêtres et d'autres créatures".

Mike Meinardus et son équipe effets spéciaux sont également à l'origine de contributions majeures au décor, à l'instar d'explosions dans les conduits de l'ossuaire – "à la manière d'un volcan", remarque-t-il – et d'une épaisse fumée jaunâtre en provenance du sous-sol, enveloppant les lieux.

Pour la scène où Packard, ivre de vengeance, se sert de son expérience de la guerre du Vietnam pour mettre en place un piège – un lac truffé de napalm que le personnage transforme en véritable enfer – , Meinardus a supervisé la construction d'un lac artificiel dont une partie a ultérieurement été agrandie de manière infographique. L'équipe effets spéciaux a équipé le lac de lances à incendie et d'injecteurs d'heptane à partir desquels des flammes s'élevaient jusqu'à 20 mètres de hauteur. "Nous avions plus de 100 km de lances à propane et environ 230 mètres de tuyaux à incendie qui étaient tous sur des collecteurs", se rappelle Meinardus. "On était en pleine jungle, si bien que tout devait être parfaitement organisé et contrôlé par mesure de sécurité et de protection de l'environnement".

En dehors de la jungle, Conrad débarque dans un bar clandestin et tripot de Saigon, mais Dechant a reconstitué la métropole vietnamienne dans le Chinatown d'Oahu. "Saigon est aujourd'hui une ville très contemporaine, et pour restituer l'atmosphère qu'on recherchait, il semblait logique de tourner à Hawaï et d'y recréer le Saigon des années 70", dit-il.

Après avoir quitté Oahu, l'équipe s'est installée en Australie où elle a tiré parti de la diversité des paysages. "La Gold Coast était formidable car elle offrait une pluralité de décors naturels, comme un désert, une jungle touffue et des formations rocheuses, sans oublier des plateaux de tournage et des techniciens extrêmement compétents aux studios de Village Roadshow", indique Garcia.

Le décor le plus imposant est celui de la carcasse rouillée du SS Wanderer, navire à l'abandon qui a échoué sur le rivage de Skull Island il y a très longtemps. Il a depuis été transformé en sanctuaire par la tribu Iwi qui le considère comme un don des dieux.
Sur le plateau du studio, Dechant et le directeur de la photo Larry Fong ont travaillé de concert pour éclairer cet espace digne d'une cathédrale, en se servant pour l'essentiel de la lueur de bougies et de rayons de soleil artificiels s'immisçant à travers les trous de la coque du bateau.

Des images gravées sur des piliers ajoutent à la dimension mystique du sanctuaire. Tandis que les personnages s'y aventurent, d'autres surprises les attendent : on comprend qu'il y a là tout un monde peuplé de créatures étranges et de monstres. Jeff White s'explique : "Cette scène a été imaginée pour que Marlow puisse communiquer des informations sur le passé de Kong. On a consacré beaucoup de temps à chaque image pour faire en sorte que les informations soient transmises de manière claire, et ensuite on a transposé chaque gravure dans la langue graphique des Iwi. Pour Jordan, il était essentiel que les images aient l'air de former un chaos inintelligible au départ, puis qu'elles soient porteuses de sens dès lors que le point de vue des personnages – et du spectateur – change. Pour chaque prise de vue, on a choisi un plan où l'image était reconnaissable, puis on a modifié l'emplacement des piliers infographiques pour faire en sorte que l'image ne soit pas immédiatement déchiffrable. C'était un gros défi sur un plan graphique mais qui enrichit le mystère et la complexité de Skull Island".

La production a été très sensible aux paysages sidérants de l'Australie, s'aventurant à l'intérieur des terres de la Gold Coast et notamment sur le Mont Tamborine, dans la Vallée de Tallebudgera et la forêt de Paperbark.

Les magnifiques dunes de sable de l'île de South Stradbroke ont servi de toile de fond à la séquence d'ouverture. Comme l'indique Garcia, l'expédition nécessaire pour se rendre sur place n'est pas si éloignée du périple des personnages du film. "Il nous a fallu une demi-heure en bateau pour traverser la crique de Jumpinpin, puis 40 minutes en buggy tout-terrain pour parcourir la plage", précise-t-il. "Par moments, on avait l'impression d'être sur la lune".

Brie Larson s'est souvenue de son expérience avec un éléphant pour l'une des rares scènes entièrement tournée sur fond vert : il s'agit du premier face-à-face entre Mason Weaver et Conrad d'un côté, et Kong, de l'autre, tourné aux studios de Village Roadshow. "C'est peut-être un peu exagéré, mais je ne m'étais jamais retrouvée aussi près d'une créature aussi imposante et puissante… mais qui se comporte avec douceur avec moi", dit-elle en souriant. "Il y a là quelque chose d'extraordinaire : Kong est la créature la plus imposante de l'île, et pourtant il ne se sert pas de sa force pour faire du mal aux hommes".

Néanmoins, cette scène émouvante a représenté une journée de tournage éprouvante pour les comédiens qui étaient censés nouer un lien très fort avec leur partenaire gigantesque mais… invisible ! Hiddleston a improvisé, suggérant de diffuser un morceau de musique évocateur – l'Adagio en Ré mineur, extrait de la bande-originale de SUNSHINE – afin que la séquence se mette en place. "Il y très peu de moments où on peut se dire, 'c'était magique', et celui-ci en fait partie", confie Vogt-Roberts.

L'ÉPOQUE DE KONG

La production a choisi de situer l'intrigue en 1973, époque où le monde semblait en plein chaos. Il faut dire que la guerre du Vietnam, qui touchait à sa fin, durait depuis plusieurs années et qu'une profonde crise économique, sociale et politique secouait la planète.
Dans le même temps, comme le signale le réalisateur, cette époque était "fascinante sur un plan esthétique. La beauté se nichait dans d'infinis détails".

Pour cerner au mieux ce style, Vogt-Roberts et Fong ont conçu des objectifs anamorphiques – uniques dans leur genre – en collaboration avec Panavision. "Ces objectifs ont un côté rétro, ce qui correspondait bien à l'esprit des seventies qu'on cherchait à retrouver", indique Fong. "Panavision nous a dit qu'il s'agissait des lentilles anamorphiques les plus sophistiquées que la société ait jamais conçues".

Pour que KONG: SKULL ISLAND se démarque esthétiquement d'autres productions du genre, Fong et Vogt-Roberts ont choisi très en amont une palette de couleurs originales, afin d'envelopper le film dans un climat hallucinatoire évocateur de la guerre du Vietnam.
Dirigée par Bill Randa (John Goodman), l'organisation d'agents secrets du Monarch, postés sur le porte-avions Athena, est elle aussi marquée par l'époque. C'est à partir de là que les explorateurs se rendent en hélicoptère sur Skull Island. Les hélicoptères Huey – autre moyen de transport emblématique des années 70 – jouent un rôle décisif dans le film. Le son caractéristique de leurs hélices – fop, fop, fop – évoque les dilemmes de Packard concernant la fin de la guerre et rythment l'affrontement violent, projeté au ralenti, entre Kong et les hélicos envahissant son territoire. Pour restituer ce son si particulier, le designer sonore Pete Horner, les monteurs effets sonores Benjamin A. Burtt, Pascal Garneau et William McGuigan, et le chef-monteur son Steve Slanec ont collaboré avec le Vietnam Helicopters Museum de Concord (en Californie) pour enregistrer un authentique Huey des années 70.

"Le musée a mis un hélico Huey à notre disposition et, équipés de toutes sortes de micros et d'appareils d'enregistrement, nous nous sommes postés sous les hélices pendant qu'elles tournaient afin d'obtenir ce fop, fop, fop aussi nettement que possible", déclare Horner. "C'était exaltant. Ensuite, les pilotes nous ont emmenés à bord de leurs Huey et ont effectué des figures acrobatiques, dont les sons – qu'on a enregistrés – sont perceptibles dans la scène où les hélicos fendent l'orage épouvantable qui protège l'univers de Skull Island".

Pour les costumes, Vogt-Roberts et sa chef-costumière Mary Vogt ont choisi un style classique, évitant les tendances à la mode de l'époque comme les chemises à carreaux et les cravates extra-larges. "Nos personnages portent les mêmes tenues pendant longtemps, si bien qu'il fallait qu'elles soient les plus réalistes possible", commente le réalisateur.

Pour Hiddleston, ancien agent spécial des forces aériennes, Mary Vogt a consulté une brochure sur le Special Air Service britannique rédigée par un ancien membre de cette unité d'élite. "La brochure regorge de détails sur la mission de ces hommes et raconte, par exemple, qu'ils passaient plusieurs jours sans changer de vêtements", rapporte la chef-costumière. "Du coup, on a affublé Tom d'une allure simple et héroïque, qui rappelle le Steve McQueen des films de cette époque, qu'il s'agisse des pantalons aux lignes épurées, des bottes et des chemises ajustées".

Packard, campé par Samuel L. Jackson, arbore un foulard à maille militaire qui le protège contre les insectes et lui donne une allure princière. "Cette tenue le distingue aussi des autres membres de son unité", signale Mary Vogt.

En outre, le chef-accessoiriste Steven B. Melton a fait en sorte que chacun des hommes de Packard porte un casque d'aspect authentique. "J'ai acheté 21 casques sur eBay et on a mis au point 300 graphismes différents avant d'obtenir les sept qu'aimait Jordan", note-t-il. "Chaque casque est orné d'autocollants et d'emblèmes bien spécifiques dont certains ont été achetés auprès d'anciens pilotes d'hélicoptères ayant participé à la guerre du Vietnam".

Mason Weaver (Brie Larson), photographe de guerre, porte des bottes à lacets, une chemise gris pâle, et des pantalons kaki qui lui donnent "une allure quasi militaire", précise la chef-costumière.

De toute évidence, Marlow (John C. Reilly) n'est pas un homme des années 70. Du coup, Mary Vogt l'a affublé d'une casquette d'aviateur de la Seconde Guerre mondiale que Reilly a appréciée et a choisi de porter tout au long du tournage. "L'uniforme de pilote est romantique et héroïque", note la chef-costumière. Le superviseur maquillage Bill Corso précise que le fait d'être coincé sur une île pendant trente ans a considérablement marqué Marlow. "Son visage est parcheminé comme le cuir et on dirait qu'il se taille la barbe avec le sabre d'un samouraï… et c'est d'ailleurs le cas", dit-il.

Le film est aussi marqué par les années 40. En effet, l'improbable navire de Marlow – qui date de cette époque – représente l'ultime espoir pour nos explorateurs de quitter Skull Island. Construite par Marlow et son ennemi d'autrefois – et désormais défunt – Gunpei Ikari, l'embarcation est un croisement improbable qui emprunte au P-51 de Marlow et au Zero de Gunpei. Meinardus et son équipe ont fabriqué le moteur du bateau ex nihilo, et ont fait en sorte qu'il puisse vibrer, fumer et trembler, ainsi que la cheminée du navire qui crache une épaisse fumée noire.

Les Iwi, tribu indigène de l'île, traversent les époques. Ce n'est pas un hasard si leur destin est lié à celui de Kong. Garcia précise : "Les Iwi sont coupés du reste du monde. Ils sont pacifiques, et à la fois simples et très sophistiqués. Les Iwi ont un rapport symbiotique avec Skull Island, et ils savent que si Kong, dernier représentant de son espèce, est éliminé, le fragile écosystème de l'île sera anéanti".

Vogt-Roberts ajoute : "Je voulais que les Iwi vénèrent Kong et que, d'une certaine façon, ils soient plus évolués que ceux qui viennent de débarquer à Skull Island".

Les motifs délicats peints sur les Iwi ne sont pas seulement décoratifs. Ces graphismes complexes ornant le corps et le visage des indigènes s'inspirent d'une source improbable. Amateur de jeux vidéo depuis longtemps, Vogt-Roberts souligne : "J'étais intrigué par les formes farfelues de la plupart des personnages de jeux vidéo, avec leurs arêtes marquées et leurs angles droits. Ce qui me plaisait, c'était de créer quelque chose d'anachronique, à la fois moderne et ancien. Du coup, nous avons conçu ces motifs peints qui ont plusieurs fonctions. On comprend que ces figures comportent leur propre langage crypté : elles servent de camouflage et permettent aux Iwi de se fondre dans l'île et de survivre malgré les innombrables menaces qui pèsent sur eux".

CASCADES ET "SKULLCRAWLERS"

Pendant l'essentiel de leur périple, les explorateurs doivent livrer des combats d'une envergure que même les soldats de Packard les plus endurcis n'auraient pas imaginés.

Pour mettre au point les scènes d'action spectaculaires du film, le chef-cascadeur George Cottle a piloté une équipe de 60 cascadeurs qui ont répété les combats et le travail au filin pendant deux mois avant le début du tournage.

Pour les cascadeurs, le plus difficile était l'accès aux sites vietnamiens enclavés : pour atteindre plusieurs d'entre eux, il fallait compter 45 minutes de route avec un cortège de plusieurs camions, puis de longues marches.

La disponibilité de certains matériels était tout aussi problématique que l'accès aux différents sites. Par exemple, Cottle avait besoin d'une immense grue pour une scène où l'un des protagonistes se retrouve soudain perché dans les airs. "Il n'y avait, à notre connaissance, qu'une seule grue dans tout le Vietnam, et il nous a fallu douze heures de route pour aller la chercher", se souvient-il. "Lorsqu'on a récupéré la grue, il s'est avéré qu'elle était plutôt archaïque, mais on l'a faite fonctionner et tout s'est déroulé sans encombres".

Les comédiens concernés par la séquence ont été sidérés par la complexité de la cascade. "On l'a répétée à huis clos et aucun des acteurs ne savait ce qui se passait", confie Cottle dans un sourire. "Du coup, leur réaction première a été formidable".

Cottle tient à saluer les comédiens qui, dans leur ensemble, n'ont pas hésité à se soumettre aux entraînements et aux cascades les plus éprouvants. Mais il rend particulièrement hommage à Hiddleston qui était censé avoir la forme physique d'un agent des Forces Spéciales. "Tom est une machine et une rock-star !", s'enthousiasme Cottle. "Il s'investit à fond dans son travail et c'est un vrai passionné par son métier. C'est un type physique qui a parfaitement compris la réalité et l'énergie propres aux cascades".
Cette dimension physique est également palpable dans une séquence impressionnante où Conrad affronte un essaim de créatures volantes, avec un sabre katana pour seule arme. Pour bien manier cette épée délicate et redoutable à la fois, Hiddleston et John C. Reilly – elle appartient en réalité à Marlow et lui a été transmise par Gunpei – se sont entraînés tous les jours avec le chorégraphe combats Ilram Choi. Par mesure de sécurité, ils se sont initiés au katana avec un tube de plastique, mais en quelques semaines, les deux comédiens maîtrisaient le maniement de l'épée. "Ils s'y sont donnés à fond", indique Cottle. "Certains acteurs répètent vaguement les gestes de ce genre de figure le jour même du tournage et n'ont qu'à prier pour que tout se passe au mieux. Mais John et Tom nous demandaient quotidiennement s'ils pouvaient prendre une demi-heure avec Ilram et s'entraîner".

Brie Larson a également apprécié de pouvoir laisser libre cours à l'héroïne de film d'action qui sommeille en elle. "C'est un rôle bien plus physique que tout ce que j'ai fait jusque-là et c'est formidable de pouvoir mettre à profit mes facultés physiques d'une manière inédite", confie-t-elle.

Grâce au film, les comédiens ont également pris de la hauteur ! "Avec Brie, on a embarqué à bord d'une flotte de Huey avec la 2ème équipe", raconte Hiddleston. "On survolait cette vallée volcanique et l'océan Pacifique à bord d'un hélico conçu pour les cascades, qui n'avait pas de portière, et avec Brie, on avait la tête à l'extérieur de l'appareil, mais on était totalement sanglés et en sécurité. C'est tout simplement extraordinaire d'avoir l'occasion de faire un truc pareil dans le cadre du boulot !"

La séquence d'acrobatie la plus audacieuse et la plus exaltante est sans doute celle où nos explorateurs débarquent à Skull Island, d'autant que certains d'entre eux périssent dans le choc terrible entre Kong et les hélicos. Cottle souligne que la plupart des cascades ont été réalisées avec d'authentiques hélicoptères, sans recours aux effets infographiques.

Le chef-cascadeur a également apprécié le travail du conseiller technique militaire Harry Humphries, ancien Navy SEAL qui a combattu au Vietnam. "Harry a vraiment participé aux combats", affirme Cottle. "C'est une légende vivante si bien que lorsqu'il donnait des consignes aux comédiens, ils l'écoutaient".

Humphries s'est assuré que le jargon militaire était véridique et a été consulté sur les engins volants de l'époque, à l'image de l'hélico Huey UH-1 déjà cité (principal moyen de transport servant aussi à la livraison de matériel et au combat à l'époque de la guerre du Vietnam), ou encore sur l'utilisation des fusils de combat M-16 et des lance-grenades M-79 par les unités d'infanterie.

Malgré leur impressionnant arsenal, Packard et son unité livrent le combat de leur vie en affrontant Kong et les autres habitants de Skull Island. Si Kong est le roi de l'île, les autres bêtes règnent chacune sur leur propre domaine.

Le réalisateur tenait à ce que chaque créature frappe le spectateur par sa singularité. "Quand j'étais gamin, j'adorais découvrir des choses nouvelles au cinéma", dit-il. "Je faisais attention aux moindres particularités des monstres".

Le pire ennemi de Kong est le vorace Skullcrawler, très ancienne créature qui a tué les ancêtres de Kong et condamné celui-ci à être l'ultime représentant de son espèce. "Le Skullcrawler est l'ange déchu du royaume de Kong", constate Vogt-Roberts. "Il vit sous la terre et incarne la part d'ombre de l'île et du mythe. Il ne s'agit pas d'une créature particulièrement harmonieuse".

Voilà bien un euphémisme ! Le Skullcrawler ressemble à un serpent muni de deux bras puissants et d'une terrifiante tête de mort. Pour les animateurs, l'aspect de la créature représentait un véritable défi, tout particulièrement pour une scène de combat titanesque. "Étant donné que le Skullcrawler n'a que deux membres et une très longue queue, il fallait qu'on soit sûr qu'il puisse conserverson équilibre", explique Scott Benza. "On s'est arrangé pour que son poids prenne appui sur sa queue, ce qui est un phénomène qu'on observe très peu dans la nature".

S'il était difficile de le manœuvrer, la gueule et la physionomie repoussantes du Skullcrawler ont inspiré les designers sonores. "Jordan souhaitait que cette créature vous glace les sangs et qu'elle n'appartienne pas au règne animal", indique Al Nelson. "On ne pouvait pas non plus exagérer dans le choix des sons qu'il émet même si on s'est vraiment amusés à rendre ses cris aussi affreux que son allure".

Les designers sonores ont d'abord pensé au bruit d'un lapin agonisant – "ce genre de couinement qui exprime la souffrance", note Nelson. Il a aussi utilisé les cris d'une otarie "qui émet les cris les plus atroces qu'on puisse entendre dans la nature – comme si elle crachait ses poumons – et les cris d'un écureuil qui pousse des cris perçants quand il appelle l'un de ses congénères. C'est vraiment flippant. Du coup, lorsqu'on songe à cette bête monstrueuse, on entend un petit écureuil !", ajoute-t-il en souriant.

EN GUISE DE CONCLUSION

Outre les effets sonores, la production a confié à Henry Jackman une partition symphonique d'une grande richesse. "Ce que j'adore dans les films de monstres, c'est qu'ils permettent d'utiliser la musique symphonique d'une manière extravagante", dit-il. "Jordan souhaitait exploiter la force et la profondeur d'un orchestre symphonique mais on a aussi exploré des pistes moins traditionnelles. C'est une expérience formidable pour un compositeur".

Jackman souligne l'attachement de Kong à certains personnages en donnant à quelques morceaux "un peu d'humanité et de sensibilité", selon ses propres termes. En outre, il déclare que les scènes du Vagabond sont celles qu'il préfère. "John C. Reilly, sous les traits de Marlow, est notre guide dans le sanctuaire, si bien que j'ai composé un morceau foncièrement américain – un thème patriotique qui évoque Marlow et son passé de pilote de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale".

En hommage au contexte où se déroule l'intrigue, Jackman a ponctué la bande-originale des tonalités classiques de guitares psychédéliques des années 70. Ce dispositif permettait également de glisser avec élégance des thèmes emblématiques de l'époque dans la partition du film. "Je voulais reprendre des chansons de l'époque de la guerre du Vietnam et de nombreux tubes des années 70", affirme le réalisateur. "On obtient ainsi des contrastes saisissants et ces partis-pris donnent le ton et nous offrent des moments jubilatoires de pur bonheur".


"On a installé un tourne-disques sur le bateau à bord duquel les personnages remontent le fleuve, ce qui fait que la musique provient d'une source réelle", poursuit Vogt-Roberts. "Les rapports que nos protagonistes entretiennent avec la musique réservent des moments inattendus". 

Parmi les titres de la bande-originale, citons "Time Has Come Today" des Chambers Brothers, chanson emblématique de l'époque psychédélique, le tube "White Rabbit" de Jefferson Airplane, "Ziggy Stardust" de David Bowie, "Long Cool Woman (In A Black Dress)" des Hollies, "Paranoid" de Black Sabbath, "Bad Moon Rising" et "Run Through the Jungle" de Creedence Clearwater, "Down on the Street" des Stooges, le tube de rock vietnamien psychédélique “Mặt Trời Đen” et "Brother" de la pop-star brésilienne Jorge Ben Jor.

La musique, qui cherche à mettre en valeur l'émotion et les scènes d'action du film, a été écrite vers la fin de la post-production. Il s'agit de l'aboutissement d'une production gigantesque qui a sillonné trois continents. Autant dire que le réalisateur et ses producteurs Thomas Tull, Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia ont dû surmonter d'innombrables obstacles pour un résultat final qui s'est révélé plus que gratifiant. Tout au long du tournage, l'ensemble des collaborateurs de création et de production ont souhaité rendre hommage au mythe de Kong, tout en imaginant une aventure inédite à cette créature légendaire.

"Pour réaliser KONG: SKULL ISLAND, nous avons tous vécu une expérience palpitante et hors du commun", conclut Jordan Vogt-Roberts. "Nous tenions à aborder Kong en rendant hommage à tous les films antérieurs consacrés au monstre et en en proposant une lecture nouvelle".

#KongSkullIsland

Copyright: © 2016 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC., LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS, LLC AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC.  ALL RIGHTS RESERVED

Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures

Autre post du blog lié à KONG: SKULL ISLAND

TRAQUE A BOSTON

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Drame/Thriller/Efficace, anxiogène par sa thématique

Réalisé par Peter Berg
Avec Mark Wahlberg, Kevin Bacon, John Goodman, J.K. Simmons, Michelle Monaghan, Jake Picking, Jimmy O. Yang, Alex Wolff...

Long-métrage Américain
Titre original : Patriots Day 
Durée: 02h09mn
Année de production: 2016
Distributeur: Metropolitan FilmExport 

Interdit aux moins de 12 ans

Date de sortie sur les écrans américains : 13 janvier 2017
Date de sortie sur nos écrans : 8 mars 2017


Résumé : Alors que la ville de Boston est sous le choc de multiples explosions, le sergent de police Tommy Saunders rejoint les enquêteurs sur le terrain dans une course contre la montre pour traquer et arrêter les auteurs avant qu'ils ne frappent à nouveau. Croisant les parcours de l'agent spécial Richard Deslauriers, du commissaire Ed Davis, du sergent Jeffrey Pugliese et de l'infirmière Carol Saunders, ce récit sans concession évoque la chasse à l'homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine – et rend un vibrant hommage aux héros du quotidien.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait - "Diffusez les photos" (VOSTFR)


Extrait - "L'amour pour seule arme" (VOSTFR)



Featurette - Authenticité (VOSTFR)


Featurette - Recréer le marathon (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Peter Berg, le réalisateur, s’inspire d’un événement réel horrible pour nous le faire revivre du point de vue des forces de l’ordre de Boston, où l’attentat avait eu lieu pendant le marathon. 

Peter Berg, le réalisateur, sur le tournage du film
En ce qui concerne la mise en condition du spectateur, le film est très réussi, car il est anxiogène, ce qui n’est pas forcément une expérience agréable si on est sensible sur ce genre de sujet. Faire la connaissance de personnages et savoir instinctivement qu’ils vont être impactés par ce fait terrible ne met pas à l’aise. Le film a pour but de rendre hommage à la ville de Boston dans son ensemble, ce que Peter Berg fait avec les classiques moments d’émotion et de bravoure. Il ne cache pas son intention et rempli tout à fait son contrat. Il est appréciable d’ailleurs qu’il n’essaie pas de magnifier les réactions. On sent que les forces locales n’étaient pas préparées pour faire face à cet événement insensé et qu’elles ont réagi comme elles ont pu, avec du cœur. La reconstitution du marathon est impressionnante tout comme les scènes d’affrontement. 


Le scénario et la mise en scène permettent de suivre les étapes de façon claire. Le courage des forces de l’ordre est mis en avant par des portraits d’hommes qui ont à cœur leur mission de défense des habitants de leur ville. Sans être des héros à priori, ils se comportent comme tel et n’hésite pas à affronter des situations terribles jusqu’à épuisement. 
Mark Wahlberg interprète le sergent Tommy Saunders, un policier qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui connaît sa ville de fond en comble. 


Kevin Bacon Interprète l’agent spécial du FBI, Richard DesLauriers, un opérationnel pris par le temps ainsi que les pressions diverses qu’une situation aussi dramatique peut causer. 


John Goodman interprète le commissaire Ed Davis. Il doit agir et taper du poing sur la table pour dépasser les intrigues politiques. 


J.K. Simmons interprète le sergent Jeffrey Pugliese, un homme qui ne va pas hésiter quand il faudra agir. 


TRAQUE A BOSTON est un film efficace au sujet difficile. Même si un peu de légèreté réussi à s’immiscer par petites touches d’humour ou via des moments intimes, il n’en demeure pas moins que ce n’est pas un divertissement, car l’angoisse et l’empathie priment. Par contre, on apprend comment les faits se sont déroulés et on est pris dans l’action du début à la fin.


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

"Il aura fallu plusieurs semaines pour que ces deux hommes mettent en oeuvre leur stratégie de haine mais la réaction immédiate des habitants a été celle de l'amour".
- Patrick Downes, rescapé

Réalisé par Peter Berg, TRAQUE À BOSTON rend hommage au courage exemplaire de toute une ville face à l'adversité. Retraçant les attentats du marathon de Boston en 2013, ce thriller évoque la chasse à l'homme la plus spectaculaire et la plus complexe jamais mise en oeuvre par la police. Si ces terribles événements se sont produits à Boston, ils ont marqué le monde entier.

TRAQUE À BOSTON s'inspire des témoignages des premiers secours, des personnels hospitaliers, des enquêteurs de police, des autorités gouvernementales, de citoyens ordinaires et d'authentiques rescapés.

LE SYMBOLE DU "PATRIOTS DAY"

Fondée en 1630, la ville de Boston est l'une des plus anciennes des États-Unis. Le Patriots Day commémore les batailles de Concord et Lexington qui marquent les premiers engagements militaires de la guerre d'Indépendance. Chaque année lors du Patriots Day, le troisième lundi d'avril, la ville accueille le marathon : tous les habitants s'y donnent rendez-vous.

Le lundi 15 avril 2013, deux individus, ayant grandi aux États-Unis, ont attaqué l'une des plus belles traditions de la ville. Bilan : trois morts et 264 blessés.

Comme le signale le commissaire de la police de Boston Ed Davis, la ville ne s'est pas repliée dans la peur : "Le Patriots Day est un événement majeur dans la vie de Boston. Nous le fêtons depuis fort longtemps, fiers de faire partie d’une ville qui a joué un rôle majeur pendant la Révolution. Nous avons vécu l'attaque de ces deux individus comme une insulte personnelle, si bien que nous avons riposté avec la même force".

TOUTE L'HISTOIRE

Au cours des quatre jours qui ont suivi l'attentat, plus d'un millier d'agents des polices fédérale et locale ont uni leurs forces pour reconstituer la scène de crime, passer au crible toutes les preuves et étudier les milliers de pistes pour confondre les terroristes. Le 18 avril, grâce à un indice livré par un otage ayant pris la fuite, la police a affronté les suspects lors d'un combat acharné à Watertown, alors que la ville, pour la première fois dans l'histoire américaine, était pour ainsi dire bouclée (les écoles étaient fermées, les transports en commun à l'arrêt et la population évacuée des rues). À l'issue de l'affrontement, un des assaillants (Tamerlan Tsarnaev) a été mortellement blessé. La nuit suivante, le complice de Tsarnaev, son frère cadet Dzhokhar, a été capturé alors qu'il se cachait sous la bâche d'un bateau dans le jardin d'un habitant de Watertown.

Les moments les plus marquants de l'attentat et de la chasse à l'homme ont été largement relayés mais il restait à raconter la véritable histoire …

La poursuite exemplaire des terroristes a été perçue comme le triomphe des valeurs américaines où se sont illustrés des héros de toutes natures – des rescapés et leurs proches aux premiers secours, des policiers locaux ou fédéraux (dont l'un d'entre eux, Sean Collier, a été tué dans l'exercice de ses fonctions) à des officiels du gouvernement et des citoyens ordinaires qui ont fourni des indices déterminants (comme ce jeune homme courageux Dun "Danny" Meng qui, retenu comme otage par les terroristes, a réussi à s'enfuir et à renseigner la police sur l'endroit où ils se cachaient).

Peter Berg précise : "TRAQUE À BOSTON parle d'une forme d'héroïsme citoyen, de sa force face au mal absolu. C'est une histoire qu'il fallait absolument porter à l'écran".

Le film permet au spectateur de "mieux comprendre en quoi ces événements ont marqué la ville et comment celle-ci y a fait face", indique le producteur Michael Radutzky qui, en tant que producteur du célèbre magazine d'investigation "60 Minutes", a supervisé le premier reportage de fond sur l'attentat. Son émission, axée sur le commissaire de la police de Boston Ed Davis, a été diffusée à l'antenne moins d'une semaine après l'attaque. "La manière dont Boston a réagi à cet attentat est totalement singulière : elle tient à l'esprit même de la ville, à la force de caractère des rescapés et à l'engagement de tous ceux qui ont apporté leur aide pour mettre les terroristes hors d'état de nuire".

Le scénario de TRAQUE À BOSTON s'inspire de plusieurs sources, comme le magazine "60 Minutes" et plusieurs entretiens conduits par la production avec les rescapés, les premiers secours et les enquêteurs.

Le choix du réalisateur était évidemment crucial. Le nom de Peter Berg, habitué à mettre en scène des récits inspirés de faits réels où le courage triomphe de l'adversité s'est rapidement imposé. Conteur audacieux et visionnaire, Berg sait projeter le spectateur au coeur de l'action.

"C'est difficile car il faut à la fois raconter une histoire captivante et rester fidèle à la réalité", précise le producteur Hutch Parker. "Quand on se penche sur la filmographie de Peter, de FRIDAY NIGHT LIGHTS à DU SANG ET DES LARMES et DEEPWATER, on se rend compte qu'aucun autre réalisateur ne s'y prend mieux que lui sur ce terrain".

Comme la plupart des Américains, Berg avait suivi les événements du début à la fin : "J'ai été touché par ces habitants qui se sont unis pour capturer les terroristes et qui n'ont jamais cessé de s'épauler", rapporte le réalisateur.

Il a aussi été marqué par la manière dont ces attaques ébranlent profondément notre société. "Cet attentat effroyable, comme d'autres qui se produisent dans le monde entier, sont des actes de lâcheté absolue perpétrés par des extrémistes religieux et des individus radicalisés qui s'en prennent à des innocents", dit-il. "Ce qui m'a beaucoup dérangé, c'est que cette attaque n'a pas eu lieu au coeur des montagnes d'Afghanistan, ravagées par la guerre, ou dans une ville assiégée du Moyen-Orient, mais dans une ville américaine".

Le réalisateur souhaitait également mettre en valeur les efforts coordonnés des forces de l'ordre de Boston qui ont oeuvré en étroite collaboration avec le FBI : elles ont en effet admirablement géré une situation d'urgence et ont travaillé sans relâche dans des circonstances éprouvantes – sous les regards du monde entier. "L'abnégation et le courage exemplaires de nos soldats et de nos policiers m'ont servi d'exemple", confie-t-il.

Berg et ses collaborateurs se sont soigneusement documentés sur les faits et ont ainsi rencontré des commissaires de la police de Boston, des agents du FBI et des policiers du Massachussetts, ainsi que des responsables d'associations et d'organisations ayant participé au sauvetage. En effet, il s'agissait de s'assurer que le film restitue fidèlement la réalité des événements. "Il était essentiel que la ville de Boston soit un personnage à part entière", déclare le réalisateur. "On avait besoin de tous ceux qui ont participé aux secours et il était de notre devoir de respecter l'exactitude des faits".

"Les moments que nous avons passés à Boston en compagnie de ceux qui ont été touchés par les événements ont été essentiels", souligne le producteur Scott Stuber. "C'était la seule manière de faire en sorte qu'on raconte l'histoire avec précision en portant un soin particulier au moindre détail. Nous leur avons laissé toutes nos coordonnées afin qu'ils puissent nous contacter s'ils avaient un problème ou s'ils se souvenaient d'un événement. Nous tenions à ce qu'ils se sentent libres de nous appeler quand ils le voulaient dans le but de nouer une véritable complicité".

TRAQUE À BOSTON s'articule autour de plusieurs intrigues permettant de cerner la tension qui s'est emparée de la ville au cours des 105 heures de chasse à l'homme. "Des milliers de gens ont été touchés", indique Berg. "Pour rendre compte de l'envergure de cet événement, nous avons choisi de nous attacher à sept ou huit personnages qui ont été particulièrement touchés par cet événement, chacun à sa manière. À Boston, personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer ensuite et les gens étaient – à juste titre – inquiets que d'autres attentats ne se produisent. Nous avons cherché à montrer l'impact global de l'attaque sur la ville, à travers des actes de courage individuels et des gestes formidables de bienveillance et de compassion".

Tout comme Berg dans le rôle de metteur en scène, Mark Wahlberg, qui a grandi dans le quartier de Dorchester à Boston, s'imposait pour incarner la pugnacité et la solidarité qui ont caractérisé les habitants de la ville. L'acteur est d'ailleurs également producteur du film.
Il reconnaît qu'au départ il hésitait un peu à s'engager dans l'aventure. "C'est un sujet qui me touche de très près parce qu'à Boston tout le monde connaît quelqu'un qui a été directement frappé par l'attentat", note-t-il. "Si je me décidais à tourner le film, je voulais faire en sorte qu'on raconte l'histoire avec justesse".

Il s'est aussi demandé s'il n'était pas trop tôt pour s'atteler à un tel récit. "Mais en y réfléchissant, je me suis dit que si on ne le faisait pas, quelqu'un d'autre le ferait – et s'il ne s'y prenait pas avec respect et sensibilité, le résultat serait épouvantable".

LE RÉALISME AVANT TOUT
Précisions et détails

La production a tout mis en oeuvre pour tourner autant que possible sur les lieux mêmes où les événements se sont produits. Mais elle n'a jamais perdu de vue le caractère sensible du sujet et les désirs des Bostoniens. "S'il n'y avait ne serait-ce qu'une seule personne réticente à l'idée qu'on vienne tourner dans son quartier, on aurait évidemment tourné ailleurs", assure Berg.

Tous ceux qui ont participé au Marathon de Boston en 2013 – et vécu le choc de l'attentat – se sont volontiers confiés à l'équipe du film. Autant dire que la production se devait d'être accueillante, comme l'explique Stuber : "Ils pouvaient venir sur le plateau quand ils le souhaitaient. S'ils avaient parfois du mal à assister à la reconstitution des faits, ils étaient malgré tout contents d'être là et ressentaient comme un étrange sentiment cathartique. Leur présence nous rappelait qu'on était en train de raconter leur histoire et je crois que cela nous a d'autant plus poussés à tout mettre en oeuvre pour être à la hauteur".

Le régisseur d'extérieurs Mark Fitzgerald est entré en contact avec les responsables de plusieurs sites de la ville pour obtenir des autorisations de tournage. Certains n'étaient pas disponibles, d'autres étaient inaccessibles à une équipe de film – mais dans l'ensemble la production a utilisé environ 70% des lieux réels des événements.

D'emblée, on s'est rendu compte qu'on allait devoir reconstituer une partie importante de Boylston Street où l'attentat a eu lieu car on était conscients qu'on ne pourrait jamais tourner là-bas", indique Tom Duffield (chef-décorateur). Avec son équipe, il a photographié Boylston Street sous tous les angles et réuni des clichés du FBI et de témoins de l'attaque. Puis, il s'est entretenu avec les policiers présents sur les lieux du drame.

En effet, pour reconstituer les événements d'avril 2013, la production s'est appuyée sur les images tournées par les chaînes info, les témoins et les caméras de surveillance. C'est grâce à ces images que la production a pu obtenir un tel degré de réalisme.

La chef-costumière Virginia Johnson a consulté des photos et des vidéos d'archives et a interrogé les policiers du Boston Police Department (BPD) et du FBI. "Le lieutenant Meade, du BPD, m'a permis de prendre en photo les badges, pin's et autres gilets pare-balles pour m'en inspirer par la suite", dit-elle. "C'est ce que j'ai fait à Watertown et dans tous les autres commissariats. Tous les officiers de police m'ont accordé leur temps sans compter et m'ont envoyé des photos d'eux en uniformes. C'était formidable de démarrer comme ça parce qu'on savait, d'entrée de jeu, qu'on partait dans la bonne direction".

Au cours des préparatifs, Virginia Johnson a rencontré plusieurs personnes qu'on retrouve dans le film sous les traits de comédiens. "On s'est entretenu avec Travis Dixon qui était le colocataire de Sean Collier", souligne-t-elle. "Il nous a montré les bottes que portait Sean pour que je puisse confectionner des bottes avec la même patine. C'est grâce à ce genre de détails qu'on avait le sentiment d'être le plus fidèle possible à cet homme. Son colocataire y a été sensible".

Par la suite, Berg a mêlé des images d'archives aux plans du film, accentuant ainsi la tension et le sentiment de réalisme. C'est notamment le cas de la scène du parking de l'Arsenal Mall de Watertown reconverti en poste de commandement et de celle de la salle des preuves du FBI à Black Falcon où la police scientifique a pu étudier des indices pour identifier les suspects.

Les images d'archives ont joué un rôle déterminant pour que le réalisateur et son fidèle chef-opérateur Tobias Schliessler mettent au point le style visuel du film. "Peter souhaitait que TRAQUE À BOSTON soit aussi réaliste que possible, si bien qu'on a choisi de le tourner comme un documentaire, ainsi on a pu y intégrer les images des chaînes d'info sans perturber le spectateur ou détourner son attention"explique le directeur de la photo.

Tout comme dans LE ROYAUME et DU SANG ET DES LARMES, l'équipe a privilégié un tournage à plusieurs caméras qui permet aux comédiens d'improviser et de rechercher librement la vérité de chacune des scènes. "J'ai fait appel aux meilleurs cadreurs caméra à l'épaule qui avaient travaillé avec Peter sur ses trois derniers films", indique Schliessler. "Ils ont réussi à adopter un style permettant à Peter de varier les angles de prises de vue et de se couvrir sans briser l'élan de la scène".

Le producteur Hutch Parker salue l'audace de la mise en scène : "Le jour de l'attentat, tout un tas d'événements inattendus se sont produits et Peter a parfaitement su transposer cette énergie brute", dit-il.

Il ajoute : "Il a fait confiance à l'intuition de ses comédiens et collaborateurs et nous avons tous travaillé ensemble de manière synchrone. C'est, à mon avis, ce qui donne au film une résonance émotionnelle très forte, d'autant plus que tout est filmé en temps réel".

UN CASTING BOSTONIEN

L'ancien commissaire Ed Davis, qui a largement participé au développement du projet, est l'un des protagonistes du film. Le réalisateur a confié le rôle à John Goodman, non seulement en raison de l'étendue de son registre, mais parce que "personne ne ressemble autant à Ed Davis que lui", comme le note Berg. "Ce sont tous les deux des types de grande taille et hauts en couleurs".

Heureux de participer à un film qui rend hommage à la ville de Boston, Goodman s'est senti flatté d'incarner un tel personnage, surtout après l'avoir rencontré en personne : "Il est impossible d'être à la hauteur d'un homme d'une telle stature", dit-il. "C'est un type généreux, honnête et foncièrement attaché à son boulot. Il prenait toujours le temps d'avoir un mot aimable pour chaque policier qu'il croisait".

L'agent spécial du FBI Richard DesLauriers a lui aussi joué un rôle-clé dans la chasse à l'homme. Kevin Bacon ne s'est pas fait prier pour s'engager dans l'aventure. "On ne tombe pas souvent sur un projet qui revient sur un événement majeur de notre histoire récente et qui résonne à ce point sur un plan personnel", rapporte le comédien qui a joué dans MYSTIC RIVER de Clint Eastwood, autre drame se déroulant à Boston.

L'acteur s'est documenté sur le personnage et a même rencontré DesLauriers. "J'ai tout de suite compris que j'avais affaire à un homme d'une totale intégrité qui possède une véritable éthique professionnelle", poursuit-il. Le policier a également arrêté le caïd mafieux Whitey Bulger, au bout de 16 ans de chasse à l'homme. Il se trouve que Bacon s'est tout récemment produit dans STRICTLY CRIMINAL qui relate l'histoire de ce criminel notoire.

Si la plupart des personnages de TRAQUE À BOSTON s'inspirent de personnes réelles, le protagoniste campé par Mark Wahlberg – le sergent Tommy Saunders du BPD – est le fruit d'un métissage de plusieurs policiers et urgentistes. "Il incarne surtout le courage des héros de la ville qui sont trop nombreux pour qu'on puisse tous les représenter dans un film de deux heures", observe Stuber.

Comme dans DU SANG ET DES LARMES et DEEPWATER, Wahlberg campe un homme ordinaire qui doit se battre pour survivre. En s'engageant dans le projet, l'acteur a ressenti une responsabilité écrasante, notamment à l'égard des proches de ceux qui ont été tués ou blessés dans l'attaque. Mais il a été soulagé en lisant la version finale du scénario qui met l'accent sur les efforts sans relâche des policiers pour sécuriser la ville et le récit admirable des rescapés. "Boston a refusé de céder à la peur", constate Wahlberg.

La femme de Saunders, Carol (Michelle Monaghan), apporte un vrai soutien affectif à son mari tout au long d'une enquête éprouvante destinée à confondre et arrêter les suspects. Carol est également un personnage fictif mais elle s'inspire des nombreux partenaires des policiers qui ont soutenu ces derniers au cours de ces terribles événements.

La comédienne avait déjà tourné à Boston dans GONE BABY GONE de Ben Affleck et avait adoré la ville. "Boston me fait penser à une petite ville habitée par une famille très soudée, et c'est d'ailleurs ce à quoi nous avons assisté pendant l'attentat", dit-elle. "On a vraiment perçu l'esprit de Boston pendant l'attaque et par la suite. C'est une ville qui fait preuve d'unité, d'amour et de résilience, c'est un message très fort adressé au monde".

Plusieurs personnes ont été blessées à la ligne d'arrivée. On découvre ainsi dans le film Patrick Downes et Jessica Kensky qui ont perdu leurs jambes dans l'attentat. En avril 2013, ils n'étaient mariés que depuis quelques mois. Ils avaient décidé de fêter le Patriots Day en allant encourager les coureurs à la ligne d'arrivée et ils se sont ainsi retrouvés particulièrement exposés. Patrick a malgré tout participé au marathon 2016 pendant le tournage du film. Le rétablissement du couple témoigne de l'esprit de tous ceux qui ont été frappés de plein fouet par l'attaque. "Cette histoire parle avant tout des gens comme Jessica et Patrick, qui ont survécu à ce tragique attentat", relève le réalisateur. "Ils ont tous les deux fait preuve d'un courage extraordinaire". Rachel Brosnahan (HOUSE OF CARDS) et Christopher O'Shea (MADAM SECRETARY) interprètent le couple.

Après avoir rencontré Patrick Downes et Jessica Kensky, Rachel Brosnahan indique que c'est leur soutien indéfectible l'un pour l'autre qui les distingue et rend leur histoire aussi captivante. "Leur parcours est bouleversant et magnifique et je suis flattée qu'il nous revienne, à Chris et moi, de les incarner", dit-elle. Christopher O'Shea confirme : "Ils forment un couple merveilleux".

L'agent Sean Collier travaillait sur le campus du MIT pendant la traque des terroristes : ces derniers l'ont abattu alors qu'il était au volant de sa voiture. Jake Picking, qui interprète le policier tué, a été ému par son parcours : "Le courage et l'empathie de Sean pour les autres sont un exemple pour son entourage", confie-t-il. "Sean était un héros et fait désormais partie intégrante de l'âme même de Boston".

Autre héros, Dun "Danny" Meng, immigré d'origine chinoise de 26 ans et entrepreneur high-tech, a vécu la peur de sa vie : il s'est retrouvé nez-à-nez avec les frères Tsarnaev au moment où ils ont volé son véhicule quelques minutes après avoir assassiné Sean Collier. Grâce à son courage et à sa vivacité d'esprit, Meng a réussi à prendre la fuite et à alerter la police, sauvant ainsi d'autres vies humaines. "Avant ce soir-là, je n'avais jamais vu d'arme à feu", avoue-t-il. "Quand ils m'ont visé avec leur pistolet, je me suis dit que c'était un faux. Je n'arrivais pas à croire ce qui était en train de m'arriver".

"Le parcours de Danny est sans doute mon histoire préférée, parce qu'il s'agit d'une histoire foncièrement américaine", affirme le réalisateur. "Danny m'a raconté qu'il avait quitté la Chine pour venir aux États-Unis, il m'a parlé de ses rapports avec ses parents, de sa nouvelle voiture qui l'avait rempli de fierté et, enfin, de ce moment de vérité qu'il avait vécu après avoir été retenu comme otage".

L'acteur et humoriste Jimmy O. Yang, alias Jian-Yang dans la série SILICON VALLEY, campe Meng. Quand il a appris les circonstances de la fuite de Meng, il a déclaré : "J'ai été bluffé par son exploit ! Sans Danny, les deux terroristes auraient pu se rendre à Times Square, en plein New York, où ils envisageaient de tuer plus de gens".

Le sergent Jeffrey Pugliese du Watertown Police Department ne s'est jamais considéré comme un héros. Au bout de 34 ans de carrière dans la police, il était essentiellement chargé de maintenir l'ordre dans la petite ville tranquille de Watertown. Il avait l'habitude d'aller acheter un café à sa femme au Dunkin' Donuts du coin avant de partir au travail. En avril 2013, Pugliese a joué un rôle déterminant dans l'arrestation de l'un des deux suspects : il a tiré plusieurs coups de feu sur l'aîné des frères Tsarnaev et a fini par le mettre à terre. "Le grand public ne connaît pas bien l'histoire de Jeffrey Pugliese", reprend le réalisateur. "Il n'était pas vraiment du genre à s'illustrer dans une fusillade mais ses années d'expérience et d'entraînement lui ont servi instinctivement. Il a sauvé des vies et a éliminé un des terroristes".

J.K. Simmons prête ses traits à Pugliese qui a reçu le Top Cop Award des mains du président Obama en 2014 et qui est toujours policier au sein du Watertown Police Department. Pugliese a initié Simmons au maniement des armes, lui a raconté en détails l'affrontement du 19 avril et a été consultant technique pendant le tournage de la fusillade. L'équipe a par ailleurs tourné une scène dans la maison du policier.

Billy Evans qui, depuis 2014, est commissaire de la police de Boston a participé au Marathon de 2013. Il a appris qu'un attentat avait eu lieu après coup, une fois au Boston Athletic Club, et il est immédiatement revenu à la ligne d'arrivée pour prêter main-forte au commissaire Davis et aux autres policiers pour sécuriser la zone et entamer l'enquête officielle. Originaire de Boston, James Colby (LIMITLESS, JESSICA JONES) joue son rôle.

"J'ai longuement discuté avec le commissaire Evans", relève Colby, "et nous avons visité les différents départements de la police : la Sécurité du territoire, les services de renseignement et le bureau où aboutissent tous les appels d'urgence. Il m'a raconté l'attentat en détail et les quatre jours qui ont suivi au cours desquels il a à peine dormi".

Les forces de l'ordre étaient composées d'hommes et de femmes qui, chacun à leur niveau, faisaient en sorte qu'un événement tel que l'attentat ne se produise pas. C'était aussi le cas du gouverneur Deval Patrick qui a subi une très forte pression pendant la chasse à l'homme et a dû prendre plusieurs décisions importantes sous le regard scrutateur des médias. Fallait-il diffuser des photos des terroristes et créer des zones de confinement dans toute la ville ? Michael Beach, également originaire de Boston, campe Patrick, ancien leader des mouvements pour les droits civiques.

"Le fait que j'ai grandi dans le quartier de Roxbury et que Peter Berg réalise le film m'a pas mal motivé", reconnaît Beach. "Sans compter que j'allais interpréter le gouverneur Patrick que j'admire énormément et qui a joué un rôle déterminant lors de ces événements".

"Les décisions de Patrick ont eu une incidence non seulement sur les habitants de Boston mais sur la manière dont le pays tout entier risquait d'appréhender ce type de situation", poursuit-il. "Il fallait donc qu'elles soient prises avec d'infinies précautions. Et rapidement".

Le maire de Boston Thomas Menino a lui aussi joué un rôle décisif au cours du drame. S'il était hospitalisé pour une opération au moment du marathon, il a immédiatement souhaité reprendre ses activités en apprenant qu'une attaque s'était produite. Vincent Curatola, surtout connu pour avoir incarné le caïd mafieux John "Johnny Sack" Sacrimono dans LES SOPRANO, endosse le rôle.

L'acteur s'est documenté sur le maire qu'il décrit comme "un homme sincère qui estimait qu'à partir du moment où les citoyens payaient leurs impôts et travaillaient dur, ils devaient pouvoir se sentir en sécurité avec leurs proches. Il tenait absolument à sortir de l'hôpital car il pensait qu'il était de son devoir de rassurer ses concitoyens, ce qui témoigne d'une formidable abnégation".

Avec cinq mandats consécutifs, il est le maire qui sera resté le plus longtemps aux commandes de la ville. Il est décédé en octobre 2014.

Les rôles qui ont posé le plus de difficultés sont ceux des deux terroristes, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, et son frère Dzhokhar Tsarnaev, 19 ans. Pour la production, il était essentiel que les frères soient représentés à l'écran comme deux jeunes hommes embrigadés dans une idéologie extrémiste qui n'a rien à voir avec les grands principes de l'islam. Ils sont campés respectivement par Themo Melikidze et Alex Wolff.

Wolff était au départ réticent à l'idée d'interpréter le cadet des frères Tsarnaev, "surtout parce que, lorsque je laisse pousser mes poils sur le visage, je lui ressemble étrangement", dit-il. Mais après avoir lu le scénario et discuté avec Berg, il s'est engagé dans le projet. "Vers la fin du script, j'étais en larmes", se souvient-il. "C'était tellement fort et le message était tellement positif que j'ai compris qu'il fallait que je participe au film, même si j’interpètais le salaud de l'histoire. Cela avait du sens".

"Ce que Dzhokhar et Tamerlan ont fait est impardonnable", poursuit-il. "Mais Peter ne voulait pas que ce soient des archétypes. Il en a fait des personnages complexes et nous a permis de bien les comprendre. À certains égards, ils n'en étaient que plus effrayants. Ce sont les différentes émotions par lesquelles ils passent qui en font des êtres profondément déstabilisants et qui ont rendu le parcours des rescapés d'autant plus fort et émouvant".

Themo Melikidze, qui campe Tamerlan Tsarnaev, est né dans l'ancienne république soviétique de Géorgie et a grandi en Belgique. "Le but du film est de montrer comment la ville de Boston a réagi et surmonté cette tragédie", souligne-t-il. "Il y a deux pôles dans cette histoire : d'un côté, deux garçons avec la haine au ventre tuent et blessent des innocents et, de l'autre, toute une ville qui se rassemble pour les arrêter. Les Bostoniens sont de véritables héros et le film leur rend hommage".

Le vrai compliment auquel Wolff et Melikidze ont été sensibles leur a été adressé par des policiers et des rescapés qui, pendant le tournage, sont venus leur dire "beau boulot", comme le rappelle Themo Melikidze. "Ils voulaient que les deux frères soient interprétés avec réalisme. Même si on interprétait deux personnages détestables, il était crucial qu'on contribue à raconter l'histoire sans la trahir".

La directrice de casting Angela Peri a organisé des auditions deux semaines avant le début du tournage pour réunir quelque 4500 figurants. Près de 150 d'entre eux avaient des dialogues à apprendre, environ 1500 avaient été policiers et 250 médecins ou infirmiers. "L'attentat du marathon est un sujet sensible à Boston mais c'est un événement qui méritait d'être raconté et plus encore d'être raconté par les Bostoniens eux-mêmes", dit-elle.

DE LA LIGNE DE DÉPART À LA LIGNE D'ARRIVÉE

TRAQUE À BOSTON a été tourné en 45 jours au printemps 2016 dans plusieurs quartiers de la métropole de Nouvelle-Angleterre et petites villes des environs.

Le tournage a commencé le 29 mars 2016 dans la banlieue de Quincy. Berg s'est efforcé, autant que possible, de tourner dans l'ordre chronologique. Un choix qui a aidé les comédiens et permis d'assurer une vraie continuité au maquillage, aux coiffures et aux costumes. Berg s'est aussi fixé comme règle de voir ses acteurs et ses collaborateurs tous les matins sur le plateau pour évoquer l'importance des scènes qu'ils s'apprêtaient à tourner.

L'équipe s'est ensuite rendue à Dorchester, ville natale de Wahlberg, puis à Peabody. Un entrepôt géant a été aménagé pour l'intérieur du QG du FBI au Black Falcon Terminal Warehouse, près du port de Boston. "On n'a pas pu tourner sur les lieux mêmes de Black Falcon car ils ont été modernisés depuis 2013", souligne le chef-décorateur Duffield. "On a reconstitué cet espace à Peabody qui était plus grand et qu'on a réagencé pour qu'il ressemble au véritable QG de Black Falcon".

Il a fallu reconstituer le marathon de Boston, le plus ancien du pays. Le 18 avril 2016, la production a obtenu l'autorisation de filmer des scènes du marathon pour en conserver la beauté et les festivités qu'il aurait été impossible de restituer autrement. Le marathon a été disputé par 30 000 coureurs et réuni un demi-million de spectateurs qui se sont massés dans les rues de la ville pour admirer la course de 41, 195 km qui s'est achevée à Boylston Street.
À la ligne d'arrivée, à Copley Square, l'équipe a disposé de deux heures avant le début de la véritable course pour tourner une scène où Wahlberg inspecte la zone. "On a eu beaucoup de chance de pouvoir tourner des images du marathon sur toute une journée", estime Berg. "On a été émus d'être autorisés à tourner sur ce site – et cela a été un moment très fort pour toute l'équipe".

La plupart de ceux qui ont accepté d'être figurants pour la séquence étaient soit spectateurs, soit coureurs lors de l'édition 2013 du marathon. La production a également collaboré avec la Garde nationale du Massachussetts qui a fourni douze soldats pour inspecter la ligne d'arrivée.
Par respect pour toutes les victimes, la production n'a pas tourné les explosions et le chaos qui a suivi à Boylston Street. Elle a construit à South Weymouth une réplique grandeur nature de la zone autour de la ligne d'arrivée. "C'est pour l'essentiel une reconstitution des principaux sites où les deux explosions se sont produites", indique Duffield, "à savoir la zone autour de la ligne d'arrivée où nous avons réuni tous les vendeurs de 2013 dans les gradins, les barricades, les tribunes des juges et même les drapeaux. Nous avons installé ces deux décors à la même distance l'un de l'autre que sur Boylston Street ; lorsque l'équipe des effets visuels est intervenue, ils ont pu travailler sur des décors qui étaient à la bonne échelle".

Pour reproduire les dégâts considérables provoqués par les deux cocottes-minute, le superviseur des effets spéciaux Matt Kutcher et son équipe ont utilisé des canons à air remplis de poudre et de liège qui ont simulé les éclairs de l'explosion, la propagation des débris après la détonation et le souffle de la déflagration qui s'est engouffré dans les drapeaux à la ligne d'arrivée. "En 28 ans de carrière, je n'avais jamais travaillé sur un projet qui nécessite de reproduire un événement aussi épouvantable avec un tel degré de précision", reconnaît Kutcher. "Nous l'avons reconstitué de A à Z et n'avons rien laissé au hasard. L'impact visuel et émotionnel a été total".

La production a ensuite investi le Spaulding Rehabilitation Hospital de Cambridge pour l'intérieur du Boston Medical Center où des dizaines de rescapés ont été soignés après la double explosion – à l'instar de Jeff Bauman, Jessica Kensky et Patrick Downes ou encore l'aîné des deux terroristes, Tamerlan Tsarnaev après ses échanges de tirs avec les policiers de Watertown. L'équipe a fait appel à plusieurs consultants médicaux par souci d'authenticité. Citons notamment Linda Klein, ancienne infirmière spécialisée en chirurgie, et le docteur Jeffrey Kalish, chirurgien vasculaire réputé travaillant au Boston Medical Center, qui a lui-même soigné et sauvé des dizaines de blessés en 2013. Si trois personnes ont perdu la vie à la ligne d'arrivée, tous les blessés transportés à l'hôpital ont survécu.

Le docteur Kalish était présent sur le plateau pendant le tournage des séquences médicales où son expertise en matière chirurgicale s'est révélée inestimable. Il raconte : "C'est une expérience inoubliable. J'ai assisté aux scènes d'opérations et le réalisateur et ses assistants sollicitaient constamment les consultants pour savoir si les gestes médicaux étaient les bons".
L'épouse de Kalish a participé au marathon de 2013, le chirurgien et leurs deux filles étaient sur place pour l'encourager. "Nous étions sur Boylston Street sans doute moins d'une minute après l'explosion", dit-il. "C'est en général un jour de fête, mais les gens rebroussaient chemin et les voitures de police et les ambulances se dirigeaient vers Boylston Street. Je ne savais pas encore ce qui se passait à ce moment-là, je voulais juste retrouver ma femme et la sortir de là. Très vite, j'ai appris qu'elle allait bien et j'ai alors reçu un coup de fil de l'un des médecins de l'hôpital. Il m'a demandé : 'Vous allez bien ? Votre femme va bien ? Si c'est le cas, vous pouvez venir pour soigner des blessés ?'"

Une fois rendu au Boston Medical Center, il a foncé vers le bloc opératoire. "Il y avait des chirurgiens de toutes les spécialités qui occupaient les huit blocs de l'hôpital", poursuit-il. "C'était un spectacle inimaginable de voir tous ces médecins qui avaient quitté leur confort douillet pour se retrouver là et faire tout ce qu'ils pouvaient pour venir en aide aux blessés".
Kalish explique que ni lui, ni ses confrères, ne pourront jamais oublier la tragédie du 13 avril. "Ce à quoi nous avons assisté ce jour-là et dans les semaines qui ont suivi nous a rappelé pourquoi nous avons choisi une carrière médicale", ajoute-t-il. Le praticien précise qu'il est toujours en contact avec de nombreux patients qu'il a soignés ce jour fatidique.

Framingham a servi de cadre au quartier de Watertown où des milliers de policiers ont passé au peigne fin une vingtaine de pâtés de maisons pour retrouver la trace de Dzokhar Tsarnaev – avant que la police et une unité spéciale de sauvetage des otages ne l'obligent à se rendre. Une maison située sur Harrison Street a été utilisée pour la propriété de David Hennerberry : les décorateurs ont construit une maquette grandeur nature de son garage et ont déniché une réplique de son bateau Seabird de 7 m de long, datant de 1981, où le jeune terroriste s'était réfugié. Hennerberry s'est rendu sur le décor, accompagné de quelques policiers de Watertown : "J'étais un peu tendu et mon coeur battait très fort", se souvient-il. "Et puis quand j'ai vu ce qu'ils avaient fait, j'ai été bluffé".

La production a également tourné à Malden, à environ 8 km au nord-ouest de Boston. C'est là que la fusillade de Watertown, où les policiers affrontent les terroristes, a été reconstituée.
C'est l'une des séquences les plus éprouvantes du film. Contrairement à l'attaque, elle n'avait pas été filmée par les médias. Ce soir-là, Boston a vécu l'une des fusillades les plus retentissantes de son histoire, mobilisant des policiers d'une centaine de commissariats différents.

Matt Kutcher souligne que si la plupart des gens qui se sont intéressés aux événements ont vu des images des attentats, la fusillade de Watertown était bien plus spectaculaire que ce qu'ont bien voulu en dire les médias. "Elle n'a pas été relayée par les chaînes d'info parce qu'il n'y avait pas de caméra dans le secteur", analyse-t-il. "Tout le monde a vu les explosions qui se sont produites à la ligne d'arrivée mais pas ce qui s'est passé à Watertown".
Berg constate : "Il y avait quatre ou cinq policiers dans cette petite ville et soudain, vers minuit, ils se sont retrouvés pris au piège dans une fusillade épouvantable où on leur balançait des bombes artisanales et des Cocottes-Minute. Ce n'était pas une scène de film d'action. Il s'agissait d'hommes qui tentaient de se défendre et de protéger leur ville. Ils m'ont servi d'exemple".

Il aura fallu deux semaines pour tourner la séquence. Une quarantaine de comédiens y ont participé ainsi que des cascadeurs pour interpréter les policiers des diverses unités déployées.
Ancien agent du FBI et consultant sur le tournage, Chris Whitcomb a guidé les interprètes des policiers. Il a fait appel à son expertise pour faire en sorte que l'unité de sauvetage des otages soit parfaitement crédible. Il s'imposait donc dans le rôle du chef de cette équipe de choc – surnommé le "Virginien"– qui s'inspire du véritable policier qui a permis d'arrêter Dzokhar Tsarnaev. "Ce n'était pas trop difficile", reconnaît Whitcomb, "car c'était mon ancien boulot".

La dernière semaine de tournage s'est déroulée à Rockland où l'équipe Décors a construit onze façades de maisons dans le style Queen Anne, typique des propriétés situées près du carrefour où la fusillade a éclaté. Après Boylston Street, il s'agit du deuxième plus grand décor de la production. "Nous avons filmé les explosions sur une base militaire désaffectée afin qu'aucun habitant de la ville n'ait à revivre ces événements douloureux", explique Kutcher.

Le tournage s'est achevé début juin au Massachussetts Institute of Technology (MIT) où Sean Collier a perdu la vie. L'équipe a non seulement obtenu l'autorisation de tourner sur le campus mais elle a pu s'entretenir avec plusieurs anciens collègues de Collier : ils se sont tous montrés sensibles au fait que la production tourne dans leur institution. "Le MIT témoigne d'un immense respect pour Sean", relève le réalisateur. "On nous a donc accueillis à bras ouverts. C'était extrêmement émouvant".

La postproduction était tout aussi importante dans le résultat final du film. À commencer par le montage son et le mixage. "Nous avons évité d'aborder la bande-son comme dans la plupart des films d'action", note le monteur son Piero Mura.

Le monteur son et mixeur ré-enregistrements précise : "Nous avons créé deux atmosphères sonores : les sons enregistrés et ceux qui relèvent du ressenti. La bande-son mêle les deux pour exprimer le point de vue de tous ceux qui ont assisté à l'attentat".

Piero ajoute que d'authentiques enregistrements sonores ont été utilisés dans une scène-clé : "On entend des sons qui avaient été enregistrés par un badaud au cours de la fusillade de Watertown", dit-il. "Et les terribles explosions des affrontements nous ont guidés pour imaginer l'architecture sonore de la fusillade".

Trent Reznor et Atticus Ross, tous deux oscarisés, ont collaboré à la bande-originale. On leur doit notamment les musiques de THE SOCIAL NETWORK, MILLENIUM : LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES et GONE GIRL de David Fincher. Subtile, percutante et parfois déroutante, leur partition s'accorde parfaitement au style visuel de Peter Berg.
"Personne ne nous enlèvera notre liberté. Ne perdez pas courage".
- David "Big Papi" Ortiz (Red Sox de Boston) 
À LA LIGNE D'ARRIVÉE

"J'espère que le public vivra ce film comme une expérience viscérale et que pendant deux heures il sera traversé par l'émotion, l'énergie et l'intensité qui ont marqué la ville au cours des 105 heures qu'aura duré la traque des deux terroristes", indique Peter Berg. "J'espère vraiment que le film offrira matière à réflexion aux gens et qu'il leur donnera envie de réfléchir à la situation du monde et à la force de l'amour".

"On ne pourra pas empêcher les terroristes et les criminels d'agir mais ils ne peuvent en aucun cas gouverner nos vies", ajoute Wahlberg. "On doit pouvoir continuer d'assister à un marathon ou à un match de base-ball, d'aller voir un film au cinéma, de mener une vie normale et il faut qu'on soit tous solidaires. Au bout du compte, les Bostoniens nous ont montré que l'amour de notre prochain est plus fort que tout le reste. C'est pour ça qu'il fallait raconter cette histoire".

"La manière dont Boston, ses habitants, ses forces de police, ses premiers secours et ses rescapés ont su garder la force pour aller de l'avant nous a servi d'exemple", signale Hutch Parker.

"Le message du film, c'est qu'il faut rester debout et solidaires en agissant avec intégrité", ajoute Scott Stuber.

Autre post du blog lié à TRAQUE A BOSTON

GHOST IN THE SHELL

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Au cinéma le 29 mars 2017

Dans ce nouvel extrait, on assiste au réveil de Scarlett Johansson dans la peau du Major. Cette scène est certainement clé dans la construction de l'histoire autour de ce personnage que l'affiche met, elle aussi, en valeur.






Dans un futur proche, Le Major (Scarlett Johansson) est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels.

Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, Le Major est la seule à pouvoir la combattre.

Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on lui a volé. 

Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.



 
#GhostInTheShell

Autre post du blog lié à GHOST IN THE SHELL

THE WARRIORS GATE

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Au cinéma le 22 mars 2017

Quand un gamer d’exception devient un héros des arts martiaux

Ce film fantastique reprend les ficelles de l'adolescent moderne et sympathique qui doit remplir une quête dans un monde plein de magie et de dangers. Il a l'air de répondre à tous les critères du genre et pourrait bien être un divertissement très cool.

Un film de Matthias Hoene avec Mark Chao, Ni Ni, Dave Bautista, Sienna Guillory, Uriah Shelton


Résumé : Un adolescent passionné de jeux vidéo se retrouve par magie transporté dans la Chine médiévale. Il lui faudra user de tous ses talents de gamer pour devenir un authentique guerrier kung-fu capable de sauver la princesse et de rétablir la paix entre les empires… et ce avant que ne résonne le gong du Game Over !

Bande annonce (VOSTFR)










Crédit photo : Ben Rothstein © 2015 FUNDAMENTAL FILMS - EUROPACORP All rights reserved.

  
#TheWarriorsGate

KONG: SKULL ISLAND

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Je trouve cette nouvelle rigolote et l'idée très sympa parce que cohérente avec l'impressionnante taille de Kong ! Pour rappel, mon avis sur le film est ici.

3.18m x 2.38m et un poids de 100kg,
Le roi KONG a enfin un magazine… à sa taille !


Un ÉNORME numéro de CINÉMATEASER a été spécialement créé à l'occasion de la sortie en salle de KONG SKULL ISLAND et a battu le Guinness World Records du plus grand magazine du monde (validé par le Guiness Book) lors de l’avant-première du film qui a eu lieu au Grand Rex en début de semaine.









Making of de ce magazine hors norme avec la participation de Studio Danielle


Bande annonce du film (VOSTFR)



  
#KongSkullIsland

PIRATES DES CARAIBES : LA VENGEANCE DE SALAZAR

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Au cinéma le 24 mai 2017

La nouvelle bande annonce nous en apprend plus sur pourquoi le Capitaine Salazar veut se venger de ce sacré Jack Sparrow qui n'en loupe jamais une. Elle nous promet de chouettes moments spectaculaires !


Nouvelle bande annonce (VOSTFR)

L’histoire

L’emblématique Jack Sparrow, anti-héros au look ô combien reconnaissable, est de retour sur grand écran.

Campé par Johnny Depp, il est au centre d’une nouvelle aventure intitulée PIRATES DES CARAIBES : LA VENGEANCE DE SALAZAR.

Les temps sont durs pour le Capitaine Jack, et le destin semble même vouloir s’acharner lorsqu’un redoutable équipage fantôme mené par son vieil ennemi, le terrifiant Capitaine Salazar (Javier Bardem), s’échappe du Triangle du Diable pour anéantir tous les flibustiers écumant les flots… Sparrow compris ! Le seul espoir de survie du Capitaine Jack est de retrouver le légendaire Trident de Poséidon, qui donne à celui qui le détient tout pouvoir sur les mers et les océans. Mais pour cela, il doit forger une alliance précaire avec Carina Smyth (Kaya Scodelario), une astronome aussi belle que brillante, et Henry (Brenton Thwaites), un jeune marin de la Royal Navy au caractère bien trempé. À la barre du Dying Gull, un minable petit rafiot, Sparrow va tout entreprendre pour contrer ses revers de fortune, mais aussi sauver sa vie face au plus implacable ennemi qu’il ait jamais eu à affronter…

PIRATES DES CARAÏBES : LA VENGEANCE DE SALAZAR est produit par Jerry Bruckheimer et réalisé par Espen Sandberg &Joachim Rønning

Site officiel : www.disney.fr
 
#LaVengeanceDeSalazar
#PiratesDesCaraïbes

ROYAL OPERA HOUSE - MADAMA BUTTERFLY

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Cette fois, c'est Madame Butterfly qui sera retransmis en direct au cinéma. La bande annonce donne un aperçu de la beauté et de la puissance de cet opéra.

Opéra en trois actes
Projeté en direct dans les cinémas 
le jeudi 30 mars 2017 à 20h15

Antonio Pappano dirige un casting impressionnant mené par Emronela Jaho dans le puissant et poignant opéra de Puccini.

Madama Butterfly de Puccini est un des opéras les plus populaires qui soit, porté par une ravissante musique racontant l’histoire déchirante d'une geisha aimante abandonnée par son mari, un américain sévère. Ermonela Jaho, soprano très adulée, tient le rôle-titre pour la première fois à Covent Garden dans une production splendide signée Moshe Leiser et Patrice Caurier.

L'imagerie exotique du décor de Nagasaki s’inspire de la représentation romantique imaginée par les artistes occidentaux du XIXe siècle. La musique de Puccini donne vie au chant des oiseaux du matin, au rituel marital et à la séduction de l'officier de la marine B.F. Pinkerton (interprété par le prometteur jeune ténor Marcelo Puente) de son innocente fiancée. Les passages incontournables incluent l'aria passionnée « Un bel di » (Une belle journée) lorsque Cio-Cio-San livrée à elle-même, s'accroche vainement à ses rêves.

Le Chef d’orchestre du Royal Opera, Antonio Pappano, célébré pour ses interprétations des opéras italiens, dirige ce voyage intense et captivant, passant de la lumière et l’excitation aux ténèbres et à l’abnégation.

La durée de la représentation est d’approximativement de 2 heures et 45 minutes, entracte compris.

Chanté en italien avec des sous-titres anglais.


CIO-CIO-SAN ERMONELA JAHO

B.F. PINKERTON MARCELO PUENTE

SHARPLESS SCOTT HENDRICKS

SUZUKI ELIZABETH DESHONG

MUSIQUE GIACOMO PUCCINI

CHEF D'ORCHESTRE ANTONIO PAPPANO

METTEURS EN SCÈNE MOSHE LEISER ET PATRICE CAURIER



Pour trouver la projection la plus proche de chez vous : http://www.roh.org.uk/cinemas

     
#ROHButterfly

Autre post du blog sur ROYAL OPERA HOUSE 

LA BELLE ET LA BÊTE

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Fantastique/Romance/Une jolie histoire d'amour avec de très belles scènes de comédie musicale

Réalisé par Bill Condon
Avec Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Kevin Kline, Josh Gad, Ewan McGregor, Stanley Tucci, Audra McDonald...

Long-métrage Américain
Titre original : Beauty And The Beast 
Durée: 02h10mn
Année de production: 2017
Distributeur: The Walt Disney Company France

Date de sortie sur les écrans américains : 17 mars 2017
Date de sortie sur nos écrans : 22 mars 2017


Résumé : Fin du XVIIIè siècle, dans un petit village français. Belle, jeune fille rêveuse et passionnée de littérature, vit avec son père, un vieil inventeur farfelu. S'étant perdu une nuit dans la fôret, ce dernier se réfugie au château de la Bête, qui le jette au cachot. Ne pouvant supporter de voir son père emprisonné, Belle accepte alors de prendre sa place, ignorant que sous le masque du monstre se cache un Prince Charmant tremblant d'amour pour elle, mais victime d'une terrible malédiction.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait « Belle » (VOSTFR)


Extrait « Gaston » - (VOSTFR)


Extrait « Invitation à dîner » - (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : ce long-métrage s'inspire du dessin animé éponyme sorti en France en 1992. Au niveau du scénario, même s'il a les mêmes petits défauts (Belle n'a jamais froid et met des temps records pour se déplacer d'un endroit à un autre...), il a trois avantages à mes yeux par rapport au dessin animé : il réintègre la rose comme cause des tourments de Belle et de son père, il explique un peu le passé du Prince et de Belle et il assume clairement que LeFou craque pour Gaston. 

Le réalisateur, Bill Condon, nous offre de véritables scènes de comédie musicale éclatantes, spectaculaires et enthousiasmantes. Elles sont un vrai plaisir à regarder. La musique et les chansons sont toujours aussi jolies. Les scènes liant les tableaux musicaux sont, elles aussi, tout à fait convaincantes et offrent une continuité dans le style du film. Les décors et les costumes sont réussis et en adéquation avec l'histoire. L'animation des objets est superbe. La preuve en est qu'on en oublie les effets spéciaux et qu'on s'attache à tous ces personnages, d'autant que leurs voix en version originale sont celles d'acteurs célèbres et talentueux qui savent offrir les intonations qu'il faut à leur protagoniste. 



Belle, interprétée par Emma Watson, est jeune, jolie et intelligente. Le rôle n'offre cependant pas à l'actrice, au demeurant charmante, d'occasions de sortir des sentiers battus. 


La Bête est un personnage touchant qui évolue au fur et à mesure du film. Son rendu est crédible et participe à la magie de l'histoire. 



Gaston, interprété par Luke Evans et LeFou interprété par Josh Gad sont un duo efficace dans leur genre. L'un est plein de suffisance et abrite un monstre intérieur, l'autre laisse son attirance pour le premier lui céder tous ses excès. 


En terme de conte de fées LA BELLE ET LA BÊTE comblera les rêveurs et les rêveuses de tout âge à la recherche d'une jolie histoire d'amour sur fond de fantastique. La morale sur la beauté intérieure est très appréciable. C'est un très joli divertissement, plein de petits détails très mignons, qui se regarde et s'écoute avec des yeux d'enfant ravi.



REPORTAGE : DE L'ANIMATION AU LIVE-ACTION (VOSTFR)


Issu de la tradition orale, le conte classique La Belle et la Bête – et le puissant message qu’il délivre sur la beauté intérieure – trouve ses origines dans la France du XVIIIe siècle. C’est la romancière Gabrielle-Suzanne Barbot de Villeneuve qui, dans La jeune Américaine et les contes marins en 1740, le couchera pour la première fois par écrit. Mais il faudra attendre 17 ans de plus, et la version remaniée, abrégée et rédigée par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son livre Le Magasin des enfants, pour que le récit prenne son envol littéraire et devienne la référence que l’on connaît désormais…

Aujourd’hui, ses thèmes restent toujours aussi pertinents et l’histoire continue à fasciner les conteurs, comme en témoignent les innombrables interprétations qui ont vu le jour. Mais celle du grand classique de l’animation Disney en 1991 a particulièrement marqué les esprits…

Lorsque le studio a soumis l’idée à Bill Condon (DREAMGIRLS, les chapitres 4 et 5 de la saga TWILIGHT), le réalisateur a d’abord craint de s’atteler au remake d’une œuvre déjà parfaite. Il explique : « Je considère la version animée de 1991 comme le film parfait. À sa sortie, LA BELLE ET LA BÊTE était révolutionnaire non seulement sur le plan narratif, mais également sur le plan musical, la bande originale composée par Alan Menken et Howard Ashman étant tout simplement incroyable. C’est la raison pour laquelle j’avais au départ quelques réserves. »

Cependant, le cinéaste a très vite réalisé que le temps était venu pour une adaptation du film en prises de vues réelles. Conteur accompli, Bill Condon a rapidement visualisé le potentiel cinématographique de l’histoire. Il explique : « 25 années se sont écoulées depuis la sortie du dessin animé et la technologie nous permet désormais de réaliser en prises de vues réelles ce qui avait été introduit dans le film d’animation. Aujourd’hui, pour la première fois, il est possible de créer des versions photoréalistes d’une tasse de thé qui parle dans un environnement réel. »

Pour le réalisateur, l’attrait de LA BELLE ET LA BÊTE était double : c’était d’abord l’occasion de réaliser un film musical en hommage aux comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien, mais aussi de revisiter une histoire qui tient une place particulière dans son cœur et de creuser la psychologie des personnages. Bill Condon possède des connaissances encyclopédiques en matière de comédies musicales et sait mieux que quiconque faire dialoguer histoire et musique, mais il a surtout vu le film comme l’occasion de remettre le genre musical au goût du jour.

UNE HISTOIRE ÉTERNELLE D’INSPIRATION FRANÇAISE

Les villages de Conques, Carennac, Sarlat, Monpazier, Noyers sur Serein… ont inspiré le village fictif de Villeneuve

Issu de la tradition orale, le conte classique La Belle et la Bête trouve ses origines dans la France du XVIIIe siècle. C’est la romancière Gabrielle-Suzanne Barbot de Villeneuve qui, dans La jeune Américaine et les contes marins en 1740, le couchera pour la première fois par écrit. Mais il faudra attendre 17 ans de plus, et la version remaniée, abrégée et rédigée par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son livre Le Magasin des enfants, pour que le récit prenne son envol littéraire et devienne la référence que l’on connaît encore aujourd’hui…

Pour cette  version « live action » du célèbre film d’animation des studios Disney - qui fête cette année ses 25 ans d’existence -  un soin particulier a été apporté pour souligner les origines françaises de l’histoire. Celle-ci se déroulant dans la France du milieu du XVIIIesiècle - et non dans un univers alternatif et sans date précise comme dans nombre de contes de fées – chaque département artistique a veillé à ce que les décors, les accessoires, les costumes, les coiffures et le maquillage soient le plus fidèles possible à la France des années 1740.

L’équipe créative n’a pas cherché à reproduire à l’identique telle ou telle œuvre architecturale, mais a concentré ses efforts sur la vraisemblance et la crédibilité. Œuvre de fiction, LA BELLE ET LA BÊTE « live action » se devait de refléter la réalité de l’époque, mais dans une version sublimée par la magie du cinéma.

C’est ainsi que pour le village fictif de Villeneuve - où vivent Belle et son père, la chef décoratrice Sarah Greenwood et son équipe se sont notamment inspirés de plusieurs villages du sud-ouest de la France, dont Conques, Carennac, Sarlat, Monpazier… mais aussi de Noyers sur Serein, en Bourgogne. Pour cet immense décor construit sur le backlot des studios de Shepperton à Londres, peintres, charpentiers et menuisiers ont reconstitué la maison de Belle, une école, un tailleur, une taverne, une église et la place du village.

Ce souci de vraisemblance, l’équipe artistique l’a également eu pour le château de la Bête. Elle a opté au final pour une combinaison de différents styles architecturaux avec la prédominance du rococo français, un style très répandu dans la France des années 1740 et notamment utilisé pour le château de Versailles. On  trouve également dans ce décor grandiose dix lustres en verre mesurant chacun plus de quatre mètres sur deux, inspirés de ceux de Versailles, qui ont été dépolis, drapés et ornés de bougies.

DISNEY ET LA FRANCE : UNE LONGUE HISTOIRE D’AMOUR

D’origine normande - son nom vient « d’Isigny » sur Mer - Walt Disney est souvent venu en France et a mis en scène notre patrimoine littéraire dans ses premiers cartoons tirés des Fables de Jean de La Fontaine (Le Lièvre et la tortue, La Cigale et la fourmi…), ses Grands Classiques d’après les Contes de Charles Perrault (Cendrillon, La Belle au bois dormant) ou ses films en prises de vues réelles tirés des Voyages Extraordinaires de Jules Verne (20000 lieues sous les mers, Les enfants du Capitaine Grant).

Aujourd’hui encore, la France continue d’inspirer les studios d’animation Disney et Disney.Pixar, en témoignent des Grands Classiques aussi réputés que Les Aristochats, La Belle et la Bête ou Le Bossu de Notre-Dame mais aussi Ratatouille ou Cars 2, dont l’une des étapes passe par la France.

Pour fêter cette belle histoire d’amour, Disney proposera le 23 mars prochain – jour de la sortie de LA BELLE ET LA BÊTE version « live action » au cinéma, un coffret commémoratif composé de 4 grands films d’animation dont l’action se passe en France (Les Aristochats, La Belle et la Bête, Le Bossu de Notre-Dame, Ratatouille) mais aussi d’un livre de coloriage antistress pour adulte sur ces mêmes films et de 4 cartes collector montrant la vision de la France par les artistes Disney.

LES PERSONNAGES 













ROTARY ESPOIR EN TÊTE
S’ASSOCIE À NOUVEAU À DISNEY
AU PROFIT D’UNE CAUSE FONDAMENTALE

À partir du 17 mars 2017, l’action des Rotariens français vous invite à faire un don pour la recherche sur le cerveau et à découvrir en avant-première le nouveau film des Studios Disney

Pour la 12e année, le Rotary soutient la recherche sur le cerveau et collecte des fonds. Dans ce cadre, en partenariat avec The Walt Disney Company France, l’association organise des projections exceptionnelles en avant-première du film LA BELLE ET LA BÊTE.

Depuis 2005, l’action nationale ROTARY ESPOIR EN TÊTE a récolté près de 10 millions d’euros et reversés à la Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC). Objectif: financer l’achat de matériel lourd destiné à 56 équipes françaises de recherche sur le cerveau.

Le principe est simple : tous les ans, une série d’avant-premières est organisée dans toute la France afin d’inciter les spectateurs à faire des dons : les billets sont vendus au prix de 15 euros dont 8 euros au moins sont reversés à la FRC. Parmi les films sélectionnés précédemment : « Le Monde Fantastique d’Oz », « Cheval de Guerre », « Raiponce », « Les Ailes Pourpres »,  « Dans l’Ombre de Mary », « Cendrillon » et « Le Livre de la jungle »

Cette année, c’est avec la toute nouvelle adaptation en prises de vues réelles du classique de l’animation Disney  LA BELLE ET LA BÊTE réalisé par Bill Condon, au cinéma le 22 mars, que The Walt Disney Company France soutiendra l’action du Rotary. Les Français sont invités à découvrir le film en avant-première dès le 17 mars dans près de 500 salles en France et à soutenir la recherche sur le cerveau. Plus d’informations sur les dates et horaires des séances dans votre cinéma et réservations sur www.espoir-en-tete.org

A PROPOS DU ROTARY       

Le Rotary International est un mouvement mondial de plus de 1,2 million d’hommes et de femmes, tous décideurs partageant les mêmes valeurs, issus de toute culture et profession, qui utilisent leurs compétences pour améliorer les conditions de santé, lutter contre la pauvreté et le manque d’eau, développer les talents des jeunes et promouvoir la paix. Leur idéal : Servir d’abord.

Pour en savoir plus sur le Rotary : https://www.rotary.org/fr
Pour en savoir plus sur l’action Rotary Espoir en tête : www.espoir-en-tete.org

À PROPOS DE LA FÉDÉRATION POUR LA RECHERCHE SUR LE CERVEAU (FRC) 

La FRC a pour mission de permettre au public de mieux connaître le cerveau, d’encourager et soutenir les chercheurs en contribuant financièrement à leurs travaux. Fondée en 2000, elle fédère douze associations et fondations représentant les maladies neurologiques et les troubles psychiatriques.

Pour en savoir plus sur la FRC : http://www.frc.asso.fr/

Site officiel : www.disney.fr

#LaBelleetlaBête

Autre post du blog lié au film LA BELLE ET LA BÊTE

L'EMBARRAS DU CHOIX

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Comédie/Romance/Une comédie romantique mignonne sur l'indécision

Réalisé par Eric Lavaine
Avec Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani, Lionnel Astier, Jérôme Commandeur, Arnaud Henriet...

Long-métrage Français
Durée: 01h37mn
Année de production: 2016
Distributeur: Pathé Distribution 

Date de sortie sur nos écrans : 15 mars 2017


Résumé : Frites ou salade ? Amis ou amants ? Droite ou gauche ? La vie est jalonnée de petites et grandes décisions à prendre. LE problème de Juliette c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place…

Bande annonce (VF)



Teaser 1



Teaser 2



Teaser 3



Ce que j'en ai penséEric Lavaine, le réalisateur, tient un bon thème avec L'EMBARRAS DU CHOIX qu'il amène sur les rails de son sujet de fond avec fraîcheur et bonne humeur. 

Eric Lavaine, le réalisateur du film
La première moitié du film tient toutes ses promesses. Entre introductions des personnages, mise en place du thème central et découverte des interactions, une jolie énergie s'installe et les protagonistes se révèlent attachants. La mise en scène d'Éric Lavaine est claire, il nous met à l'aise en nous laissant entrer dans l'univers de Juliette, interprétée par Alexandra Lamy. Puis vers la moitié du film, il y a une petite rupture, le thème de l'indécision s’éloigne pour laisser place à du vaudeville plus classique et quelques longueurs s'installent. Dans la dernière partie, la thématique reprend le dessus pour nous emmener vers une vraie conclusion. 

Les acteurs sont supers sympathiques chacun dans leur style. Alexandra Lamy interprète l'indécise Juliette. Elle est rigolote, originale et joue vraiment aussi bien l'émotion que les moments plus délires. 


Arnaud Ducret interprète Étienne, un gars bien, solide, qui sait exactement ce qu'il veut et où il veut aller.

 

Jamie Bamber interprète Paul, un écossais romantique et rêveur. 


Ces acteurs jouent deux profils d'hommes charmants et sont impeccables. Les deux copines de Juliette, Joëlle, interprétée par Anne Marivin, et Sonia, interprétée par Sabrina Ouazani, sont pleine d'énergie et d'humour. 



Lionel Astier est excellent dans le rôle de Richard, le père de Juliette, qui aime sa fille et a un sacré caractère.


L'EMBARRAS DU CHOIX est une comédie romantique qui fait rimer indécision avec mignon. On passe un bon moment avec ce film dont les personnages sont attachants. Sa fraîcheur nous met le sourire aux lèvres.

© Copyright photos : ©Jean-Claude Lother

NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le 7 mars 2017, suite à la projection du film, le réalisateur Eric Lavaine et les acteurs Alexandra Lamy, Arnaud Ducret et Sabrina Ouazani ont eu la gentillesse de venir à notre rencontre pour une session de questions-réponses. Retrouvez ce moment dans les vidéos ci-dessous :



Selon plusieurs sources, le nombre moyen quotidien de décisions a peu près conscientes prises par un adulte est égal à environ 35.000. Ce chiffre peut paraître absurde, mais il faut savoir qu’une personne prend déjà en moyenne 200 décisions concernant la nourriture par jour.
Par contraste, les jeunes enfants ne prennent que 3 000 décisions par jour.
Les décisions sont prises en fonction du développement du cerveau, des expériences, de l’activité, etc. Dans l’ensemble, le nombre de décisions prises chaque jour varie considérablement d’une personne à l’autre.
Les stratégies de décision, les styles et les inclinations sont multiples et orientent nos choix quotidiennement :

Impulsivité – Prendre la première option que vous avez et faire avec.
Conformité – Adopter l’option la plus agréable et la plus « facile ».
Délégation – Faire prendre les décisions à des personnes capables et fiables.
Évitement / détournement – Soit ignorer le maximum de décisions que possible afin d’en éviter la responsabilité
ou tout simplement pour les empêcher de vous écraser.
Équilibrage – Analyser les facteurs impliqués puis les utiliser pour prendre la meilleure décision possible.
Prioriser et réfléchir – Mettre le plus d’énergie, de pensée et d’effort dans les décisions qui auront le plus d’impact ... et maximiser le temps
dont vous disposez pour prendre ces décisions en consultant les autres, compte tenu du contexte, etc.

Docteur Joel Hoomans, “35,000 Decisions: The Great Choices of Strategic Leaders”

ENTRETIEN ÉRIC LAVAINE

Si l’on regarde vos trois derniers films, on constate qu’ils abordent tous des sujets de société sérieux à travers la comédie. La pérennité de l’amitié dans BARBECUE, la génération Boomerang dans RETOUR CHEZ MA MÈRE et ici l’impossibilité chronique de prendre des décisions dans L’EMBARRAS DU CHOIX…

Ces problématiques m’intéressent car elles nous concernent tous, celle du choix est particulièrement intéressante. Je suis tombé sur des études américaines qui affirment que chaque jour nous sommes confrontés à près de 35 000 décisions. Bien évidemment il y a plein de décisions que nous prenons automatiquement mais il y en a d’autres qui se révèlent particulièrement « prise de tête ». Pour certaines personnes cette impossibilité de prendre des décisions se révèle très handicapante. Ça va être le cas pour Juliette dans le film.

Il y a deux choix justement à partir de ce constat réaliste : soit en faire un drame noir, soit en faire une comédie…

 BARBECUE, RETOUR CHEZ MA MÈRE ou L’EMBARRAS DU CHOIX pourraient être traités comme des drames. Il se trouve que j’ai un penchant pour la comédie, c’est ma façon de communiquer et de raconter des histoires. La difficulté - hélas on n’y parvient pas toujours - c’est de réussir un équilibre dans lequel on puisse rire tout en restant dans des situations totalement réalistes. C’est la condition pour que le spectateur accroche à l’histoire et ait de l’empathie pour les personnages. Désormais en salle de montage je n’hésite plus à retirer certaines vannes si je sens qu’elles nuisent à la situation. Il y a quelques années ça ne me serait jamais arrivé !

Comment est née l’idée du film ?

C’est Laure Hennequart et Laurent Turner qui ont imaginé cette histoire. À la première lecture j’ai été emporté par la trajectoire de Juliette. Cette première version du scénario laissait apparaître une structure narrative solide; le plus dur était donc fait. À partir de là, en bonne intelligence avec Laure et Laurent, je me suis approprié leur histoire : ils m’ont laissé changer les dialogues, redéfinir certains personnages et rajouter de la comédie.

Vous vouliez vous « frotter » à la comédie romantique ?

Quand je pars sur un film, je ne cherche pas à le faire rentrer dans des cases. Mais je vous concède que L’EMBARRAS DU CHOIX sonne plus comédie romantique que MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE.

Sur la forme, vous avez décidé d’une mise en scène assez solaire et belle : la manière dont vous filmez Paris, les codes empruntés à la comédie romantique comme la séance d’essayage, les lumières…

Même si j’espère m’adresser à un public plus large que les seuls aficionados de comédies romantiques, j’ai essayé de respecter quelques codes du genre en prenant un soin particulier à l’image, aux décors, aux costumes et à la musique. Mais avant tout je ne cherche pas à « faire romantique », j’essaye de « faire juste ». Si une jolie lumière sur un joli décor avec des jolis costumes et une jolie musique s’imposent alors je fais du joli. Pourquoi s’en priver ?

C’est votre deuxième film de suite avec Alexandra Lamy ?

Il y a deux éléments qui m’ont fait « replonger » avec Alexandra. Tout d’abord je souhaitais vieillir un peu le rôle de Juliette. Dans la première mouture du scénario Juliette avait 25 ans et ça m’intéressait moins parce que j’estime qu’à cet âge-là elle a encore toute sa vie pour choisir ! Dans le film, le personnage d’Alexandra est une quarantenaire assumée et son horloge biologique lui impose de se décider : attendre cinq ans de plus pour trouver un homme implique qu’elle n’aura sans doute pas d’enfants. En confiant le rôle à Alexandra on rendait l’histoire plus vraie, moins mièvre. De par son jeu Alexandra emmène le récit vers une vérité. La deuxième raison qui m’a poussé à choisir de nouveau Alexandra, est très égoïste : j’adore bosser avec elle. Elle est motivée, elle fait des propositions, elle est juste, elle a toujours le bon tempo et surtout, elle trimballe une bonne humeur permanente. C’est assez rare chez les comédiennes !

Comment avez vous choisi les prétendants de Juliette ?
Le cahier des charges était assez compliqué sur ce film. À partir du moment où j’ai Alexandra, il faut que les deux garçons qui, potentiellement peuvent devenir « l’homme de sa vie », soient raccord avec elle. Je devais donc trouver deux acteurs masculins séduisants mais avec chacun des qualités propres. Condition indispensable pour que le spectateur, tout comme Juliette, ait du mal à les départager. Pour le rôle de Paul, il me fallait un anglosaxon. J’ai fait passer des essais et Jamie s’est vite imposé : beau et juste. En plus il est extrêmement sympathique et parle très bien français… ainsi que le russe, l’espagnol, l’allemand, l’italien..Il a trop d’atouts, ça en est presque énervant ! Bizarrement c’est pour le rôle d’Étienne que j’ai eu plus de difficultés : pas évident de trouver un comédien français de 40 ans, beau mec et qui ait le tempo de la comédie. Il n’y a en pas tant que ça. C’est en voyant Arnaud Ducret en spectacle que j’ai eu la révélation. Je pense qu’il va faire une énorme carrière : il a un rythme incroyable et dégage une énergie communicative.

Les rôles secondaires sont particulièrement soignés.

Un film c’est un ensemble et j’essaie de ne pas abandonner des personnages au bord le route. Surtout pour les « autres rôles », Ils doivent être consistants d’autant plus que par définition ils ne sont pas dans toutes les séquences. Pour Le père de Juliette, j’avais besoin d’un dépressif un peu sanguin. Et là Lionnel Astier s’impose tout de suite. Et puis il « matche » parfaitement avec Alexandra; je ne sais pas si c’est dû à leurs origines cévenoles communes, mais il pourrait être son père. Le personnage de Sonia, la copine bloggeuse, est caractéristique de certaines filles de la génération Y qui vivent dans l’idée de tout tester, y compris les mecs. Cette espèce d’hyperactivité sentimentalo-sexuelo-professionnelle cache souvent des fêlures. Sabrina Ouazani est la touche jeunesse et fraîcheur du film. Elle a une belle énergie et, je ne sais pas si c’est un ressenti personnel, mais son rire emporte tout. Anne Marivin je la connais depuis INCOGNITO. C’est toujours un plaisir de la retrouver. C’est une super comédienne qui tire toujours le meilleur des rôles. Elle est mariée avec Jérôme Commandeur, c’est un couple atypique mais qui finalement tient la route.

C’est votre 3ème collaboration de suite avec Jérôme commandeur?

Je suis fan de Jérôme, sur et en dehors des plateaux. Il m’amuse et il me touche. Et de film en film il est de plus en plus juste. Dans L’EMBARRAS DU CHOIX, j’adore ce personnage de oisif féministe qui, sous prétexte de ne pas vouloir écraser sa femme et donc de ne pas ramener de paye trop importante, ne fait strictement rien ! Pour créer le personnage, je me suis totalement inspiré d’un ami qui profitant de la réussite de sa femme, a pris une année sabbatique qui dure depuis dix ans… lui aussi a un chat qu’il a dressé à lui « toper » dans la main !

Vous avez apporté un soin particulier à la musique.

Le film épouse en permanence le point de vue de Juliette, et il est important que la musique lui corresponde, moderne mais teintée de nostalgie, à l’image de son personnage dans le film. Nous sommes dans une comédie romantique, et l’émotion est aussi clairement présente. Elle devait donc logiquement être soutenue par la musique. Avec Martin Caraux, le superviseur musical, notre intention était de nous orienter vers une couleur résolument moderne et pop, aussi bien dans la musique originale de Fabien Cahen, que dans les musiques pré-existantes où nous avons choisi à la fois des énormes hits ( « Everybody hurts » de REM, « Trustful Hands » de The Dø, « Paradise » Coldplay) mais également des morceaux moins connus qui collaient bien à la couleur du film (« Get High » de Alle Farben, « Off the wall » de Yusek, « My name is trouble » de Keren Ann, « Time’s running on » de My summer bee).

Dans chacun de vos films la nourriture est très présente ?

Plus on vieillit, plus on trouve les plaisirs là où l’on peut, et pour se faire plaisir trois fois par jour, la bouffe est quand même ce qu’il y a de mieux ! En plus j’adore voir des comédiens manger ! Et je fais attention à ce qu’on leur sert. Pour L’EMBARRAS DU CHOIX, j’ai confié la réalisation des plats non pas à un designer culinaire mais à un vrai chef, Julien Harlee du restaurant « Le Café Lumière » dans le 20ème arrondissement de Paris, c’est là que l’on a créé le « relais de l’aubrac ». Julien a participé à Top Chef. Durant les repérages, je suis allé manger dans son établissement et j’ai goûté des plats vrais, gourmands, que l’on retrouve dans le film comme ces asperges vertes du Pertuis sauce mousseline, les blanquettes ou ces oeufs aux truffes. Il a tellement l’amour dans son boulot qu’il préparait des assiettes incroyables y compris pour les figurants qu’on voit à peine à l’écran ! En fait, je remarque qu’il y a beaucoup de similitudes entre le cinéma et la gastronomie. Pour un cuisinier le plus important c’est le produit, sans bon produit on ne peut rien faire de bon… pour un réalisateur le produit à cuisiner c’est le script !

 ENTRETIEN ALEXANDRA LAMY 

Vous avez tourné L’EMBARRAS DU CHOIX très rapidement après RETOUR CHEZ MA MÈRE. Est-ce surtout dû à votre rencontre avec Éric Lavaine ?

Oui vraiment parce que nos deux personnalités se sont instantanément accordées. Nous avons le même genre d’humour, la même vision d’un film et de la manière dont on raconte une histoire. Ce que j’aime beaucoup chez lui, c’est qu’il est intelligent, brillant malgré son aptitude à sortir des vannes énormes ! Cette intelligence se traduit par le fait d’accepter que ses acteurs puissent lui faire des propositions ou des remarques sans qu’il ne se vexe… Il prend évidemment sa décision au final mais il ne perd jamais de vue son objectif : faire le meilleur film possible et pour l’atteindre, il travaille véritablement avec son équipe, que ce soit les techniciens ou les comédiens. Éric est joyeux, bosseur, fidèle. J’aime beaucoup ce rapport avec un metteur en scène, ce doit être mon côté Balance : l’harmonie me met en confiance…

Le rôle de Juliette vous a tout de suite accroché ?

En fait lors de la tournée en régions de RETOUR CHEZ MA MÈRE, Éric m’a parlé d’un scénario qu’il avait reçu, il en adorait le thème - les problèmes de choix - mais il souhaitait retravailler le script afin de le « mettre à sa sauce ». À ce stade, le rôle de Juliette était prévu pour une fille plus jeune mais j’ai insisté pour qu’on « vieillisse le rôle », ça donnait une consistance supplémentaire au personnage et ça rendait le sujet plus grave.

Au delà de la comédie, les problème de choix semblent être un thème sociétal assez lourd.

Oui pour certains d’entre nous l’impossibilité de choisir peut être une véritable source de panique. C’est le cas pour Juliette qui souffre d’une véritable pathologie. C’est ce qui m’a plus dans le projet, tout comme dans RETOUR CHEZ MA MÈRE, on parle d’un thème sociétal grave mais on essaie de s’amuser avec. On fait des comédies mais ça pourrait être des drames !

Dans la vie vous êtes confrontée à ces problèmes de choix ?

Ah oui moi tous les jours ! Ca commence dès le matin, je dois résoudre une question super angoissante : « comment vais-je m’habiller aujourd’hui? ». Et là, il faut prendre en compte tous les paramètres : les rendez-vous qu’on a, la météo, les activités de la journée, la mode… l’enfer ! c’est normal que nous les filles on soit en retard ! D’ailleurs dans L’EMBARRAS DU CHOIX, Juliette a adopté des stratégies d’évitements pour ne pas avoir à se prendre la tête : par exemple c’est sa copine Sonia qui lui fait des plannings mensuels pour savoir quel vêtement mettre. Même pour les choses les plus anodines de la vie y’a trop de choix. Le monde est devenu un menu de restaurant chinois : vous avez vu le rayon céréales des supermarchés ? Quand j’étais jeune à la Supérette d’Anduze, on avait le choix entre des Corn Flakes et des Crousty Miel maintenant il y a des allées entières de céréales : et avec l’avènement du bio et du sans gluten il faut encore rajouter des linéaires !

Et dans votre vie professionnelle vous devez faire des choix ?

J’ai la chance que pour l’instant on me propose pas mal de projets et du coup, en tant que comédienne, je dois constamment choisir de faire ou pas un film, ce qui veut dire lire des scénarios en discernant si l’histoire est bonne, si elle pourra intéresser les gens à ce moment-là, si le réalisateur saura en faire un bon film… Alors il m’est arrivé de tourner dans des films qui se sont révélés moins réussi que je ne l’espérais et ce n’est pas grave sur le fond mais il ne faut pas que ça arrive trop souvent et donc… bien choisir !

Et vous avez eu raison de choisir de faire L’EMBARRAS DU CHOIX ?

Ah ce n’est pas à moi de le dire, on verra ce qu’en pense le public. Une chose est sûre c’est que personnellement je trouve le film intéressant : je pense qu’on peut tous se retrouver dans le destin de cette femme qui est prisonnière de son choix car elle aime sincèrement deux hommes. Et le spectateur se trouve dans le même dilemme : incapable de décider entre Paul et Étienne. Ce n’est qu’à la toute fin que l’on comprend que son choix est justifié…

Il fallait donc que les deux acteurs masculins incarnent ce doute par leurs qualités et leurs différences…

Absolument et c’est pourquoi le casting a été très compliqué. Trouver deux mecs beaux, drôles, séduisants, quarantenaires et bons comédiens, ce n’est pas facile ! Arnaud a toutes les qualités requises pour le personnage d’Étienne : il est viril, il a du charme, il est drôle donc on peut comprendre qu’il séduise une fille. En face, il fallait quelqu’un de solide et Jamie a été un très bon choix. D’abord parce que c’est un comédien qu’on connait très peu en France et je pense que toutes les filles vont tomber amoureuses de lui, comme moi dans le film quand je le rencontre la première fois ! C’est un garçon adorable, qui a amené autre chose, plus de sensibilité, d’écoute… Si Étienne fait rire Juliette, c’est elle qui fait marrer Paul. C’est Étienne qui décide de tout et c’est Paul qui se laisse faire par Juliette. Il s’agissait de petites choses, des touches subtiles qu’il fallait placer dans l’histoire, en restant toujours sur le fil pour ne pas que le spectateur ait compris à la moitié du film lequel des deux j’allais choisir...

Vous connaissiez ces deux partenaires ?

Avec Arnaud, nous avions déjà joué ensemble dans L’ONCLE CHARLES d’Etienne Chatiliez en 2012 et nous avions passé notre temps à rire, en compagnie de Valérie Bonneton et Eddy Mitchell. J’en gardais un souvenir formidable et quand Éric m’a parlé de lui pour le personnage, je lui ai dit tout le bien que j’en pensais ! Nous partageons un sens de la comédie, du rythme hérité des programmes courts à la télé qui sont une super école… 

Dans ce registre, une seconde de battement et c’est trop tard, c’est très musical. Jamie en revanche, c’est une vraie découverte. Éric m’a montré des bouts d’essais avec lui, (les scènes où il se dispute avec sa mère dans le film), et je l’ai trouvé très juste, avec en plus un vrai contraste avec Arnaud. Ils sont aussi très différents dans la vie : Arnaud entre dans une pièce et tout le monde le voit, l’entend car il fait un show ! Jamie lui est plus réservé, il observe beaucoup. Aborder la comédie était également nouveau pour lui, dans une langue qui n’est pas la sienne. Même s’il parle parfaitement le français, il lui fallait maîtriser le rythme, les effets comiques. Je l’ai aidé de temps en temps, à jouer avec la ponctuation d’une réplique par exemple pour qu’elle fonctionne mieux… 

J’ai énormément apprécié son côté bosseur : il fait partie de ces acteurs qui travaillent et arrivent en connaissant leur texte au cordeau, en sachant exactement où se situe la scène à tourner dans l’ensemble de l’histoire. Je suis régulièrement confrontée à l’inverse dans ce métier et ça me rends folle ! Arnaud étant exactement dans cette ligne-là, ça nous a permis de faire des propositions, de tenter des improvisations…

Parlons aussi de vos deux meilleures amies dans L’EMBARRAS DU CHOIX: Anne Marivin et Sabrina Ouazani… Vous formez avec elles un trio intéressant, qui ne tombe pas dans le cliché « girly » !

Exactement et nous avons été très vigilants à ce propos avec Éric. Nous voulions que les personnages de Joelle et Sonia apportent des choses à Juliette mais aussi à l’histoire. L’idée n’était pas de créer un groupe de copines qui parlent maquillage et mecs ! On a vu ça mille fois au cinéma et ça ne sert à rien… Durant le tournage, avec Anne et Sabrina nous avons constamment répété nos scènes et proposé des idées nouvelles à Éric pour rester dans cette ligne.

Autre personnage important : votre père interprété par Lionnel Astier…

Juliette a perdu sa maman vers 15/16 ans donc il fallait un papa solide, sur lequel elle peut compter; incapable de faire des choix dans la vie, elle pratique le « transfert de choix » : elle laisse souvent son père choisir à sa place ! C’est auprès de lui qu’elle travaille, qu’elle s’épanche, bref c’est lui l’homme de sa vie jusqu’à ce que les deux garçons surgissent. D’ailleurs, quand Juliette revient de chez Paul en Ecosse et qu’elle découvre Étienne dans le restaurant paternel, c’est son père qu’elle regarde en premier… Voir son père heureux la rend heureuse et réinstalle le doute quant au prétendant à choisir ! Nous avons donc énormément travaillé avec Lionnel pour installer cette relation fusionnelle, que je peux d’ailleurs avoir avec mon propre mère (père) parfois. Il ne devait y avoir aucun doute possible sur le fait que ces deux-là s’aiment beaucoup : que lui fera tout pour qu’elle soit heureuse et vice versa… J’ajoute une chose importante concernant Lionnel : c’est un cévenol comme moi, il aime les Maquisards donc ça ne pouvait que bien fonctionner entre nous ! Nous nous étions croisés sur le tournage de la série UNE CHANCE DE TROP dans laquelle il jouait le commissaire mais nous n’avions, hélas, peu de scènes ensemble.

L’EMBARRAS DU CHOIX est un joli film, à la fois sur ce qu’il raconte mais aussi sur ce qu’il montre, avec donc un soin tout particulier accordé à l’image et aux plaisirs de la vie…

Ca c’est tout Éric ! C’est à la fois un épicurien et un esthète… Il aime le vin, la bouffe, les jolies choses, les belles femmes et les hommes beaux, les fringues : tout ça se ressent forcément dans son cinéma. On le voyait peut-être moins dans RETOUR CHEZ MA MÈRE mais l’histoire ne s’y prêtait pas. Là, l’ambiance était plus parisienne-branchée donc, notamment sur les costumes, il fallait y aller franchement, je pense par exemple au personnage de Sonia qui est bloggeuse. Mais dans l’ensemble, Éric a voulu que tout le monde soit un peu sapé ! 

Je trouve d’ailleurs que c’est un point sur lequel les comédies romantiques en France ont pas mal progressé. Au début, c’était moins chiadé alors que nous représentons le charme, la mode, la gastronomie, l’architecture et l’élégance dans le monde entier… Je me souviens d’avoir tourné dans AU SUIVANT ! en 2004 et avoir trouvé l’ambiance visuelle très grise ! Heureusement, sur l’impulsion sans doute des anglo-saxons, les choses ont maintenant bien évoluées…

Et vous ? RETOUR CHEZ MA MÈRE a été vu par 2,2 millions de spectateurs. Vous en avez attiré près de 8 millions en moyenne sur TF1 avec la série UNE CHANCE DE TROP et ils étaient près de 7 millions à nouveau en mars dernier pour l’unitaire APRÈS MOI LE BONHEUR toujours sur TF1. Diriez-vous que votre statut a changé, notamment dans ce qu’on vous propose ?

Ah oui vraiment mais ça remonte en fait à plus loin. Je pense que le premier qui m’a offert quelque chose de différent c’est François Ozon avec RICKY en 2009, même si le film n’a pas été un gros succès. Mais il m’a permis de valider ma capacité à faire du drame et donc à être vraiment considérée comme une comédienne ! L’exemple de APRÈS MOI LE BONHEUR est symptomatique : on m’avait proposé de jouer cette histoire terrible d’une mère de famille atteinte d’un cancer au cinéma. J’ai tout de suite insisté pour en faire un téléfilm parce que je voulais que ce sujet-là rencontre un vrai succès populaire…

Il y a des choses qui sont faites pour le grand écran et d’autres pour le petit. Heureusement, on a enfin compris ça chez nous et les comédiens peuvent passer de l’un à l’autre, tout en allant aussi jouer au théâtre…

En ce qui me concerne, UNE CHANCE DE TROP et APRÈS MOI LE BONHEUR ont permis au grand public de découvrir que je pouvais faire autre chose que UN GARS ET UNE FILLE ! D’ailleurs, j’ai joué et je vais prochainement jouer au cinéma dans des registres plus dramatiques. J’ajoute enfin qu’à un moment de ma carrière, je suis redevenue Alexandra Lamy… C’est très difficile quand on est en duo et que l’un des deux prend beaucoup de place. Il ne s’agit pas de jalousie mais simplement, on ne voit plus l’autre… Il y a eu des périodes où on me disait « mais vous ne travaillez pas en ce moment ? » alors que je venais de faire quatre films dans l’année ! Non seulement personne ne les voyait mais en plus quand je faisais de la promo, ce n’est pas de mes films que l’on me parlait…

J’évoquais le théâtre : j’ai fait une grosse tournée d’une bonne soixantaine de dates en province avec la pièce LA VÉNUS AU PHACOCHÈRE et dans la foulée, sortait au cinéma JAMAIS LE PREMIER SOIR avec Mélanie Doutey et Julie Ferrier. Eh bien nous avons fait plus de 900 000 entrées et je suis certaine que la tournée nous a aidés. D’un coup, avec le théâtre, vous débarquez chez les gens et en sortant, ils me disaient : « maintenant que je vous ai vu sur scène, j’irai vous voir au cinéma » ! La pièce était en plus assez compliquée, très noire et elle a dû elle aussi participer à changer la manière dont j’étais perçue en tant que comédienne…

ENTRETIEN ARNAUD DUCRET

En quoi ce personnage d’Étienne, un des fiancés possible d’Alexandra Lamy dans le film, vous a-t-il séduit ou intéressé ?

Ce que j’aime d’abord chez lui, c’est qu’il est passionné par son métier. C’est une qualité qui logiquement peut vous emmener assez loin dans la vie... Étienne est un bon vivant et ça me plait aussi, d’autant que je ne sais pas cuisiner dans la vie alors que j’adore la bouffe. C’est un garçon gai, drôle, sûr de lui et finalement assez touchant quand ça ne va pas se passer comme il le souhaiterait...

Il a donc plein de qualités mais également un défaut : son habitude de vouloir décider de tout...

C’est un trait de caractère de ces mecs qui travaillent dans la restauration : ils savent généralement ce qu’ils veulent. Juliette ne fait que renforcer cet état de fait puisqu’elle est incapable de prendre la moindre décision !

Cette problématique là, celle du non choix, est traitée par le biais de la comédie dans L’EMBARRAS DU CHOIX, mais elle relève d’un vrai problème psychologique. Vous le connaissiez ?

Oui mais je ne soupçonnais pas que ça puisse être sérieux à ce point-là et être considéré comme une vraie maladie. Chacun d’entre nous est confronté à la notion de choix dans sa vie de tous les jours. En tant que comédien, je dois moi-même en faire d’importants... Dans le film, cela apporte aussi une certaine souffrance au personnage de Juliette puisque l’impossibilité de choisir règle son existence depuis des années et l’a conduit à toute une série d’échecs du fait ce cet emprisonnement psychologique. L’intérêt du film est d’en tirer des situations qui tirent vers la comédie sans jamais occulter la réalité plus grave du problème...

Le film marque vos retrouvailles à l’écran avec Alexandra Lamy, 7 ans après L’ONCLE CHARLES d’Etienne Chatiliez...

C’était mon tout premier film et j’en garde un excellent souvenir même s’il n’a pas marché ! La rencontre avec Alex avait été formidable et je l’ai retrouvée telle quelle 7 ans après. C’est une femme passionnée, une très bonne camarade de tournage, avec une finesse de jeu exceptionnelle. Parfois, je la regardais jouer... Nous avons démarré elle et moi par la scène de la fin du film sans que j’ai eu beaucoup le temps de voir Éric Lavaine, à cause de ma tournée qui me donnait pas mal de travail. C’est une scène difficile, où il y a beaucoup de texte à dire lors d’un dîner, dans une sorte d’élan amoureux un peu autoritaire, comme Étienne sait en faire. Ce n’était pas facile à jouer, il faisait très chaud sur le plateau mais Alexandra m’a regardé en souriant, gentille, me disant que ce n’était pas grave s’il fallait la refaire... C’était adorable et très agréable. Au-delà de ça, c’est une personnalité incroyable : pour une des scènes du film, elle devait se baigner dans un étang à Boulogne où moi j’ai vu passer des rats ! Alexandra y est allée sans broncher à plusieurs reprises. Croyez-moi, je connais plus d’un mec qui auraient exigé une doublure.

Vous avez un point en commun : l’habitude du rythme de la comédie du fait de votre participation à deux programmes courts : Un gars un fille pour elle et Parents mode d’emploi pour vous...

Absolument, ce sont des exercices où il faut être précis et très vite dans l’instant. Plus je travaille au cinéma et plus je me rends compte que j’ai pris l’habitude de tourner des scènes dans la continuité, un peu comme des plans séquences. J’aime cette idée de rester dans le rythme. Et en fait souvent, Eric par exemple me disait : « on va couper là, refaire, reprendre...» Il faut que je m’habitue à cela... Le programme court est une très bonne école quand il est de qualité et nous y avons appris beaucoup avec Alex.

Parlez-nous de votre collaboration avec votre metteur en scène, Éric Lavaine...

Éric est lui aussi un passionné, doublé d’un type très dynamique et qui plus est extrêmement drôle. Nous avons partagé pas mal de fous-rires ! C’est un metteur en scène qui sait exactement ce qu’il veut mais qui est également capable de se rendre compte quand quelque chose ne fonctionne pas et de le corriger tout de suite. Il m’a rappelé PEF avec qui j’ai travaillé : ce sont des auteurs constamment en train de réécrire... Entre chaque prise, Éric revient vous voir avec un petit carnet dans lequel il a noté ses observations sur la scène que vous venez de jouer. Ça apporte de la précision et tout cela se ressent dans L’EMBARRAS DU CHOIX qui est un film très bien équilibré je trouve. Ce n’est pas un hasard si les acteurs et même les techniciens qui ont travaillé avec Éric ont envie de renouveler l’expérience. C’est le cas de mon pote Jérôme Commandeur et je comprends maintenant pourquoi ! Une des bases de ce métier pour moi est de travailler mais aussi de s’amuser et c’est un réalisateur qui allie ces deux aspects...

Jérôme Commandeur que vous connaissez très bien...

C’est lui qui m’a aidé à écrire mon premier spectacle. Nous avons fait de la radio tous les deux et ensuite est arrivé Dany Boon, les CH’TIS et il a vraiment commencé à exploser. C’est la beauté de ce métier : démarrer avec un pote et travailler un jour avec lui. Je suis fier de ce bout de chemin partagé en sa compagnie... Sur L’EMBARRAS DU CHOIX, nous partagions un appartement durant le tournage et je n’arrêtais pas de lui dire « c’est fou, on tourne ensemble » ! Nous l’avons d’ailleurs à nouveau fait sur LES NOUVELLES AVENTURES DE CENDRILLON où il joue le Duc et moi le Prince...

Parmi vos autres camarades de jeu, il y a aussi Lionnel Astier dans le rôle du père d’Alexandra Lamy...

Nous sommes tous les deux dans Parents mode d’emploi où il joue mon père et franchement, on s’adore ! Ça marche du feu de Dieu entre nous, sans que l’on sache trop pourquoi. Lionnel a un jeu d’acteur très naturel. Dans L’EMBARRAS DU CHOIX, il est de suite crédible en cuisinier et on comprend vite pourquoi il se prend d’affection pour Étienne et on se doute qu’au fil des années il pourra le considérer comme son fils. Avec le temps, je commence un peu à trouver ma famille de cinéma et de télé et Lionnel en fait clairement partie...

Votre parcours justement... La scène est un élément très important, lé télévision aussi mais le cinéma prend de plus en plus de place. Diriez-vous que le succès de ADOPTE UN VEUF a marqué un tournant ?

Ce qui est amusant, c’est qu’au départ, il n’y avait pas de rôle pour moi dans ADOPTE UN VEUF! J’aime beaucoup François Desagnat, j’avais très envie de tourner avec André Dussolier donc j’ai demandé à lire le scénario, j’ai aimé l’histoire et j’ai surtout vu tout de suite ce que je pourrais faire du personnage de P.G... Je voulais montrer que je saurais jouer un mec introverti, gauche, à l’encontre de ce que je suis ou de ce que j’ai pu incarner à l’écran. Et effectivement, ça m’a ouvert beaucoup de nouveaux horizons dans le métier.

Et même un registre plus romantique comme dans L’EMBARRAS DU CHOIX !

C’est ce que je disais à Aurore, la costumière du film : « ça y est, enfin un rôle où je suis bien sapé » ! Se voir en mec séduisant c’est très agréable...

ENTRETIEN JAMIE BAMBER

Le public français vous a déjà vu dans des sériés américaines ou anglaises mais il va véritablement vous découvrir avec ce film. Que représente pour vous cette expérience-là ?

C’est énorme pour moi. Il y a un an ½, j’ai quitté Los Angeles, où je vivais avec ma famille, pour revenir en Europe et plus précisément m’installer à Aix-en-Provence. Je n’avais alors aucun engagement de prévu mais simplement l’idée que nos filles grandissent dans cette partie du monde. La Californie est pleine de pièges et de tentations pour des adolescents… En ce qui me concerne, j’ai toujours rêvé du cinéma français et j’avais d’ailleurs joué il y a quelques années dans UN JOUR MON PÈRE VIENDRA avec Gérard Jugnot et François Berléand. C’est à partir de là que j’ai envisagé d’essayer de trouver ma place en France… Mais, 18 mois après être arrivé chez vous, sans travail ni agent, parler de ce film que j’ai tourné avec Éric Lavaine et Alexandra Lamy, une comédie où j’ai un rôle formidable, c’est incroyable !

Comment s’est passée la rencontre avec Éric Lavaine et de quelle manière avez-vous travaillé avec lui sur L’EMBARRAS DU CHOIX ?

L’élément déterminant a d’abord été de rencontrer Rosalie Cimino, mon agent, qui m’a accueilli fin 2015. Je venais de terminer une série en Angleterre et elle m’a très rapidement présenté à Michael Languens, le directeur de casting du film d’Éric. Nous nous sommes rencontrés, il m’a fait lire le scénario et c’est vraiment grâce à lui je crois que j’ai décroché le rôle de Paul dans le film. En amont, nous avons travaillé à partir de scènes précises pendant des heures sur mon français, sur le timing très précis de la comédie. En 20 ans de carrière, je n’avais jamais bossé de cette manière, aussi intensivement… J’ai ensuite passé des essais, qu’Eric a regardés et c’est lui qui m’a appelé pour que nous rencontrions à Paris. J’ai refait un dernier essai avant d’être engagé et j’ai rejoint Eric et Alexandra à Aix-en- Provence quand ils sont venus y présenter RETOUR CHEZ MA MÈRE pour faire vraiment connaissance…

Quel regard portez-vous sur Paul, votre personnage dans le film ?

C’est un homme qui a été à la fois dessiné et coincé par la tradition familiale. L’ironie de sa personnalité est qu’elle rejoint celle de Juliette : il est incapable de faire ses propres choix ! Sa fiancée, sa carrière lui ont été imposées… Tous deux se sont enfermés dans un modèle de vie pour des raisons différentes mais qui reviennent au même et au final, lui comme elle ont beaucoup de mal à peser sur le cours de leur existence. Les relations de Paul et sa mère en Ecosse ont fait de lui un banquier talentueux, riche, joueur de rugby et buveur de whisky mais au fond, Paul n’a jamais assouvi son rêve : devenir créateur de parfums…

Cette problématique du choix qui est au coeur du film et qui est un vrai sujet de société vous touche-t-elle ?

Absolument et par certains aspects, je me reconnais dans le scénario du film. Prenez tout simplement la vie d’un acteur : je dois constamment faire des choix et ce n’est jamais facile de savoir quelle décision est la meilleure vis-à-vis d’un rôle. Cela a des répercussions sur une carrière, sur l’entourage, sur la famille et rien de tout cela n’est anodin… Autre exemple : le fait d’avoir quitté les États- Unis pour venir vivre en France a été un choix très important car il implique de partir de l‘endroit logique où mener mon parcours de comédien pour sauter dans l’inconnu. J’aurais pu être paralysé par la peur mais les raisons familiales et le fait d’avoir déjà par le passé travaillé dans d’autres pays m’ont décidé… Donc le cas de Juliette dans le film, même s’il est extrême puisque c’est une comédie, peut concerner plein de gens : chacun doit pouvoir s’y identifier.

Vous comprenez donc que Paul, jusqu’à un certain point, s’accroche à cet amour compliqué ?

Pour moi, ce qui les rapproche, c’est de partager les mêmes symptômes par rapport à l’idée de faire des choix ! C’est d’ailleurs une vraie différence avec le personnage d’Arnaud Ducret, Étienne, qui lui est un gars qui décide de tout ! Juliette et Paul parviennent à en rire par moments et ça rend leur amour encore plus profond…

Puisque nous évoquons Juliette, parlez-nous de votre partenaire à l’écran, Alexandra Lamy…

Je dirais que c’est une femme jolie, chaleureuse et toujours positive. Avec moi, Alexandra a été exceptionnelle : patiente, accueillante, voulant à tout prix que je trouve ma place au cœur du tournage. Au début, évidemment je me sentais un peu étranger ! Alexandra a beaucoup œuvré pour que je me sente à l’aise. Je sais que c’est une grande vedette ici en France, au cinéma et à la télévision, mais jamais je n’ai senti qu’elle faisait de différence entre nous, alors que je débute encore ici… J’avais vraiment l’impression que nous étions égaux et j’en ai profité car j’ai besoin de me sentir désiré et à l’aise pour travailler efficacement. C’est amusant car à l’inverse de son personnage, je sais qu’Alexandra a fait des choix pour éviter que je ressente la moindre pression et je lui en suis très reconnaissant…

J’imagine qu’il vous a aussi fallu faire confiance à votre metteur en scène Éric Lavaine, ne seraitce que pour dépasser l’obstacle de la langue, même si votre français est remarquable…

Oui, j’ai véritablement mis mon destin entre ses mains ! Éric a cette capacité de toujours rire des événements et des péripéties d’un tournage. Bien sûr, il a de l’autorité sur son plateau mais il cherche toujours à détendre l’atmosphère. La chose la plus difficile avec la langue française, c’est d’en comprendre l’humour, dont vous avez fait une spécialité ! Je ne connaissais pas tous les mots, toutes les vannes d’Éric mais à force de voir les autres rire, je me suis mis moi aussi à m’en amuser et à m’en imprégner. Pour mes dialogues, c’était plus simple car les mots étaient écrits mais c’est sur le rythme de la comédie que j’ai dû travailler. Je voulais que mon personnage ait à peu près le même niveau de français que le mien. Éric et Alexandra m’ont beaucoup parlé de la manière d’enchaîner, de ponctuer les phrases avec aussi l’idée de placer des expressions en anglais de temps en temps quand Paul est bousculé, déstabilisé, ému par une situation…

Ce registre de la comédie romantique est nouveau pour vous : on a plus l’habitude de vous voir dans des séries policières comme Rizzoli et Isles, Cold Case, NCIS ou Body of proof… Vous aimeriez poursuivre dans cette voie ?

Ironiquement, la comédie romantique est un genre que j’ai toujours aimé. On pense toujours que c’est réservé à un public féminin mais c’est faux. J’adore QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT par exemple ! Alors oui, j’aimerais continuer à tourner dans ce style de films mais en variant les choses car c’est le propre pour moi de la carrière d’un acteur. S’enfermer dans un genre peut être un piège, dont un excellent comédien comme Hugh Grant a sans doute été victime par exemple… Cela dit, vu sa carrière, j’aimerais bien être piégé comme il l’a été !

ENTRETIEN CAROLINE WEILL
- PSYCHANALYSTE -

Ce trouble dont souffre Juliette, le personnage interprété par Alexandra Lamy dans L’EMBARRAS DU CHOIX, existe-t-il dans la réalité ?

Il existe une difficulté à passer à l’acte, à prendre une décision : c’est la 1ère étape du passage à l’acte. Dans mon parcours de psychanalyste, j’ai déjà rencontré des cas avec une vraie difficulté comme Juliette quant à la prise de décision.

Comment résumeriez-vous ce trouble du comportement chez Juliette ?

Elle est très simple : pour elle, le choix débouche forcément sur une issue dramatique. C’est montré à deux endroits précis du film : quand on montre l’assassinat de JFK à la télévision et que sa mère lui dit en parlant de Jackie Kennedy « si elle avait choisi une décapotable, son mari n’aurait pas connu cette fin-là » et ensuite, quand cette même mère choisit entre deux routes, prend la mauvaise et se tue... Deux choix qui ont donc conduit à une issue fatale. Pour Juliette, choisir c’est prendre la responsabilité d’une décision qui mène inévitablement au drame...
C’est évidemment pour cette raison qu’elle choisit de ne pas choisir. Cette névrose est le symptôme d’autre chose. Pour que Juliette en arrive là, il y a eu un traumatisme, c’est-à-dire un bouleversement émotionnel tel que son psychisme n’arrive pas à l’absorber. Cela renvoie à ce dont je parlais juste avant mais également à toutes ces phrases assassines que l’on entend tout au long de sa jeunesse comme « tu es incapable de choisir quoique ce soit » ou « de toutes façons tu ne sais jamais ce que tu veux »... Ca c’est le traumatisme à répétition qui peut susciter plus tard une répétition et une obéissance à une logique inconsciente...

Autre paramètre, les choix que nous faisons résultent de l’envie d’un désir qui nous anime. Un sujet qui dans l’enfance n’a pas eu accès à son désir, (« arrête de toujours réclamer, tu es déjà très gâté » ou « moi à ton âge je n’avais rien, n’en demande pas trop »), peut continuer à s’interdire de désirer et donc être incapable de choisir puisqu’au fond il ne désire rien. Dans le cas de Juliette, hypothèse à ne pas exclure, avoir envie d’une voiture décapotable c’est mal, puisque c’est dangereux...

Ce sont des troubles dont on peut guérir ?

Oui, en passant par une psychothérapie durant laquelle on revisite l’histoire du sujet, en faisant appel à ses souvenirs et en identifiant le traumatisme. Mais attention : ça ne se fait pas d’un coup de baguette magique mais au fil des entretiens. Peu à peu, le patient prend conscience de ce qui l’entrave. Certain qu’elles vont s’y reconnaître, même si le sujet est traité sur le ton de la comédie. Dans cette histoire assez légère, il y a tout de même un fond douloureux lié à la disparition de la mère de Juliette...
Ce film m’a parlé parce que le personnage joué par Alexandra Lamy identifie très bien son problème, elle est très lucide. Ce qui fait la personnalité de chacun, ce sont les choix qui nous impliquent dans la vie. Le simple code vestimentaire que nous choisissons tous les matins est déjà important, car il renvoie à l’image de nous que nous renvoyons à l’extérieur... Pour une femme, mettre un tailleur ce n’est pas la même chose que de porter un jean et un pull !

Ne pensez-vous pas que cette difficulté vis-à-vis du choix est une des conséquences de notre société « moderne » qui multiplie justement les offres de choix, des rayons du supermarché aux abonnements téléphoniques ?

Tout à fait, parce que cette impression de liberté liée au choix engage la question de la responsabilité. Il y a un très bon livre qui est paru sur le sujet : La fatigue d’être soi d’Alain Ehrenberg, dans lequel il explique qu’avant on ne choisissait pas sa profession, (elle était liée à son milieu social), ni son conjoint, (le mariage était arrangé quasiment à la naissance), donc cette responsabilité du choix n’existait pas. Si la vie des gens était heureuse, c’était la cerise sur le gâteau, sinon ce n’était pas de leur faute... Aujourd’hui généralement, on choisit son métier, la personne avec qui l’on va vivre et l’on est entièrement responsable de cela. C’est ce qui conduit à de plus en plus de dépressions car en cas d’échec, nous sommes confrontés à l’idée de faute...

Un mot du personnage du père de Juliette, joué par Lionnel Astier. Il est essentiel pour elle, sa mère n’étant plus là. Quand il engage Étienne, (Arnaud Ducret), comme chef au restaurant, ne lui force-t-il pas un peu la main ?

Certes il l’engage mais si Juliette travaille avec son père au restaurant, elle ne cuisine pas, elle s’occupe juste de la comptabilité en disant clairement qu’avec les chiffres, elle ne décide de rien. 2 +2 = 4, c’est un fait objectif et elle n’y est pour rien ! Ce qui rend heureuse Juliette c’est d’avoir cette relation fusionnelle avec son père, d’être heureuse à ses côtés, pas le fait qu’il choisisse pour elle. Tout le monde au fond lui laisse toujours plusieurs options. Pensez à la scène dans le salon de coiffure avec son amie Joelle, interprétée par Anne Marivin : là aussi Juliette a le choix : cheveux lisses ou bouclés ? En fait, je crois que ce qu’elle ne supporte pas, c’est de ne pas avoir le choix. Quand Etienne se met à lui annoncer l’avenir tout tracé qu’il a choisi pour elle, de leur mariage aux prénoms de leurs enfants, Juliette se lève et s’en va...
Au fond, Juliette sait très bien ce qu’elle ne veut...pas ! Autre exemple, au début lorsqu’elle a rendezvous dans le café avec un homme trouvé sur Tinder. Elle se trompe, elle confond puisqu’elle prend Paul pour cet inconnu. Mais quand elle comprend sa méprise, là aussi elle a le choix : il y a deux options, deux hommes. Si Juliette choisi Paul c’est parce qu’elle en a envie, ce qui est une notion essentielle dans l’idée de choisir. Son moteur c’est le désir et cet événement prouve que Juliette peut décider. Si elle ne le fait pas, c’est qu’elle a décidé de ne pas le faire...

Question assez machiste à présent : Juliette est un personnage féminin. La problématique du film concerne-t-elle plus particulièrement les femmes ?

Il y a des tas d’hommes qui sont totalement décontenancés quand il est question de choisir. Masculin ou féminin, cette idée ramène à une chose importante : le rapport à l’erreur. Il y a des gens qui n’acceptent tout simplement pas de se tromper, estimant qu’il s’agit forcément d’un échec capable de remettre en cause profondément ce qu’ils sont... C’est terrible car cela induit un vrai désir de perfection, or la perfection est inatteignable on le sait bien ! À partir de là on entre dans une vraie pathologie obsessionnelle qui se traduit par un hypercontrôle, de manière à ce qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer la machine...

C’est ce contre quoi je lutte la plupart du temps en thérapie, en disant à mes patients : « vous vous êtes trompé, et alors ! ». Je leur demande de réfléchir à l’implication que la décision à prendre aura dans leur vie d’ici trois ans. Le fait de ne pas pouvoir me répondre les aide souvent à passer à l’acte !

  
#LEmbarrasDuChoix

CHACUN SA VIE

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Comédie/Un film intéressant, une réflexion sur fond d'humour avec un beau casting

Réalisé par Claude Lelouch
Avec Éric DUPOND-MORETTI, Johnny HALLYDAY, Nadia FARÈS, Jean DUJARDIN, Christophe LAMBERT, Antoine DULÉRY, Thomas LEVET, Marianne DENICOURT, Raphaël MEZRAHI, RUFUS, Chantal LADESOU, Gérard DARMON, Julie FERRIER, Stéphane DE GROODT, Samuel BENCHETRIT, Jean-Marie BIGARD, Angelica SARRE, Déborah FRANÇOIS, Liane FOLY, Isabelle DE HERTOGH, Laurent COUSON, Francis HUSTER, Mathilde SEIGNER, Pauline LEFÈVRE, Ramzy BEDIA, Dimitri NAÏDITCH, Michel LEEB, Vanessa DEMOUY, Philippe LELLOUCHE, David MAROUANI, Béatrice DALLE, Valérie STEFFEN, Lola MAROIS, Elsa ZYLBERSTEIN, Vincent PEREZ, Solenne RODIER, Zinedine SOUALEM, William LEYMERGIE, Isabelle PASCO...

Long-métrage Français
Durée: 01h53mn
Année de production: 2017
Distributeur: Metropolitan FilmExport

Date de sortie sur nos écrans : 15 mars 2017 


Résumé : Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables.

Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre.

Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins…

Bande annonce (VF)


Making-of


Featurette - Avant-première et conférence de presse


Ce que j'en ai penséCHACUN SA VIE est un film choral qui met en scène de nombreux personnages dont les destins se croisent et s'entremêlent pour nous emmener vers un but précis. 

J'ai beaucoup aimé la façon dont Claude Lelouch, le réalisateur, nous met immédiatement dans le contexte et au cœur du sujet. Il tisse la toile de son histoire avec efficacité et précision. Au départ, on ne voit pas les liens entre les protagonistes et au fur et à mesure que le film avance, les morceaux du puzzle se mettent en place pour former une unité de lieu et de temps, mais dans laquelle les rôles finalement distribués auraient pu être autres au gré des hasards. Claude Lelouch nous propose donc une comédie sur fond de réflexion sur nous-même et sur la justice. 

L'impressionnant casting du film est distribué en scènes qui ont toute leur importance. Claude Lelouch filme souvent ses acteurs de très près, on sent qu'il est à la recherche d'une subtile traduction des émotions ou des défauts des personnages. Les rôles sont plus ou moins étoffés, mais chacun a son moment. Les personnages ne sont pas forcément reluisants moralement, il est clair que Claude Lelouch s'intéresse ici aux travers laids de l'âme humaine. Cependant, il n'oublie pas de montrer aussi quelques aspects qui font notre humanité. Ainsi, certains protagonistes sont touchants dans la profondeur de leur désarroi comme Christophe Lambert qui interprète Antoine de Vidas. D'autres sont sympathiques et drôles par la force de leur situation comme Johnny Hallyday qui interprète ici sont propre rôle, voir plus. En tout cas, tous sont supers quel que soit leur part à jouer. 





Claude Lelouch est un réalisateur qui a un vrai style et CHACUN SA VIE en est une belle illustration. Je vous le conseille pour l'enchaînement impressionnant de situations, pour les moments touchants et marrants, pour le plaisir de voir autant d'acteurs talentueux nous emmener vers une réflexion. C'est un film intéressant et intelligent qui mérite notre attention. 

NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Suite à la projection du film, le 9 mars 2017, nous avons eu la chance d'assister à une masterclass de Claude Lelouch, animée par le journaliste Bruce Toussaint. Retrouvez ce moment de cinéma dans les vidéos ci-dessous :




RENCONTRE AVEC CLAUDE LELOUCH 

CEUX QUI JUGENT… 

Éric Dupond-Moretti, brillant avocat avec qui je suis ami, m’a un jour invité à l’une de ses plaidoiries et j’ai eu la chance d’assister à la fin du procès, au moment où l’avocat parle pendant près d’une heure et demie. J’ai observé tous les gens présents dans cette salle, de l’accusé à l’avocat général, en passant par les jurés, le public, le greffier, et je me suis dit : « Au nom de quoi ces gens jugent-ils un autre homme ? Quelle est leur vie ? N’ont-ils pas, eux aussi, des choses à se reprocher ? ». Cela m’a donné envie de faire un film sur la fragilité de nos jugements. J’ai regardé cette salle d’audience, ce concentré d’humanité, et j’ai pris conscience que tous les gens présents avaient sans doute une histoire riche, des secrets, des regrets, des envie, des intérêts. Derrière chacun de ces visages, il y avait une vie entière qui les avait conduits là, aujourd’hui. J’ai soudainement voulu tout connaître d’eux. À défaut de pouvoir tout découvrir, j’ai eu envie de l’imaginer et de le raconter. CHACUN SA VIE est né ainsi. Je me suis dit qu’avant d’arriver dans une salle d’audience où va se jouer l’existence de quelqu’un, il faudrait que l’on puisse connaître le parcours de tous ceux qui vont essayer de le juger. J’avais envie de filmer tous les défauts de la vie, car ce sont ces défauts qui en inventent les qualités. Tout ce que j’ai réussi dans ma vie, je l’ai d’abord raté, et je sais de plus en plus à quel point l’échec est le terreau de tout ce qui sera un jour réussi. La vie est une course d’emmerdements au pays des merveilles, et ce sont ces emmerdements qui sont photogéniques. Ils le sont bien plus que le bonheur. Nous, en tant que spectateurs, on peut se régaler du malheur des autres sans prendre aucun risque. On relativise soudain nos vies plus ou moins ternes. La tristesse des autres nous rassure sur notre propre médiocrité. Donc, cette vie que j’aime de plus en plus, j’ai eu envie de la filmer un peu plus fort que d’habitude, avec une densité inédite. Je me suis demandé si, avec ma caméra, j’étais capable de mélanger tous ces genres que mélange harmonieusement la vie. Il paraît qu’il ne faut pas mélanger les genres, mais qu’est-ce que la vie fait d’autre ? Elle ne fait que ça !

UN FILM COMME UN LABORATOIRE HUMAIN

Voilà quelque temps, nous avons créé les Ateliers du Cinéma à Beaune pour étudier ce qui est possible aujourd’hui, mais surtout ce qui le sera demain étant donné l’évolution des technologies. Le cinéma est aujourd’hui une synthèse de tous les arts et permet de tout raconter. À mes yeux, il n’est plus le septième art mais le premier de tous, car il les rassemble et valorise chacun ! Les Ateliers du Cinéma, c’est un lieu de transmission. À travers CHACUN SA VIE, j’avais le désir de montrer à mes apprentis tout ce que l’on peut faire avec une caméra et des acteurs. La caméra restera le plus grand acteur du cinéma : elle a tourné dans tous les films et dans tous les plans. C’est un acteur invisible, mais c’est l’acteur le plus difficile à diriger. Le rapport entre la caméra et les acteurs m’a toujours fasciné. Ce qui intéresse les spectateurs, ce sont les acteurs, et la meilleure façon de les voir, c’est de bien les filmer. C’est donc ce rapport entre la caméra et les acteurs que j’ai souhaité développer un peu plus. J’avais aussi l’envie d’épater ces jeunes autour de moi ! De leur montrer que les vieux cons ont de l’expérience, et que l’expérience, c’est une formidable façon de rajeunir. À l’âge que j’ai, je cours moins vite, je fais moins le fou physiquement, mais j’ai le sentiment que mon cerveau va de plus en plus librement à l’essentiel. À l’âge qui est le mien, on n’a plus de temps à gâcher avec l’inutile. Les secondes pèsent des heures, et même des années. Je n’ai plus le temps de perdre de temps ! Être au milieu de ces jeunes m’a rajeuni. Ils m’ont fait retrouver mes 20 ans. J’avais envie de leur faire aimer la vie. Comme ils ont du talent tous les 13, je pense qu’on va les retrouver dans le cinéma un jour, à la bonne place. J’ai essayé de leur montrer le pouvoir de l’innocence, l’avantage qu’il y a à prendre des risques. À force de vouloir tout sécuriser, on fabrique des générations de trouillards. La sécurité, ce n’est pas la vie ! Parce que je voulais permettre à mes apprentis d’expérimenter la force du cinéma, j’ai d’abord envisagé ce film comme une démonstration des possibilités narratives qu’offre ce média incroyable. Nous avions l’alliance d’une bande de nouveaux venus et d’un chercheur ayant cinquante ans de métier et désirant voir jusqu’où on peut aller avec une caméra et des sons, pour toucher les gens au plus profond d’eux-mêmes, tout en restant simple. Car je voulais absolument que l’on comprenne tout, que le film réponde à toutes les questions qu’il soulève. S’il n’y avait pas eu les Ateliers du Cinéma, je n’aurais pas fait ce film en 4 semaines, et il fallait pourtant le faire dans ce court laps de temps parce qu’on n’aurait jamais pu tenir toute cette équipe, aussi bien devant que derrière la caméra, concentrée pendant des mois au milieu d’un tel bouillonnement.

QUAND L’EXPÉRIENCE RENCONTRE L’ENVIE

Pour choisir les jeunes qui ont été associés à ce film, je n’ai cherché ni des diplômes ni des parcours, mais des talents et un engagement. J’ai organisé un concours pour lequel les candidats devaient réaliser un court métrage sur le premier et le dernier jour d’un couple, avec leur téléphone pour que les moyens techniques ne soient pas discriminants. Seules comptaient l’émotion, l’idée, la personnalité du metteur en scène. Ce sont ainsi des gens de 18 à 41 ans qui ont complètement participé à la fabrication de CHACUN SA VIE, de l’écriture au montage en passant par tous les postes, y compris devant la caméra. Le mélange entre les stars et ces débutants contribue à la magie et à la réalité dynamique du film. Comme toujours, même si l’histoire est écrite avec précision, je reste ouvert à tout ce qui se passe au présent, aux alchimies de l’instant. Je commençais chaque journée dans le brouillard, avec ma feuille de route et beaucoup d’espoirs, mais ce que me donnaient les artistes dissipait les brumes comme un soleil qui se lève. Avec un casting de cette importance, j’avais forcément le trac. On changeait d’acteurs presque tous les jours. On a tourné en 26 jours et j’ai parfois eu l’impression de faire 26 films ! À chaque fois des personnalités, des sensibilités qui racontent une vie, et l’ensemble devait s’assembler jusqu’à trouver son point culminant dans les scènes finales qui réunissent tout le monde.

UN FILM CHORAL SUR L’INTIME

Je suis un familier des films choraux comme LA BELLE HISTOIRE ou LES UNS ET LES AUTRES, cela ne me fait pas peur. Il est certain que je n’aurais jamais pu faire ce film à mes débuts ! Il est déjà compliqué de se concentrer sur deux ou trois personnages, alors une trentaine… Je me suis rassuré en me disant qu’avec les 46 films que j’ai faits, je ne devais pas avoir peur de ma peur. Il ne me fallait que des acteurs sublimes. C’est un film à sketches qui ne devait surtout pas ressembler à un film à sketches, car chaque petite histoire nourrit la grande qui se cristallise dans un tout qui prend son sens à la fin. Je voulais filmer des parfums de vie, aller au cœur même des situations. Il y a dans CHACUN SA VIE quelque chose d’un premier film et quelque chose d’un dernier. Je crois à l’incroyable fertilité du chaos, au bordel qui constitue le cœur même de la vie. J’ai donc essayé de tirer la quintessence de chaque personnage et surtout que le film soit une récréation. C’est le premier des commandements quand on est un artiste. Il faut dire les choses dans la joie, dans la décontraction, avec humour.

13 VIES POUR JUGER UN DESTIN

13 destins s’entrecroisent pour aboutir à une scène en point d’orgue. J’avais ces 13 histoires en réserve. Une prostituée qui fait son dernier client. Un type prêt à tout pour sauver son permis de conduire. Un sosie qui vit dans l’ombre de sa star. Des retrouvailles impossibles, une séparation impossible. Un homme inflexible dont on découvre la faille. Une femme qui souffre et paie un tueur pour abréger ses souffrances… Chacun de ces thèmes, tous très forts, était en moi comme une idée de départ pour un long métrage potentiel, mais à l’âge que j’ai, je n’aurai pas le temps de les faire tous, alors j’ai condensé. Encore une fois, le hasard m’a donné les meilleurs conseils. Je n’ai pas fait le film tout seul. J’ai travaillé le scénario avec ma femme, Valérie Perrin, ainsi qu'avec Grégoire Lacroix et Pierre Uytterhoeven, qui sont de vieux complices. Pour la musique, je retrouve Francis Lai. Mais aussi Dimitri Naïditch, un pianiste à la carrière à la fois jazz et classique. Je suis allé chercher des gens que j’admire et que j’aime.

UNE ÉQUIPE VENUE DE PARTOUT

J’ai fait appel à tous mes potes, pour les embarquer dans cette histoire insensée. Je ne les remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance. Johnny Hallyday, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Gérard Darmon, Béatrice Dalle, Julie Ferrier, Elsa Zylberstein, Nadia Farès, Francis Huster, Antoine Duléry, Ramzy Bedia, Rufus, Philippe Lellouche, Zinedine Soualem et bien d’autres. J’ai appelé beaucoup de monde et ils ont répondu présent. Des gens que je retrouve, des gens que je découvre. À mon sens, les artistes sont comme des sportifs : ils ont chacun leur discipline de prédilection. Je me suis comporté comme un coach. Je n’aime pas trop les rôles de composition, il faut jouer avec les natures, avec les apparences, en tenir compte et les valoriser. Ils sont donc chacun dans leur nature, mais je les pousse vers des territoires inexplorés, vers une autre densité. Ils savent qu’il faut que j’y croie, sinon je vais dire « coupez ! ». Ce qu’ils connaissent de moi, c’est mon rejet de ce qui sonne faux. Ils se disent donc qu’ils vont défendre la situation mais qu’il faut que j’y croie. Ils sont tous venus, pour deux ou trois jours de tournage. J’ai fait ce film au nom de l’amitié et de la confiance.

SPONTANÉITÉ

CHACUN SA VIE est un film sur la spontanéité, et la spontanéité c’est tout de suite ou jamais. Je crois que c'est ce qui restera de mon cinéma. Elle a pour moi toutes les vertus. Quand on est spontané, on peut dire n’importe quoi. Même les plus grosses conneries sont touchantes, bouleversantes, et elles sont pardonnables. On peut dire la vérité, on peut mentir, on peut tout faire parce que d’un seul coup, votre instinct est plus fort que votre intelligence et c’est ce qu’il y a de meilleur qui sort. Sous le coup de la colère, on dit des choses qu’on regrette ensuite, alors on vient s’excuser… Mais non ! La colère vous oblige à être spontané. La spontanéité est au coeur de mon cinéma. Finalement, c’est ce qui m’intéresse, c’est ce que je demande à mes acteurs. Ce n’est pas leur métier que je veux – ils ont tous un savoir-faire extraordinaire, surtout ceux que j’ai pris – c’est filmer la spontanéité. J’ai aussi mélangé débutants et pros. Voir ensemble maître Éric Dupond-Moretti, qui est un avocat – et donc quelque part un acteur – et Béatrice Dalle, qui est la fille la plus spontanée du monde, voilà une rencontre de cinéma comme je les aime ! La spontanéité a lieu une fois, pas deux ! On a souvent dit que mes films étaient des films d’improvisation. J’ai voulu ne mettre que des scènes propres à mon cinéma, c’est-à-dire à cette recherche de spontanéité. Pour la plaidoirie de la fin, c’est la spontanéité de Christophe Lambert qui est plus intéressante que le réquisitoire, aussi brillant soit-il. La spontanéité des acteurs l’emporte sur tout le reste.

LA SENSATION DE VIVRE D’AUTRES VIES

Chaque personnage raconte une situation qui déclenche des sentiments. Le film est un assemblage de ces sentiments, de ces moments de vie, de moments de rupture, de moments potentiellement destructeurs mais qui construisent, auxquels les comédiens apportent leur humanité. Dans la vie comme au cinéma, il y a ce qu’on a envie de dire et ce que l’on dit. Le tournage est pour moi le moment sacré, privilégié, la grand-messe. On peut philosopher sur tout ce qui se passe avant ou après, mais le tournage c’est du concret, du présent. C’est ce présent qu’il faut que je protège au maximum pour que les gens croient à ce que je vais leur proposer. J’aime tous les films à condition d’y croire. J’aime que l’on me raconte des histoires.

LA MEILLEURE SÉQUENCE DU FILM

Une bonne histoire, qu’est-ce que c’est ? Voilà la vraie question que je me suis posée. Une bonne histoire n’est pas une mécanique avec un début, un milieu et une fin. Une histoire est bonne lorsque le présent dans lequel elle vous plonge est réussi. Et le présent, c’est une séquence. Et une séquence réussie + une séquence réussie + une séquence réussie… ça fait une grande histoire ! Souvent, quand on pense à un film, une scène en particulier vous revient en mémoire. Sur ce film, j’ai essayé de travailler en ne pensant qu’à des scènes qui risquaient de rester. C’est un processus compliqué. Tous les jours, je disais aux acteurs : « Aujourd’hui, on va tourner la scène la plus importante du film ! ». À tous, je leur ai menti, et en même temps je leur ai dit la vérité, car à partir du moment où je disais à chacun : « Tu vas faire la meilleure séquence du film », je leur plaçais la barre très haut. Je les ai obligés à sauter plus haut que d’habitude ! Qu’est-ce qu’un metteur en scène ? C’est un type qui n’a aucun talent par lui-même mais qui sait synchroniser celui des autres. Mon métier est de repérer les gens qui ont du talent et de les synchroniser pour ne pas qu’ils se mangent entre eux. Il faut créer l’harmonie. Je me suis donc dit que j’allais essayer de faire un film en synchronisant le présent et en me foutant de ce qu’il y a avant et après. Le présent est la seule chose qui n’a pas le temps de vieillir. Je vais avoir 80 ans ! Je sais que la vie est une course, je me rapproche de la ligne d’arrivée. Or dans une course, ce qu’il faut réussir, c’est le sprint ! C’est ce qui fait de vous un gagnant ou un perdant. À l’âge que j’ai, il ne faut surtout pas ralentir. Je suis bien décidé à courir de plus en plus vite, jusqu’à ce que mon cœur explose en vol. Ce sera une fin formidable !

HASARDS ET MIRACLES

Quand on met au générique « un film de Claude Lelouch », c’est un peu une escroquerie. Je ne suis que le metteur en scène du hasard, c’est lui qui devrait signer tous mes films… Mon seul vrai talent est de savoir accueillir le hasard et de l’utiliser. Un soir, par exemple, alors que je me trouvais au festival de Chicago, je suis allé dans une boîte de jazz où un type jouait du sax. Le film était terminé, on en était au montage. Je suis allé voir ce musicien… et le morceau est dans le film. Ce n’était pas prévu. Le hasard était encore là quand certains acteurs devaient jouer dans le film et m’ont dit non au dernier moment. Ils ont eu peur, mais ça m’a permis de trouver ceux qui m’ont dit oui. Tous les comédiens sont venus pour deux ou trois jours, en se disant qu’ils ne portaient pas le film sur leurs épaules. Ils ont donc été plus décontractés que d’ordinaire . C’est à la fois le film le plus facile et le plus complexe que j’aie jamais fait. Facile parce que ça s’est bien passé – ç’aurait été un cauchemar si les miracles n’avaient pas été au rendez-vous. Compliqué parce que ce film est le fruit de toute mon expérience et toutes mes réflexions mises au service d’une spontanéité et d’un instinct. J’aime la vie et elle me le rend bien. Et je suis très attentif à tous les signes de la vie, c’est pour ça que je suis si superstitieux – il n’y a pas de signe innocent ! Je n’ai jamais pensé que la vie avait tort. Sur ce film, j’ai prié pour que tout arrive, chaque jour.

JUSTE MILIEU

Je me suis posé un milliard de questions toute ma vie et je m’en pose encore aujourd’hui. Depuis ma naissance, « le juste milieu » a été la réponse à chacune. En fait, je suis un funambule de la vie. Je suis sur un fil, il ne faut pas que je tombe. L’équilibre a répondu à toutes mes questions. Je n’aime pas les extrêmes. Je n’aime pas les mecs de droite et je n’aime pas les mecs de gauche. Ils n’ont aucune possibilité de faire une synthèse. Moi, quand je dirige mon équipe, je suis au milieu de tous. Je m’entends aussi bien avec le mec qui est au smic qu’avec celui qui gagne un million d’euros par film. Je suis là pour qu’ils s’aiment tous et qu’ensemble, on puisse créer une complémentarité. Et l’élément qui a toujours résolu tous mes doutes, c’est le juste milieu, l’équilibre. C’est ce qui fait que d’un seul coup, on croit à une histoire. C’est pour ça que je déteste les acteurs qui en font trop : je n’y crois pas ! Et les acteurs qui ne font rien, on ne les voit pas. Que ce soit en amour, au boulot, à table, dans n’importe quelle situation, le juste milieu a toujours raison. Il dit qu’il faut goûter à tout, qu’il ne faut rien s’interdire, mais en petite quantité. C’est donc ce juste milieu qui est le guide du film. J’ai essayé de mélanger tous les genres.

LA MUSIQUE D’UNE VILLE

La musique est un des acteurs principaux de ma vie et de mes films, parce que – je ne le répéterai jamais assez – c’est ce qui parle le mieux à notre coeur et à notre inconscient. La musique parle à ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. Si Dieu existe, il est forcément musicien ! Dans CHACUN SA VIE, la musique tient une place particulièrement importante puisque tout le film se déroule pendant un festival de jazz de rue. Ce film est aussi pour moi l’occasion de retravailler avec cet immense artiste qu’est Francis Lai. L’intrigue se situe à Beaune, capitale des vins de Bourgogne, une ville du « juste milieu », vivante mais pas démesurée, ancrée dans la réalité sociale de l’époque mais sans en être écrasée, visuellement très jolie et géographiquement assez centrale dans le pays. C’est un personnage du film, le théâtre où vont se croiser tous ces destins qui finiront par se retrouver.

JOUER CHEZ LELOUCH

Un film de Claude Lelouch est toujours un événement, mais CHACUN SA VIE – son 46ème long métrage – l’est encore un peu plus. Pour la première fois, des dizaines de stars sont réunies. Pour des rôles hilarants, bouleversants, surprenants, ces immenses personnalités ont toutes répondu présent afin de servir une histoire de destins qui s’entrecroisent comme seul le plus emblématique des cinéastes français sait les orchestrer. Plus que jamais, il est question de ce qui fait la vie dans ce qu’elle a de plus excitant, de plus dangereux, de plus joyeux et de plus savoureux… Rencontre sur le vif avec quelques-uns des comédiens du plateau le plus impressionnant de l’année…

JEAN DUJARDIN

« Je venais de tourner UN + UNE avec Claude et il m’a simplement dit : « Je t’ai écrit une scène avec Johnny ». Comment résister ? Impossible de passer à côté d’une scène avec Johnny imaginée par Claude ! Il n’y a pas de question à se poser, tu fonces, tu essaies tout et tu t’amuses. Je suis prêt à repartir avec Claude l’année prochaine et même tous les ans après si on trouve le film qu’il faut pour le faire ! Claude a le don de mélanger ce que nous sommes dans la vie avec ce qu’il veut que nous incarnions. Il se donne la peine de comprendre ses acteurs avant de les emmener avec lui. Pour ma part, j’essaie de privilégier des personnages enjoués, un peu déconneurs, un peu « cons » même, ce qui est plutôt rafraîchissant. Il y a des jolis cons chez Claude et c’est très bien, ça détend ! »

JULIE FERRIER

« Claude est venu me chercher et j’ai accepté sans même lire, en me disant que c’était peut-être une des plus belles opportunités qui puisse se présenter à moi. Et en effet, c’était magique ! L’enthousiasme de Claude Lelouch est communicatif – j’aimerais tellement que l’on retrouve ces conditions-là plus souvent... Claude a une manière unique de travailler, on est dans une sorte d’hymne au jeu. Personnellement, ce que je préfère dans le cinéma, c’est jouer la comédie. C’est aussi pour cela que j’aime le théâtre. Certains réalisateurs ont une vision de leur film, un point de vue. Ils se demandent où ils vont placer les caméras, ils découpent. Claude a bien sûr la maîtrise de tout cela, mais il reste d’abord concentré sur le jeu. Il se débrouillera toujours pour capter et valoriser l’énergie et l’émotion que l’on dégage. C’est aussi rare que précieux. J’ai déjà connu cela, mais pas à ce point-là, ni avec cet enthousiasme-là… Claude est la première personne qui, selon les scènes, les jours, va vous faire jouer en vous soufflant le texte, ou au contraire en vous laissant totalement improviser, en vous plaçant dans un silence absolu ou en vous faisant tourner dans la plus pure tradition académique avec votre texte tenu au cordeau. Sa façon d’envisager le jeu est d’une richesse incroyable. Il apprécie les surprises. Il pense qu’un imprévu est toujours un cadeau et il aime profondément ses acteurs. Jouer dans ces circonstances, au milieu de cette troupe, avec en plus pour moi un double rôle, était une expérience passionnante. »

CHRISTOPHE LAMBERT

« Tourner avec Claude est un plaisir parce qu’on est dans la liberté et dans l’amour. On ne devient pas comédien sans raison, ce n’est pas un métier que l’on apprend. C’est une activité que l’on peut développer en essayant de devenir meilleur, mais je crois que c’est en nous dès la naissance. On a besoin d’être aimé, et Claude le sait. Il nous donne tout ce qu’il peut. Quand je vois ce grand monsieur de presque 80 ans investi dans ce nouveau film comme si c’était le premier, je suis impressionné et touché. Il a une telle énergie, une telle passion, un amour si profond du cinéma qu’il donne envie de tout lui donner. Une des grandes forces de Claude est d’adosser nos personnages à ce que nous sommes. Avec pudeur et bienveillance, il nous place en situation d’aller puiser dans notre propre vie. Il y a ainsi des choses dans mon personnage qui trouvent un écho en moi, comme les périodes où je buvais un peu trop et où j’en éprouvais une profonde tristesse. J’ai connu ce que traverse mon personnage. On sent que l’on perd pied et on ne sait pas comment s’en sortir. Ce n’est pas qu’il veut boire, c’est qu’il doit boire. Il est un peu perdu, émouvant, un peu drôle et un peu allumé. Avec Claude, on se sent assez en confiance pour arriver à faire naître ces personnages en ne s’arrêtant pas à ce qu’ils ont de valorisant. Il nous donne la force de tout incarner. »

FRANCIS HUSTER

« La distribution de CHACUN SA VIE, c’est un peu comme LES UNS ET LES AUTRES 2 ! Énormément d’acteurs, dont beaucoup doivent un peu de ce qu’ils sont à Claude Lelouch, moi le premier. Soit parce qu’il les a fait tourner, soit parce qu’il les a fait rêver et les a inspirés. Je les aime ces acteurs, certains ont été mes élèves, je pourrais presque être leur grand-père. J’ai des affinités extraordinaires aussi bien avec ceux que je connais et que j’admire qu’avec ceux que j’ai découverts. Claude Lelouch est un immense directeur d’acteurs, je pense même qu’il est le plus grand depuis Charlie Chaplin. Même chez un inconnu, il trouve sa rareté ; c’est ce que j’aime. Je trouve les acteurs rares quand ils tournent avec Claude Lelouch. Ce qui compte pour Claude, c’est la spontanéité, de ne pas jouer justement, mais se laisser aller là où soi-même on ne s’attend pas. Quand il m’a présenté son projet, j’ai compris que ce n’était pas son dernier film, mais son premier. J’ai l’impression que tous ses autres films sont dedans. Je n’ai jamais été un juge, comme mon personnage. Je n’ai jamais cherché à accuser les autres. Par contre, je me reconnais dans son humanité. C’est un honnête homme, qui commet des erreurs mais qui cherche la vérité. C’est ce que j’ai toujours cherché dans ma vie. Je me suis trompé aussi mais ce qui m’intéresse, c’est la recherche de la vérité, je ne suis pas un tricheur. Comme tous les hommes de justice, mon personnage joue un rôle. J’aime aussi l’idée d’être le 13e sur la liste des acteurs. C’est pour moi un joli signe du destin. Je ne remercierai jamais assez Claude. J’ai pour lui beaucoup d’admiration, d’affection et de respect parce qu’il s’est battu tout seul – pas contre les autres mais contre lui-même. Il avait toutes les qualités pour devenir le plus grand des reporters, il aurait été dans toutes les guerres, il n’aurait filmé que des choses aussi fortes que signifiantes. Il a préféré la guerre que l’être humain mène contre lui-même, des histoires d’amour, mais surtout il est allé chercher chez nous quelque chose d’extraordinaire : la tendresse humaine, la dignité. Je lui dis merci. »

ÉRIC DUPOND-MORETTI

« Je vais frimer un peu : je suis à l’origine de cette histoire. Claude était venu m’entendre plaider une affaire assez compliquée – un type à qui on reprochait d’avoir tué deux femmes pour toucher des contrats d’assurance-vie qu’il avait préalablement souscrits – puis nous sommes allés dîner. Claude m’a alors expliqué qu’il voulait réunir des gens, des personnalités différentes, mélanger les fragilités dans une enceinte judiciaire. Le projet est parti comme ça. Je suis heureux d’avoir été là au début et d’avoir la chance de me retrouver dedans. Jouer dans un film n’est pas mon métier, mais c’est une parenthèse fantastique dans ma vie. Le métier d’acteur m’intéresse aussi par rapport à mon métier d’avocat. Je suis un avocat qui revendique ce côté acteur. Chez les avocats, on retrouve cette théâtralité, l’importance du costume, un rite, et il y a même une sonnerie quand on commence une audience. Il y a cependant des points divergents : lorsque je plaide, je n’ai pas le droit à une deuxième prise. Si je suis mauvais, je ne peux pas recommencer. L’autre différence essentielle réside dans le fait que moi, je ne joue pas. On est dans une réalité très sérieuse. Il y a dans le tribunal un type qui joue sa liberté. Il reste pourtant un point de similitude entre le comédien et l’avocat : si on n’est pas sincère, cela se voit tout de suite et sur un plateau, Claude le perçoit immédiatement ! »

ANTOINE DULÉRY

« Je joue un flic et son frère jumeau, qui est maire de la ville. Mais le personnage n’est pas forcément l’essentiel chez Claude, car à travers le rôle, il parvient toujours à faire apparaître une partie de vous-même en tant qu’individu. Ce qui lui importe, c’est la personnalité réelle qui se dessine à travers le jeu. Jouer avec cette grande troupe est un plaisir. Pour chacun de ses films, Claude réunit une famille. C’est mon sixième film avec lui et je retrouve des gens que je connais très bien, comme Jean et Johnny, avec qui j’ai déjà tourné, et même Christophe Lambert avec qui j’ai été au cours Florent il y a des années. C’est une formidable réunion. On gagne beaucoup de temps à jouer avec des gens que l’on aime et que l’on respecte. On n’a pas à jouer l’amitié, elle est déjà là. »

LIANE FOLY

« Pour moi, participer à ce film est un rêve éveillé. Ma rencontre avec Claude est très importante, humainement et professionnellement. Il y a dans ce nouveau film une dimension qui me touche particulièrement, c’est la place faite à la musique. Toute l’histoire se déroule pendant un festival de jazz et la musique est omniprésente, aussi bien dans les rues que dans les vies. Forcément, interpréter une chanteuse trouve un écho particulier en moi. Je me sens assez proche du personnage. Comme elle, je suis plutôt tournée vers les autres. Elle n’est pas la plus grande des stars du monde, mais elle est absolument sincère et va au bout de ses convictions et de ses élans affectifs. Jouer ou chanter n’est pas un métier, c’est une passion. J’aime l’idée de rendre les gens heureux, un peu comme Claude. C’est d’ailleurs ce que je chante dans le film, « On peut toujours rendre quelqu’un moins malheureux ». Comme lui, j’aime transmettre le bonheur et l’espoir. »

GÉRARD DARMON

« Franchement, je n’ai rien à voir avec mon personnage, un avocat qui découvre son homosexualité et va se faire surprendre par sa femme, mais c’est aussi ce qui rend le fait de travailler avec Claude aussi intéressant et amusant ! Un jour, Claude m’a appelé pour m’expliquer son projet que j’ai trouvé, comme d’habitude, complètement fou. Il ne m’en a pas dit beaucoup, mais suffisamment pour me donner envie d’y participer. Et puis une fois que j’ai donné mon accord, il a plaisanté en disant que maintenant, je ne pourrais plus lui dire non et que j’aillais être obligé de le suivre ! Ce rapport complice induit plein de choses, mais c’est ainsi que j’aime travailler avec lui. Je suis arrivé sur ce plateau en ne sachant absolument pas ce qu’il allait me faire faire. Je savais vaguement que j’étais avocat mais c’est tout. Avec Claude, on a envie de dire oui tout simplement. Ce qu’il y a de remarquable avec lui – et je pense qu’il est l’un des rares metteurs en scène, peut-être même le seul, à procéder ainsi – c’est qu’il enregistre la musique du film avant de commencer le tournage. Du coup, on tourne parfois avec la musique du film. C’est un vrai plus, un amplificateur d’émotion et un accélérateur de jeu extraordinaire. »

ELSA ZYLBERSTEIN

« En arrivant sur le tournage, je ne connaissais pas vraiment mon personnage parce que je n’avais pas pu lire le scénario, mais je n’étais pas inquiète pour autant. J’avais tourné UN + UNE avec Claude et Jean dans des conditions inoubliables, quasiment expérimentales ! Pour moi, Claude Lelouch est la grande rencontre de ma vie. J’ai attendu de tourner avec lui pendant 20 ans. C’est ce dont j’ai rêvé toute ma vie. Alors quand il m’a proposé de rejoindre ce nouveau projet, je n’ai pas hésité. Mon personnage est une comtesse mariée qui n’a pas l’air si heureuse que ça dans sa vie. Le soir où Johnny débarque dans son château, elle s’emballe. Claude aime faire basculer des destins à travers des rencontres. Dans ses films comme dans la vie. Finalement, un peu comme mon personnage dans UN + UNE, cette femme perdue dans sa vie va se révéler à elle-même à travers un autre homme que celui avec qui elle est supposée être. »

JEAN-MARIE BIGARD

« Claude et moi sommes liés par une longue amitié. Je ne sais plus comment ça s’est fait mais un jour, j’ai dit à Claude : « Je voudrais te faire une lecture de mon prochain spectacle » et il a adoré l’idée. À plusieurs reprises, je me suis retrouvé devant lui, à m’amuser à faire ces lectures devant toute la famille. C’est devenu une tradition : dès que j’avais mis le mot « fin » sur la première mouture du spectacle, je filais chez Claude et il me filmait. Et ça m’a toujours porté bonheur. J’ai l’impression d’être un de ses enfants. Alors forcément, quand il m’a proposé ce film… Je me sens d’autant plus proche de mon personnage, un toubib, que comme lui je suis convaincu que le rire soigne vraiment. Une bonne crise de rire constitue le meilleur des médicaments, j’en suis sûr et certain. Quel plus beau cadeau que de jouer un homme qui, en quelques secondes avec une petite blague, a le pouvoir de déclencher un vrai rire chez des gens qui souffrent ? »

CHANTAL LADESOU

« Les personnages de Claude font toujours réfléchir ceux qui regardent ses films, mais ils questionnent aussi ceux qui les jouent ! On se reconnaît toujours un peu dans le rôle qu’il projette sur nous. Mon personnage est un peu désagréable, un peu caractériel, il va au fond des choses, et je crois que je suis un peu comme ça… Mon mari dit que j’ai les rôles que je mérite ! Dans ce film, je suis très honnête, assez sèche, mais je ne suis pas que cela et les apparences peuvent cacher d’autres réalités. C’est exactement le thème du film de Claude : on est tous doubles, à la fois noirs et blancs. J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce tournage. C’était amusant, vivant, avec des gens qui venaient de tous les horizons : du barreau, du one-man-show, du théâtre plus intimiste, du théâtre populaire, de la chanson, et tenez-vous bien, il y avait même quelques acteurs ! »

   
#ChacunSaVie

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INFERNO EN VIDEO

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En Achat Digital depuis le 9 mars 2017
et en BLU-RAY, DVD, VOD et coffrets dès le 15 mars 2017

Ce thriller soigné réalisé par Ron Howard nous permet d'avoir le plaisir de retrouver Robert Langdon, sous les traits de Tom Hanks, pour une nouvelle enquête pleine de rebondissements. Retrouvez mon avis sur ce film ici.


Extrait (VOSTFR)


 
#Inferno


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BABY DRIVER

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Au cinéma le 23 août 2017

Rien que le fait qu'Edgar Wright soit derrière la caméra sur ce film me donne terriblement envie de le découvrir. J'adore l'énergie qu'il insuffle à ses longs-métrages. En plus, le casting est fort sympathique. Vivement cet été !

Un film réalisé par Edgar Wright
Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Bernthal, Eiza González, Jon Hamm et Jamie Foxx


Bande annonce (VOSTFR)


 
#BabyDriver

MOI, MOCHE ET MÉCHANT 3

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Au cinéma le 5 juillet 2017

La nouvelle bande annonce de Moi Moche et Méchant 3 et l'affiche du film nous présentent le frère jumeau de Gru qui, visiblement, va l'entraîner dans de nouvelles aventures colorées et rigolotes.

Un film d'animation réalisé par Pierre Coffin & Kyle Balda
Avec les voix en version originale de Steve Carell, Kristen Wiig, Trey Parker, Miranda Cosgrove, Dana Gaier, Nev Scharrel, Steve Coogan, Jenny Slate et Julie Andrews
Avec les voix en version française de Gad Elmaleh dans le rôle de Gru et Audrey Lamy dans le rôle de Lucy.


Bande annonce (VOSTFR)


A propos du film

Le studio Illumination qui vous a fait découvrir la saga MOI MOCHE ET MECHANT et LES MINIONS, les plus gros succès d’animation en 2013 et 2015, continue de vous faire partager les aventures de Gru et Lucy, de leurs adorables filles Margo, Edith et Agnès et des Minions dans MOI MOCHE ET MECHANT 3. Réalisé par Pierre Coffin et Kyle Balda, co-réalisé par Eric Guillon et écrit par Cinco Paul et Ken Daurio, le film est produit par Chris Meledandri et Janet Healy pour Illumination. Chris Renaud est le producteur délégué.

Trey Parker, lauréat d'un Emmy, d'un Tony et d'un Grammy Award rejoint le casting de MOI MOCHE ET MECHANT 3 aux côtés de Steve Carell et Kristen Wiig. Trey Parker n'est autre que le co-créateur de la série phénomène South Park et de la comédie musicale à succès The Book of Mormon. Il prête sa voix au méchant Balthazar Bratt, un enfant star qui, devenu adulte, reste omnibulé par le rôle qu'il a interprété dans les années 80 et qui va devenir l'ennemi juré de Gru.



  
#MoiMocheEtMéchant3

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LE CRI DES ANGES

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Du 8 Mars 2017 au 28 Juin 2017
Les mercredis à 19h45
Au Théâtre Essaïon


Auteur : Amélie Cornu
Mise en scène : Jean Barlerin
Distribution : Amélie Cornu
Musique originale : Nicolas Dessenne
Durée : 75 min

La thématique du spectacle : Ally tombe follement amoureuse d'Hugo lors d’une soirée. Mais leur histoire d’amour tourne rapidement au drame : déclaré en état de mort cérébrale, Hugo n’est plus qu’un fantôme qui hante le quotidien d’Ally. 

Concentré d’émotions, de poésie et d’humour, le récit d’Ally suit son parcours pour tenter de retrouver sa place parmi les vivants. Elle nous entraîne dans un ébouriffant récit peuplé de personnages hauts en couleur en nous faisant passer du rire aux larmes.

Le Cri des Anges est le témoignage direct et sans filtre d'une jeune femme sur l’amour, le deuil et l’altérité, qui réussit le pari de nous faire vivre une bouleversante histoire d’amour, dont on ressort le sourire aux lèvres.


Ce que j'en ai pensé : Dans la jolie et très intimiste salle 'Cabaret' du théâtre Essaïon, Amélie Cornu nous propose de découvrir son spectacle écrit par ses soins. Et c'est une superbe découverte ! 

Le décor est minimaliste puisqu'il se compose... d'une chaise. 


Cependant, autour de cette chaise Amélie, qui interprète Ally, nous décrit les décors par le biais de son texte très finement écrit et ils prennent vie dans notre imagination. Elle est aidée par l'élégante et efficace mise en scène de Jean Barlerin. Une lumière ici, un peu de son d'ambiance là et la parfaite et délicate synchronisation des placements de la comédienne et du jeu d'éclairage du metteur en scène. Un bonheur. 

Côté thématique, c'est la tristesse qui est mise à l'honneur. Le texte inclut quelques courts moments de traits d'humour qui viennent heureusement contrebalancer l'intense émotion et empêcher juste à temps que les larmes ne coulent sur nos joues. Ally traverse un deuil. Ce qui est particulièrement intéressant est qu'elle le fait avec sa personnalité. 

Malgré des étapes communes, le ressenti de chacun face à la perte d'un être aimé demeure personnel et Ally nous partage le sien. Quelle est bien expliquée cette colère mélangée à une douleur indescriptible qui brûlent tout à l'intérieur et rend arides les bruits et les tentatives de communication venant de l'extérieur. On comprend Ally, dans tous les aspects de son douloureux cheminement. Impossible de rester de marbre quand ce petit bout de femme décrit les insurmontables épreuves de l'absence intolérable. Alors oui, ce n'est pas très drôle, mais que c'est beau !

Source photo : site du théâtre Essaion
Source photo : site du théâtre Essaion
Je vous encourage à aller à la découverte de ce spectacle à la fin duquel vous avez envie de remercier la comédienne de vous avoir si bien emmené dans son univers et fait ressentir autant d'émotions justes. LE CRI DES ANGES est un petit bijou !
 









6 rue Pierre au lard
75004 Paris

Tarif plein : 20 € 
Tarif réduit* : 15 € 

* pour les moins de 26 ans, étudiants, plus de 65 ans, habitants du 4ème arrondissement, demandeurs d'emploi, intermittents du spectacle, associations et groupes de 10 personnes minimum, sur présentation d'un justificatif

Réservations par téléphone : 01 42 78 46 42

LES COQUETTES

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A LA COQUETTE DU MONDE
DU 22/03/2017 AU 01/07/2017
Du mercredi au samedi à 19h45
Au théâtre LE GRAND POINT VIRGULE


Après une première saison à guichet fermé dans la salle de 200 places du Grand Point Virgule, les Coquettes continuent leur fulgurante ascension dans la grande salle de 450 places et seront à l'Olympia le 2 juin prochain.

Un swing qui vous plaque au mur, un humour qui vous rentre dedans.

Entre chansons et sketchs décalés, les Coquettes offrent un show unique et décapant. Glamour mais couillues, ces trois filles là vont vous mettre K.O.

AVEC
Marie Facundo : Comédienne
Lola Cès : Comédienne
Juliette Faucon : Comédienne



Ce que j'en ai penséEn allant voir LES COQUETTES, je savais qu'il y aurait des chansons et de l'humour, mais je ne savais pas plus que cela à quoi m'attendre. Et bien dès le départ leur univers s'impose à vous. 

Ces trois filles-là ont du peps à revendre, de l'énergie à partager, des personnalités qui font rêver et un indéniable talent pour chanter. Et elles comptent bien vous entraîner dans leur délire délicieusement irrévérencieux. 

Avec des textes de chansons et de transitions originaux et rigolos, elles se moquent (beaucoup), font de la satire et n'hésitent pas à pousser le bouchon très loin, question de passer au passage quelques messages sans affinage. 

En mode direct, elles vous charment avec leurs voix de sirène, vous font marrer, chanter, frapper dans vos mains et vous colle une banane d'enfer ! Et vous voilà, victime bien volontaire de leurs singulières manières. 

Le pianiste, talentueux lui aussi malgré ses faux airs de pro de l'hélicoptère (vous comprendrez et vous en rirez en allant voir le spectacle), les accompagne parfaitement. La mise en scène se compose de jeux de lumière qui aident à définir l'ambiance du moment et ses retournements. 

Elles sont bien coquinettes et mignonnettes ces coquettes. Elles sont impressionnantes quand elles chantent à trois voix en parfaite harmonie, bel exploit ! Allez-y, vous en sortirez ravis d'avoir pu partager un moment de rire, détente, de chansons, de musique en si belle compagnie. Je vous l'affirme, LES COQUETTES, elles sont super chouettes !

DURÉE
1h20min

LE GRAND POINT VIRGULE

DOCTOR STRANGE

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OUVREZ VOTRE ESPRIT, CHANGEZ DE DIMENSION
DOCTOR STRANGE, AVEC VOUS PARTOUT DÈS MAINTENANT !

Le très divertissant DOCTOR STRANGE est sorti en vidéo avec l'excellent Benedict Cumberbatch dans le rôle titre. Retrouvez mon avis sur ce film ici.



DOCTOR STRANGE est maintenant disponible en Blu-ray 3D, Blu-ray, DVD, Vidéo à la Demande et Achat Digital.

À cette occasion, retrouvez un extrait du film ainsi qu’un extrait des bonus !

Extrait - La guérison (VOSTFR)


Reportage : les formes astrales (VOSTFR)


À propos

DOCTOR STRANGE raconte l’histoire d’un neurochirurgien, le Dr Stephen Strange, qui, après avoir été victime d’un horrible accident de la route, découvre des dimensions parallèles et un univers fantastique. Produit par Kevin Feige, ce film fait partie de la troisième phase de l’univers cinématographique Marvel, dont l’objectif est de faire découvrir de nouveaux héros tout en perpétuant les aventures des personnages Marvel préférés du public. Louis D’Esposito, Victoria Alonso, Charles Newirth, Stephen Broussard et Stan Lee en sont les producteurs délégués.

Le réalisateur s’est entouré du chef opérateur Ben Davis, du chef décorateur Charles Wood, de la costumière Alexandra Byrne (qui avaient tous trois travaillé sur AVENGERS : L’ERE D’ULTRON et LES GARDIENS DE LA GALAXIE), des monteurs Wyatt Smith (INTO THE WOODS : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS, THOR : LE MONDE DES TENEBRES) et Sabrina Plisco (LE MERVEILLEUX MAGASIN DE M. MAGORIUM, LE PETIT MONDE DE CHARLOTTE), et du responsable des effets spéciaux Stéphane Ceretti (LES GARDIENS DE LA GALAXIE).

Inspiré du personnage apparu dans le numéro 110 de la revue Strange Tales en juillet 1963, DOCTOR STRANGE s’inscrit dans la lignée des aventures d’autres films de superhéros Marvel: IRON MAN, L’INCROYABLE HULK, IRON MAN 2, THOR, CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, AVENGERS, IRON MAN 3, THOR : LE MONDE DES TENEBRES, CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER, LES GARDIENS DE LA GALAXIE, AVENGERS : L’ERE D’ULTRON, ANT-MAN et, prochainement, CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR (sortie française prévue le 27 avril 2016),LES GARDIENS DE LA GALAXIE 2 et THOR : RAGNAROK en 2017.

 
#DoctorStrange

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